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Crise centrafricaine | Violences en Centrafrique : Samba-Panza appelle au calme et décrète un deuil national de trois jours


Au moins deux personnes sont mortes vendredi lors d’une manifestation organisée à Bangui. La présidente de la transition Catherine Samba-Panza a appelé les Centrafricains au calme et décrété un deuil national de trois jours après l’attaque contre une église, mercredi.
La Centrafrique traverse une nouvelle crise aigüe. Depuis le début de la matinée, vendredi 30 mai, des rafales sont entendues dans plusieurs quartiers de Bangui. Des barricades ont été érigées dans les rues de la capitale paralysée. Des marches rassemblant des milliers de personnes ont également été organisées lors desquelles deux personnes ont été tuées par balles, selon des témoignages de manifestants, confirmés par une source militaire. Au moins trois autres personnes ont été blessées par balle, dont deux grièvement, et ont été conduites à l’hôpital communautaire de Bangui.
La majorité de ces manifestants sont à l’heure actuelle rassemblés dans le quartier de Lakouanga, où une mosquée a été incendiée jeudi. Ils réclament le départ du contingent burundais et la démission de la présidente de la transition, Catherine Samba-Panza.
Selon une source sécuritaire française, la force Sangaris a été visée par des tirs. « Des groupes armés refusent de désarmer et s’en prennent à la Misca et à Sangaris », a indiqué cette source. « Nous essuyons des tirs sporadiques quand des véhicules de la force passent mais ces groupes armés ne tiennent pas de position », a-t-elle poursuivi.
Confrontée à une nouvelle crise majeure, Samba-Panza, qui a regagné Bangui jeudi après un tête à tête avec le chef de l’État congolais, Denis Sassou Nguesso, à Brazzaville, s’est exprimée au palais de la Renaissance appelant ses concitoyens au calme. Elle a également décrété un deuil de trois jours pour rendre hommage aux victimes de l’attaque de l’église Notre-Dame de Fatima, point d’orgue d’une semaine de violences.
Pressions
Dimanche, trois jeunes musulmans du quartier Pk5 à Bangui sont enlevés puis mutilés. Les habitants du dernier bastion musulman de la capitale centrafricaine décident alors de répliquer. Lorsque, mercredi, un groupe d’anti-balaka infiltrés dans le camp de déplacés de l’église Notre-Dame de Fatima attaquent le PK5, des hommes en armes les attendent et les pourchassent jusque dans la cour de l’église. Le lourd bilan fait état d’au moins 15 morts dont un prêtre italien.
Certaines sources imputent ce regain de tensions à l’incertitude qui entoure le remaniement ministériel. Annoncé il y a plus d’un mois, le gouvernement tarde a être formé. « Certains pourrissent la situation pour mettre la pression en espérant obtenir un poste en retour », estime un conseiller de la présidente. À la demande de la communauté internationale, Catherine Samba-Panza a consulté ses pairs de la sous-région. Ces derniers ont demandé des ajustements, ce qui expliquerait en partie ce retard, poursuit le conseiller.
Dans le même temps, la présidente a d’ores et déjà annoncé à certains ministres, comme ceux de la Défense et de la Sécurité, qu’ils ne feraient pas partie de la nouvelle équipe.
Au moins trois jeunes musulmans ont été tués et mutilés samedi 25 mai, alors qu’ils se rendaient à un match de football interreligieux organisé pour tenter de réconcilier les musulmans et les chrétiens.
« Leurs organes sexuels et leur cœur ont été retirés », a affirmé Ousmane Abakar, porte-parole des musulmans de Bangui, à l’agence américaine Reuters. Les victimes venaient du quartier PK-5, dernière enclave à majorité musulmane de la ville. Le quartier est soumis à un blocus des miliciens anti-balaka.
Sébastien Wenezoui, un coordinateur des milices anti-balaka, a condamné ces attaques et déclaré que dix jeunes au total avaient été enlevés par une faction du quartier Boy-Rabe. « Nous ne savons pas où sont les autres. Nous condamnons fermement ces actes. Alors que nous travaillons pour la paix, d’autres continuent de tuer. »
Des mois de travail anéantis
Pour Lazare Djader, du collectif Urgence 236, qui œuvre au rapprochement des communautés religieuses, des mois de travail pour la réconciliation ont été anéantis par cette attaque.
« A cause de ces morts, j’ai le moral à zéro. J’essaye de calmer les esprits, mais tout le monde est très en colère en ce moment », a-t-il déclaré, ajoutant qu’un non musulman avait aussi été retrouvé mort.
La  Misca, (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine) rapporte que des affrontements ont eu lieu dimanche, entre jeunes musulmans et anti-Balaka, suite au triple meurtre.
Plus d’une année s’est écoulée depuis le coup d’État de la Séléka et son départ du pouvoir. Depuis, les violences et lynchages sont quotidiens en Centrafrique. Les civils musulmans quittent la capitale en masse, menacés par les milices anti-Balaka malgré la présence des 2 000 soldats français de l’opération Sangaris et des 5 800 soldats africains de la Misca.

De notre correspondante Maty G Fanny avec Jeuneafrique

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