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Coups de feu au journal français LIBERATION/ Les rédactions parisiennes se protègent


Un policier mettant en place un périmètre de sécurité autour du siège du quotidien Libération. Paris, le 18 novembre( KENZO TRIBOUILLARD / AFP )

Un policier mettant en place un périmètre de sécurité autour du siège du quotidien Libération. Paris, le 18 novembre( KENZO TRIBOUILLARD / AFP )

Armé d’un fusil à pompe, un homme a fait irruption lundi 18 novembre vers 10h15 dans le hall du quotidien et a tiré sur un assistant photographe, grièvement blessé. Selon les premiers éléments, il pourrait s’agir du même auteur que celui de l’agression menée au siège de BFMTV vendredi 15 novembre.

Par ailleurs, une fusillade a éclaté à 11h45 à Paris, devant le siège de la Société Générale, dans le quartier de la Défense, sans faire de blessé.

 « Un dingue a surgi dans le hall avec une carabine et a tiré sur un assistant photographe. On est tous sous le choc », confiait vers 11 heures un journaliste de  Libération, qui travaillait à l’étage et n’a pas été témoin direct de la scène survenue le 18 novembre 2013 à 10 h 15 au siège du quotidien, 11 rue Béranger, près de la place de la République, à Paris.

Armé d’un fusil à pompe, l’homme a tiré plusieurs balles avant de prendre la suite. Un assistant photographe, âgé de 27 ans, venu pour travailler sur le supplément culturel « Next » a reçu une balle au thorax et une autre à l’abdomen. Transporté à l’hôpital, son pronostic vital était encore engagé avant midi.

UN TIREUR D’UNE QUARANTAINE D’ANNÉES

 « Je suis arrivée et j’ai vu un homme au sol avec du sang partout qui se tenait le ventre. J’ai croisé mes deux collègues de l’accueil qui étaient blêmes et qui m’ont dit :  on vient de se faire tirer dessus, on s’est cachés derrière l’accueil », a raconté à l’Agence France-Presse Anastasia Vécrin, en charge des pages Rebonds du journal.

 « Il y a des impacts de balles dans l’accueil de Libération », a déclaré le directeur de la rédaction, Fabrice Rousselot, sur BFM TV. « Le tireur a une quarantaine d’années et les cheveux courts. Il est arrivé tête baissée et est reparti de la même manière », a précisé, peu après, le directeur de la rédaction Fabrice Rousselot sur iTélé.

LES RÉDACTIONS PARISIENNES SE PROTÈGENT

Un périmètre de sécurité a été dressé autour du siège du quotidien, dont l’accès a été bouclé. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls et sa collègue à la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, se sont aussitôt rendus sur place. « Toutes les mesures sont prises à la fois pour retrouver celui qui a commis cet acte et pour sécuriser l’ensemble des organes de presse dans la capitale », a déclaré cette dernière sur place. Selon elle,« c’est la première fois qu’un organe de presse est ainsi frappé ».

Très vite, de nombreuses rédactions parisiennes (Le Parisien, Le Monde, Les Échos, Le Figaro, Europe 1…) ont activé leurs dispositifs d’urgence. À Radio France, par exemple, les vigiles ont revêtu leurs gilets par balle. Et des policiers ont été déployés devant les autres rédactions de la capitale.

PRÉCÉDENT À BFMTV

Saisie de l’affaire, la brigade criminelle et la police judiciaire parisienne n’écartent aucune piste. Trois jours plus tôt, vendredi 15 novembre, un homme armé avait déjà surgi dans le hall de BFMTV à Paris. Il avait menacé l’un des rédacteurs en chef de la chaîne en lui lançant, après avoir éjecté deux cartouches de son fusil à pompe : « La prochaine fois je ne vous raterai pas ».

« Nous allons évidemment tenter de voir s’il y a un lien entre les deux affaires », a précisé une source proche de l’enquête. D’après BFMTV,« les munitions retrouvées à Libération et à BFMTV sont les mêmes ». Par ailleurs , les images de la vidéosurveillance montrent des similitudes physiques. « Les images correspondent », a assuré une source proche de l’enquête, décrivant un suspect d’une quarantaine d’années, de type européen, portant « un jean clair » et une veste kaki.

INTERROGATIONS VIS À VIS DE LA FUSILLADE DE LA DÉFENSE

Les enquêteurs cherchent également à établir si ce suspect est l’auteur des coups de feu tirés lundi matin devant le siège de la Société générale à La Défense (Hauts-de-Seine), sans faire de blessé. »Il y a des similitudes de type vestimentaire, de corpulence, d’apparence, qui font que ce suspect pourrait bien avoir été l’auteur des deux fusillades lundi matin », a précisé l’une des sources. Selon cette dernière, étant donné les horaires des deux fusillades, vers 10H15 pour Libération et 11H45 pour La Défense, « il aurait également matériellement eu le temps de faire les deux« .

Un automobiliste a assuré aux enquêteurs avoir été pris en otage non loin de là quelques instants après les coups de feu. « Menacé et forcé à prendre dans sa voiture un homme armé », il l’aurait ensuite déposé près des Champs-Elysées. Ce témoignage est « pris au sérieux » par les enquêteurs, qui cherchaient toutefois à en vérifier la fiabilité.

Nombreuses réactions

Acte isolé d’un fou ou atteinte préméditée au métier d’informer ? Ce fait-divers a très vite été interprété comme une atteinte à la liberté d’expression. Il a pris une dimension politique sur les réseaux sociaux.« Quand on entre avec un fusil dans un journal, dans une démocratie c’est très, très grave, quel que soit l’état mental de cette personne. Si les journaux et les médias doivent devenir des bunkers, c’est que quelque chose ne tourne pas rond dans notre société », a déclaré à l’AFP le directeur de publication du journal, Nicolas Demorand, qui tiendra une conférence de presse au siège de Libération en début de soirée ce lundi 18 novembre.

Le président François Hollande a demandé au ministre de l’Intérieur de « mobiliser tous les moyens » pour arrêter l’auteur des coups de feu.

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