Tag RFI

[Des dizaines de milliers de Ghanéens fuient le nord-ouest de leur pays et se réfugient en Côte d’Ivoire] Les raisons


Un différend foncier entre les tribus Brefors et Gonjas, des ethnies vivant dans le nord-ouest du Ghana, a muté en affrontements depuis le dimanche 24 août. Vingt-trois personnes ont été tuées en une semaine selon la police, 34 selon la Croix-Rouge ghanéenne. L’organisation déplore par ailleurs une situation humanitaire critique pour les réfugiés.

Des tentes « insuffisantes et surpeuplées », des pénuries de nourritures, des « fournitures médicales inadaptées » et un risque de propagation de maladie accrue faute d’accès à de l’eau propre, au sein d’une population de femmes, d’enfants et de personnes âgées « exposées aux violences et aux traumatismes ».

Voici, d’après le communiqué de la Croix Rouge du Ghana publié mardi 2 septembre, les conditions dans lesquelles vivent les dizaines de milliers de déplacés fuyant les combats débutés dimanche 24 août dans la communauté de Gbiniyiri du district de Sawla-Tuna-Kalba, à moins de dix kilomètres des frontières ivoiriennes et burkinabés.

Selon l’organisation humanitaire, ils seraient environ 50 000 à avoir pris la fuite. L’organisation nationale de gestion des catastrophes du Ghana (Nadmo) estime quant à elle à plus du double le chiffre réel.

Conflit interethnique

Parmi ces familles, certaines ont cherché à se réfugier jusque dans les pays voisins. Les autorités ivoiriennes ont ainsi témoigné de l’arrivée de 10 000 Ghanéens dans la région du Bounkani, un chiffre confirmé par la Nadmo qui s’est rendu sur place. Certaines sources font également mention de réfugiés ghanéens au Burkina Faso, dans la province du Noumbiel.

Le point de départ du conflit selon les autorités ghanéennes : un différend foncier entre les ethnies Brefors et Gonjas. Si une enquête doit encore déterminer les circonstances exactes ayant mené aux premières attaques, ces dernières se sont rapidement propagées aux communautés environnantes.

Deux jours après le début des hostilités, les autorités ghanéennes ont répondu à la crise par le déploiement d’un renfort de 300 membres des forces de l’ordre, suivi, le lendemain, par l’instauration d’un couvre-feu pour une durée indéterminée.

En plus d’une semaine d’affrontements, le bilan humain est lourd : 23 personnes décédées selon la police, 34 d’après un décompte réalisé par la Croix-Rouge ghanéenne, qui déplore par ailleurs 28 personnes disparues, ainsi que « des dizaines de blessées et une destruction généralisée de biens ».

De son côté, l’organisation nationale de gestion des catastrophes du Ghana indique que huit personnes ont trouvé la mort dans un accident de bateau alors que celui-ci traversait la Volta Noire. À son bord, des familles qui tentaient de se réfugier en Côte d’Ivoire pour fuir les conflits.

Accalmie

Une situation dramatique, qui semble cependant s’être calmée. Contactée le mardi 2 septembre par RFI, la police de la région Savannah a indiqué qu’aucun affrontement n’avait eu lieu les trois jours précédents.

Dimanche 31 août, le président de la République du Ghana, John Dramani Mahama, a dépêché une délégation sécuritaire menée par le ministre de l’Intérieur, Alhaji Muntaka Mohamed-Mubarak. Dans un communiqué, la présidence a par ailleurs indiqué que des discussions ont été engagées avec « la sécurité régionale, les chefs traditionnels locaux et les parties prenantes des communautés pour promouvoir le dialogue ».

Mais le lourd bilan humain et matériel, ainsi que la propagation rapide des combats, soulèvent certaines questions quant à la gestion du conflit par les autorités. Pour Eliasu Tanko, journaliste basé à Tamale et spécialiste des enjeux sécuritaires du Nord du Ghana, « le problème est que les combats n’ont pas lieu au sein des communautés, mais dans la brousse. Il est donc très compliqué pour les autorités, déployés dans les communautés, d’intervenir ».

Le spécialiste avoue néanmoins avoir été surpris par l’ampleur et la violence des combats. Selon lui, les peuples Brefors et Gonjas « n’ont pas un passé d’affrontements, ce sont des fermiers paysans ». Si Eliasu Tanko reconnaît qu’il existe bel et bien « des tensions depuis très longtemps entre ces deux groupes, surtout pendant la saison sèche lorsque des éleveurs débarquent dans la zone et détruisent les cultures », il affirme que ces tribus finissent généralement par trouver une résolution pacifique au conflit.

La portée des affrontements actuels risque donc, selon le journaliste, de créer un dangereux précédent, par-delà les frontières. « Les Brefors ont une certaine proximité ethnique avec leurs voisins ivoiriens et burkinabés, explique Eliasu Tanko. Certains membres d’une même famille peuvent vivre d’un côté ou de l’autre des frontières. Si le conflit persiste, on peut craindre des représailles émanant des Brefors, assistés de leurs frères de Côte d’Ivoire ou du Burkina Faso. »

Source : Rfi

Commentaires

commentaires


Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.