Actualite

[Crise sociale au Maroc] Des intellectuels et militants exhortent le roi Mohammed VI à des réformes profondes


Soixante personnalités marocaines appellent Mohammed VI à agir face aux manifestations du mouvement GenZ 212 et à engager des réformes profondes de gouvernance.

Abidjan, le 9 octobre 2025 (lepointsur.com)Au Maroc, la tension sociale ne faiblit pas. Depuis plus de dix jours, des centaines de jeunes manifestent sous la bannière du mouvement GenZ 212, dénonçant la cherté de la vie, le chômage et le manque de perspectives. En réaction à cette mobilisation inédite, près de soixante personnalités marocaines issues du monde politique, intellectuel, médiatique et associatif ont adressé une lettre ouverte au roi Mohammed VI, l’exhortant à agir « avant que la spirale du désespoir et de la violence ne nous entraîne vers l’inconnu ».

Les signataires, parmi lesquels figurent Abdelaziz Aftati, ancien parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD), l’avocat Abderrahim Jamaï, le journaliste Omar Radi, le poète Abdellatif Laâbi, l’universitaire Omar Brouksy, l’activiste Ahmed Benchemsi, l’écrivain Ahmed Assid, l’historien Maâti Monjib et la députée Nabila Mounib, appellent à une intervention urgente du souverain.

« Le peuple marocain souffre et sa jeunesse manifeste dans les rues depuis dix jours. La réponse des autorités a été la répression et des centaines d’arrestations », peut-on lire dans le texte, qui qualifie Mohammed VI de « plus haute autorité du pays ».

Les auteurs de la lettre dénoncent un cycle de répression qui, selon eux, risque d’alimenter davantage le ressentiment social. Ils plaident pour un processus de réforme globale de la gouvernance, touchant notamment la santé, l’éducation et la justice sociale.

« La jeunesse réclame des réformes structurelles et une refonte de l’approche de gouvernance. Ces revendications sont légitimes et doivent recevoir une réponse politique concrète », insiste le courrier.

Parmi les points saillants, les signataires soutiennent la revendication de démission du gouvernement d’Aziz Akhannouch, exprimée par de nombreux manifestants. « Nous ne pouvons que les soutenir dans cette requête, à condition qu’elle s’inscrive dans les mécanismes constitutionnels appropriés », affirment-ils.

Toutefois, les auteurs reconnaissent que le problème dépasse le seul exécutif :

« Pour ceux qui connaissent la véritable source du pouvoir exécutif au Maroc, une telle action restera symbolique. Ce qui est réellement nécessaire, c’est de s’attaquer aux causes profondes et structurelles de la colère qui secoue notre pays. »

Ce texte, inédit par la diversité de ses signataires, témoigne d’un frémissement dans la société civile marocaine, longtemps prudente face au pouvoir royal. Il s’inscrit dans un climat de crispation où la jeunesse, moteur des changements sociaux, semble déterminée à faire entendre sa voix au-delà des canaux institutionnels.

Le mouvement GenZ 212, né sur les réseaux sociaux, incarne une génération connectée et désabusée, qui réclame transparence, équité et opportunités. La lettre adressée à Mohammed VI pourrait marquer un tournant dans la relation entre la monarchie et la société civile, à un moment où le pays cherche à concilier stabilité politique et aspirations démocratiques.

Médard K.

Commentaires

commentaires


Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.