Contribution

D’insensées négritudes aux transferts records d’argent !


Son excellence Alassane Ouattara a lui aussi débuté la chose d’une façon plus ou moins calamiteuse…

Ainsi, après dix ans à la tête de ce pays on retient entre autre que plusieurs postes de responsabilité ont été octroyés à nos frères de l’ouest. Gagnoa c’était un peu le creuset de l’intelligentsia  et de la compétence… Est-ce la norme en Afrique ? C’est bien la triste réalité depuis la naissance de cette Côte d’Ivoire. En « père » fondateur ou en roi, le réflexe d’Ivan Pavlov nous faisait croire que les postes- clés de ce pays, ministères, directeurs généraux, fondateurs, bref la classe dirigeante  rimaient conditionnellement aux descendants de la reine Pokou… Cela, à tout de même perduré pendant deux républiques… et puis vint les frères, alliés et amis proches des familles de Kabakouman puis enfin, ceux des villages voisins et aux alentours de Mama.  Blanc bonnet, bonnet blanc n’est-ce pas ?

Mais avec Alassane Ouattara, comparaison ne devrait pas être raison. Les choses se doivent d’être différentes non ? D’abord on commence avec une élection qui s’inscrit dans le livre Guinness des records pour le sel de sa facture. N’oublions pas aussi l’aval du monde entier d’où ce support incontestablement aveugle des Nations Unies… Tant d’argent pour faire comme les autres ? Mais… en dépit de tout, la garantie de notre émergence passe inévitablement nous fait croire Excellence Ouattara, par la nomination à tous les postes, à tous les niveaux, verticaux comme horizontaux, de nos parents du nord. Le Président n’avait-il pas avoué qu’il était temps que réparation soit portée à ses frères qui ont tant souffert, « rattrapage ethnique » ? Alors ils doivent occuper tous les portefeuilles ministériels,  tous les postes. Toute l’armée. Ils occupent depuis la nuit des  temps toutes les places des marchés, le commerce, porteur et moteur de l’économie ; qui s’en plaint ?  Peut-être est-ce la clé de notre émergence. Alors gardons les doigts croisés !

Mais franchement Son Excellence Alassane se doit de réussir. Lui, qui comme tout autre se défait quasi pas du trône présidentiel. Mais nous, sommes en âge de la fatigue, de ces éternelles promesses. Des générations prises en otage. De  faux espoirs. Des déchirures sous teinte religieuse ou ethnique. Nous voulons aussi rêver, travailler et mettre du pain sur la table pour notre innocente progéniture. Alors on se fera recenser, on collaborera mais à la fin de ce tunnel on espère enfin voir un soleil radieux et clément pour nous tous ayant aussi droit à la vie, en cette Côte d’Ivoire.

Le Président de la République est sûrement le mieux placé pour savoir que notre émergence dépend plus de notre émergence économique qu’autre. La réhabilitation du système routier est la bienvenue mais est-elle vraiment priorité quand la qualité n’y est pas ? Nombreuses routes refaites sont déjà truffées de nids de poule. Un peu à la va-vite et du coup, ça tout l’air de matériel électoral qu’outil de développement…

En parlant d’indépendance financière, notons que le mois dernier, MoneyGram a enregistré des records de profit. MoneyGram n’est certainement pas une entreprise à vocation caritative ; alors si elle fait des profits c’est qu’elle fonctionne bien dans le meilleur des mondes. Elle est donc à féliciter.  Mais MoneyGram qui est si efficace en Afrique a malheureusement été jugée coupable en ses terres d’origine. Le Département Américain de la Justice a annoncé que MoneyGram a accepté de payer une amende de 100 millions de dollars pour complicité de fraude électronique et de non maintien d’un programme efficace de lutte contre le blanchiment d’argent. Une amende de 47,6 milliards de FCFA soit 10% de notre budget de 2014 (estimé à 4248 milliards de FCFA)! D’où MoneyGram dégagera autant d’argent pour régler cette amende ? De ses profits en Afrique nous dira l’autre!

Le 27 décembre 1902, Alphonse Allais disait : « qu’il fallait prendre l’argent où il se trouvait : chez les pauvres ». Il était d’accord qu’ils n’en avaient pas beaucoup mais étaient par contre si nombreux !  La Côte d’Ivoire fait hélas partie de ces nombreux pays d’Afrique subsaharienne qui est la région la plus pauvre au monde. Bien qu’étant aussi démunie, l’Afrique subsaharienne essuie les frais de transfert les plus élevés : en fait le double de la moyenne mondiale, 12% pour une transaction s’élevant jusqu’à 100 000FCFA.

Il est à noter que 2011 reste une année de référence pour l’Afrique. En 2011 pour encore une première fois les africains de la diaspora ont rapatrié tellement de fonds vers leur proche à travers les services de MoneyGram et ceux de Western Union – officiellement  –  que ces deux leaders du transfert d’argent dans le monde ont enregistré des bénéfices colossaux. Il n’y a pas de concurrence alors Western Union et MoneyGram à eux seuls raflent plus de 75% du marché grandissant de transfert d’argent. La Côte d’Ivoire ne peut-elle pas créer son propre système de transfert d’argent ?

Ainsi en 2011 pour la première fois, la plus grande source de revenus extérieurs de l’Afrique a été les envois d’argent des migrants africains eux-mêmes. Les chiffres de la Banque Mondiale et du FMI nous parlent de 60 milliards de Dollars, sans compter ce qui se fait officieusement; tandis que :  

 –   L’aide envoyé à l’Afrique dans cette même année : 56 milliards                          

      –   Les investissements directs à l’étranger : 50 milliards

En somme, nous, africains, perdons des fortunes en frais de transferts et dire que la Banque Mondiale estime que la barre de profit dans le monde atteindra les 500 milliards en 2016, 4 ans seulement avant le gong de notre émergence. Alors nous pensons qu’il serait plus audacieux et astucieux de mener une politique dans ce sens. Cela produira certes du travail à la population ivoirienne et aidera ses ressortissants à l’étranger quant à l’assurance de leurs transferts de fonds vers les membres de leurs familles ici en Côte d’Ivoire ou partout ailleurs. Un apport brut de liquidité, bon pour l’économie de nos pays.

Oui à l’indépendance financière…  En passant, le franc français n’existe plus mais garantie pourtant la valeur de notre monnaie, le franc des Colonies Françaises d’Afrique. Drôle de garantie post-mortem ! La Banque centrale de France hégémoniste, ‘détient’ toujours  l’économie des pays africains de la zone franc, principalement des pays de la zone francophone… Où vont donc nos surplus ? Sommes-nous en train de mettre la main sur de la braise ?

 En économiste avisé, le Président ne peut qu’être d’accord avec nous par conséquent il nous est légitime de savoir à quand notre propre service de transfert d’argent, à quand notre monnaie, à quand notre indépendance financière ? Cela adviendra-t-il avant ou après notre émergence ? Avant ou après la construction de la ligne de métro d’Abidjan ? Substance ou rhétorique électorale ? Qui vivra verra certainement !

EYANN

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