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[Duékoué : grève des enseignants] Le Lycée Moderne paralysé pendant 72 heures


Les enseignants du Lycée Moderne de Duékoué (LMD) ont entamé, le lundi 29 septembre 2025, une grève de 72 heures pour dénoncer de nombreuses irrégularités d’ordre professionnel. Un véritable baptême de feu pour M. Coulibaly Siendou, nouveau proviseur de l’établissement.

Duékoué, le 30 septembre 2025 (lepointsur.com) – En soutien à leurs collègues “abusivement mutés”, les enseignants du Lycée Moderne de Duékoué ont quitté en chœur leurs salles de classe dans la matinée du lundi 29 septembre 2025. De leur côté, les populations et la société civile craignent déjà un effet domino de ce mouvement dans l’ensemble des établissements publics et privés du Guémon, en ce début d’année scolaire 2025-2026 qui coïncide avec la campagne présidentielle d’octobre 2025.

Une grève de 72 heures motivée par des raisons immédiates

Retour des élèves du Lycée Moderne de Duékoué chez eux, après avoir constaté l’absence de leurs professeurs en classe

Le personnel enseignant et éducatif du Lycée Moderne de Duékoué a entamé, le lundi 29 septembre 2025, un mouvement de grève de 72 heures pour protester contre les mutations de certains de leurs collègues, jugées “abusives et inopportunes”. Selon eux, ces mesures seraient les conséquences directes des deux précédents mouvements de grève d’octobre 2024 et d’avril 2025, organisés pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail, notamment une prime d’incitation.

Les causes profondes de la grève des enseignants du LMD

Lors d’un point de presse tenu hier pour contrer la désinformation circulant sur les réseaux sociaux et dans certains milieux, les enseignants du Lycée Moderne de Duékoué (LMD) ont expliqué, par la voix de leur porte-parole, que leur mouvement vise également à dénoncer pacifiquement le non-paiement des heures supplémentaires effectuées durant l’année scolaire 2024-2025, le favoritisme dans la désignation des acteurs des examens scolaires ainsi que le refus de l’administration de tirer les supports pédagogiques. Par ailleurs, ils ont souligné que les mutations en cours risquent d’avoir de graves conséquences dans un établissement déjà confronté à un sous-effectif chronique depuis plusieurs années.

Une grève pour dénoncer l’échec du conseil consultatif dirigé par la ministre de la Fonction publique

Selon les grévistes, ces mutations constituent une atteinte à la liberté syndicale et s’apparentent à une décision punitive, alors même qu’un conseil consultatif, dirigé par la ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Administration, Anne Désirée Ouloto, avait été mis en place pour étudier la question de la prime. “Le conseil n’a malheureusement pas respecté le délai fixé pour rendre ses conclusions”, ont-ils déploré.

Une grève qui survient dans un contexte politique national très particulier

Cette grève de 72 heures intervient dans un contexte socio-politique déjà tendu, à l’approche de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, marquée par la contestation du quatrième mandat du président ADO et le rejet des candidatures de figures importantes de l’opposition. C’est pourquoi la mesure dite “punitive” contre les enseignants est perçue par de nombreux experts comme “une feuille de paille sèche” pouvant, à tout moment, transformer le milieu éducatif en un nouveau terrain de jeu politique, aggravant ainsi les difficultés que connaît ce lycée depuis plusieurs années.

Des craintes d’un effet domino de cette grève dans le Guémon

Les cours d’EPS suspendus jusqu’à nouvel ordre au Lycée Moderne de Duékoué

Dans le Guémon, une région où une simple étincelle peut, en peu de temps, prendre l’allure d’un feu de brousse, parents et acteurs de la société civile craignent une généralisation de ce mouvement dans les établissements publics et privés des grandes villes comme Bangolo, Kouibly et Facobly, en signe de solidarité.

Des signes inquiétants déjà répertoriés, le lundi dernier

Le lundi dernier, des élèves ont également exprimé leur indignation face au traitement réservé à leurs formateurs, tout en plaidant pour que des solutions soient rapidement trouvées afin de leur permettre de reprendre les cours dans un établissement public où le manque de table-bancs avait déjà suscité, l’année dernière, des mouvements d’humeur de leur part.

Vers une résolution de la crise au plan local ?

Le lundi 29 septembre 2025, en marge d’une rencontre entre les populations et la CEI, le Préfet de la région du Guémon, également Préfet du Département de Duékoué, a annoncé une information capitale avant de clore ses propos : l’activation du Comité Local de Veille (CLV). Cette structure locale est chargée de rechercher des solutions pour résoudre les différentes crises dans la région.

L’espoir reste donc fondé sur la capacité du Préfet de région et de ses collaborateurs à apaiser les tensions et à éviter que ces perturbations n’entachent le bon déroulement des cours dans le Guémon, déjà fragilisé par les contestations du quatrième mandat d’ADO et par la demande de report des élections formulée par l’opposition réunie au sein du Front Commun “Trop c’est Trop”.

Lainé GONKANOU, Correspondant Régional

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