[District des Montagnes] Un carton rouge à la ministre Mariatou Koné : les raisons
La non-évocation des trois drames vécus par les enseignants du District autonome des Montagnes par la ministre de l’Éducation nationale a une fois de plus soulevé des interrogations sur la sécurité des enseignants dans cette zone marquée par des conflits armés de 2002 à 2013, durant la rébellion et après la crise post-électorale.
Duékoué, le 23-02-2025 (lepointsur.com) – En visite du 19 au 20 février 2025 dans le District autonome des Montagnes, la ministre de l’Éducation nationale, Mariatou Koné, n’a pas abordé la question de la sécurité des enseignants, pourtant essentielle dans cette région où trois enseignants et deux de leurs enfants ont été tragiquement assassinés à Man, Bangolo et Duékoué. Le corps enseignant et les syndicats espéraient une discussion franche avec la première responsable de l’éducation en Côte d’Ivoire, en plus d’autres préoccupations affectant le secteur.
Le « YAKO » et les visites de compassion espérés, en vain
À Duékoué, la communauté éducative a attendu, en vain, un geste de compassion de la ministre lors de la cérémonie de remise des motos aux conseillers pédagogiques, tenue à l’esplanade de la préfecture de région.
Cette absence était prévisible, car l’agenda de Mariatou Koné ne prévoyait aucune visite sur ces sites endeuillés. Pourtant, Duékoué est un point central reliant Guiglo (30 km du lieu du décès d’une institutrice et de son enfant par négligence médicale), Bangolo (45 km du lieu d’assassinat d’un enseignant bénévole) et Man (80 km du lieu d’assassinat d’une institutrice et de son fils).
Bien que des mesures administratives aient été prises pour traiter ces drames sous l’angle des droits humains et de la justice, une visite de la ministre et un « YAKO » auraient constitué des gestes symboliques forts. Ces marques de compassion auraient pu apaiser la douleur des enseignants et dissuader d’éventuels actes similaires. Ce silence a conduit la communauté éducative à brandir un « carton rouge » à la ministre Mariatou Koné, comme cela avait été fait à l’encontre du ministre-gouverneur Legré Philippe pour ses propos injurieux à Duékoué.
Retour sur trois drames qui ont marqué la communauté éducative
● Assassinat d’une institutrice et de son fils à Man (20 novembre 2023)
● L’institutrice Kéké Loyoh Christelle Flavie, 35 ans, et son fils de 7 ans, Kouamé Kouassi Moyé Stéphane Samuel, ont été assassinés par un collègue enseignant à Gbatongouin.
● Lynchage d’un enseignant bénévole à Bangolo (2023)
Accusé de vol dans la caisse du COGES de l’EPP Zéo, un enseignant bénévole a été soumis à des sévices physiques et psychologiques qui ont entraîné son décès, sur ordre du chef du village.
Mort en couche d’une institutrice à Guiglo (15 mars 2024)
Bakon Amah Marguerite, institutrice à l’école maternelle Héricout du groupe scolaire Résidence de Guiglo, est décédée en couches avec son bébé. La négligence du gynécologue Cissé Mamadou et de deux sages-femmes du CHR de Guiglo a été mise en cause.
Face à ces drames, l’attente d’un message de soutien de la ministre restait légitime. Son silence laisse place à une incompréhension totale au sein de la communauté éducative du District des Montagnes.
Lainé Gonkanou, Correspondant Régional