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[Côte d’Ivoire/Situation sociopolitique] Le secrétaire général de la LND Gouesse Diomandé casse la baraque (Interview)


Abidjan, 11-08-2025 (lepointsur.com) Acteur et observateur avisé de la vie politique ivoirienne, Dr. GOUESSE Diomandé, secrétaire général de la Ligue nationale pour la démocratie-Mouvement Gueiste (LND) donne régulièrement son point de vue sur l’actualité sociopolitique de la Côte d’Ivoire. Quelques jours après la commémoration de l’indépendance du pays et la grande marche des partis de l’opposition contre l’exclusion de leur candidat de la liste électorale par la Commission électorale indépendante (CEI) et contre un éventuel “4e mandat illégal” de l’actuel président de la République Alassane Ouattara, l’homme, sans porter de gang, fait une analyse à 360° sur la situation qui prévaut dans le pays de Félix Houphouët-Boigny, à la veille de la présidentielle d’octobre prochain. Un scrutin qui va désigner le nouvel homme fort du pays pour les cinq années à venir. Entretien.

“ La LND n’est pas proche de cette opposition. Nous sommes un mouvement Gueiste. C’est-à-dire que nous nous revendiquons héritiers politiques du président Robert Guei. A partir de ce postulat idéologique, tout ce qui renvoie à Laurent Gbagbo et ces affidés, ne nous concerne pas. Maintenant les ivoiriens qui veulent les suivre, peuvent le faire. La chose que nous pouvons leur dire, c’est de raisonner. ”

Le chef de l’Etat vient d’adresser, le 7 août dernier, un message à la nation, à la faveur de la célébration des 65 ans de notre indépendance. Que retenez-vous de son discours ?

SG LND : l’adresse du chef de l’Etat du 7 août s’inscrit pour nous dans une tradition républicaine que le président Alassane Ouattara respecte, depuis son accession au pouvoir en 2010. Cette année, nous tirons trois satisfactions de son adresse. La première concerne les fonctionnaires auxquels il vient d’accorder deux tiers de la prime exceptionnelle de fin d’année, là où elle était à un tiers. C’est une très bonne nouvelle pour nous, et nous nous en réjouissons. C’est le signe que les signataires de la trêve sociale sont en parfaite harmonie avec le chef de l’Etat, puisque c’est une promesse qu’il leur avait faite, s’ils maintenaient le front social apaisé. Et les huit signataires ont gagné le pari. Nous tenons à féliciter les présidents des centrales syndicales Humanisme et ITCI, les camarades Soro Mamadou et Jean Yves Abonga que nous connaissons particulièrement, pour leur attachement sans faille au dialogue social. Leurs efforts quotidiens portent ainsi leur fruit. Nous voudrions donc remercier le président de la République pour cet effort budgétaire qu’il vient à nouveau de consentir pour nous les fonctionnaires. Notre seconde satisfaction, c’est la libération des prisonniers. On espère que la grâce et les réductions de peine qu’il leur accorde, profiteront à certains de nos frères, notamment à notre frère de Biankouma, l’ancien député de cette localité, l’honorable Kando Soumahoro. Notre dernière satisfaction, c’est la garantie que le chef de l’Etat nous donne quant à la sécurisation des élections présidentielles d’octobre 2025. Nous autres, nous savons, depuis très longtemps, que le président dit ce qu’il va faire et fait ce qu’il a dit. Nous lui faisons confiance.

Malgré les assurances que le président vient de donner, on constate que l’opposition constituée du PPA-CI, PDCI-RDA et FPI ont marché, le samedi 9 août dernier, à Yopougon, pour réclamer la réinscription sur la liste électorale de leurs leaders qui n’y figure pas. Ne pensez-vous pas que nous allons encore vers une crise électorale comme en 2010 ou 2020 ?

SG LND : D’abord je voudrais faire quelques précisions. La LND n’est pas proche de cette opposition. Nous sommes un mouvement Guéiste. C’est-à-dire que nous nous revendiquons héritiers politiques du président Robert Guei. A partir de ce postulat idéologique, tout ce qui renvoie à Laurent Gbagbo et ces affidés, ne nous concerne pas. Maintenant les ivoiriens qui veulent les suivre, peuvent le faire. La chose que nous pouvons leur dire, c’est de raisonner. D’un point de vue sociologique, Max Weber nous enseigne qu’on ne fait pas la politique avec son cœur, mais avec sa tête. Qu’ils méditent cette pensée. Pour nous les Guéiste, Gbagbo, c’est du passé. Et, ceux qui croient encore en lui risque d’être très déçu. Qu’ils revisitent la trajectoire politique de ce dernier et ils nous comprendront. Pour ce qui est de la marche, c’est un moyen démocratique de manifester. Je me réjouis que sous Ouattara, Laurent Gbagbo et ses alliés marchent ! En Mars 2004, j’étais membre de la jeunesse de l’UDPCI. Avec le RDR, le PDCI-RDA et le MFA, nous avions organisé une marche sur Abidjan pour revendiquer des élections justes. 120 jeunes issus de nos rangs ont été massacrés par le pouvoir de Gbagbo. La fausse commune existe encore au cimetière d’Abobo. Si avec Alassane Ouattara au pouvoir, les hommes à Laurent Gbagbo peuvent marcher, c’est une bonne chose pour notre démocratie.

“ Donc, pour nous, le PDCI-RDA d’Henri Konan Bedié n’a rien à faire avec le PPA-CI ni le FPI. Ceux de ce parti qui ont fait ce rapprochement, naviguent à contre-courant. Ils seront à terme, inévitablement rouler dans la farine. ”

En tant que Guéiste vous faites là allusion au FPI et au PPA-CI !  Et le PDCI-RDA qui les a rejoints, qu’en dites-vous ?

SG LND : Le PDCI-RDA, se trompe de partenaire. Nous les Guéistes, nous sommes pour un rapprochement de tous les enfants d’Houphouët-Boigny. C’est la ligne que nous a laissé notre leader-martyr, le président Robert Guéi, avant de nous quitter. Nous sommes pour que les Pro-Ouattara, Pro-Bedié et Pro-Guéi, restent toujours ensemble, malgré nos divergences de forme et non de fond. C’est notre position depuis le 19 septembre 2002. Donc, pour nous, le PDCI-RDA d’Henri Konan Bedié n’a rien à faire avec le PPA-CI ni le FPI. Ceux de ce parti qui ont fait ce rapprochement, naviguent à contre-courant. Ils seront à terme, inévitablement rouler dans la farine. Parce que le chien ne changera jamais sa manière de s’assoir, même devant sa belle-mère.

Le 29 juillet dernier, le chef de l’Etat a accepté d’être le candidat de son parti, le RHDP à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Quel commentaire faites-vous de cette actualité ?

SG LND : Nous n’avons pas de commentaire particulier à faire. Nous nous attendions plus ou moins à cette réponse. C’est d’ailleurs ce qui était logique d’attendre d’un président de parti politique. Il ne pouvait que dire « oui » à la demande de ses militants. Par contre, il y a dans ce pays des leaders politiques que nous connaissons, qui à un moment donné de leur histoire, n’ont pas suivi la volonté populaire de leurs militants. Ils ont rusé avec la volonté du peuple. Aujourd’hui, il le paye cache. Le président Ouattara on le voit, n’est pas ce genre de type là !

A quels leaders politiques faites-vous allusion en parlant de ceux qui ont rusé avec la volonté de leurs militants ?

SG LND : Je ne répondrais pas à cette question. Le moment venu, j’en parlerai.

Il n’y a pas longtemps, des jeunes supposés proche de l’opposition, notamment le PPA-CI, ont tenté de semer le trouble dans la commune de Yopougon en incendiant un bus de la SOTRA et un véhicule de la police. Quel est votre sentiment, face à la résurgence de la violence, à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025 ?

SG LND : Ce sont des expériences que nous avons déjà vécues. Il ne faut pas souhaiter les revivre. Moi, j’habitais à Abobo PK 18 en 2010. Je ne souhaite pas à mon pire ennemi de vivre le traumatisme des armes que nous avons connu dans cette commune. Il faut que la classe politique ivoirienne apprenne à tirer les leçons du passé. C’est important pour la survie de notre jeune démocratie.

Ne pensez-vous pas que c’est la nouvelle candidature du président de la République qui suscite ces remous, quand on sait que ses adversaires l’accusent de vouloir faire un 4e mandat de trop qui est selon eux, anticonstitutionnel ?

“ Notre système politique actuel restera toujours confligène, si on ne le change pas. C’est notre conviction. Et c’est ce à quoi nous à la LND, nous réfléchissons pour faire une nouvelle offre politique aux ivoiriens qui soit plus juste. ”

SG LND : Non, on ne peut pas dire que c’est un mandat de trop ni qu’il est anticonstitutionnel, puisque c’est le juge constitutionnel qui est légitime à la matière. Or en 2020, en application de la constitution de la 3e République, il a validé la candidature du président Alassane Ouattara. Donc, toute chose étant par ailleurs égale, il est tout à fait certain qu’en 2025, il pourra encore se présenter. Nous les ivoiriens, nous avons un défaut. On ne se plaint pas quand il faut le faire. Tout s’est joué en 2016 quand on a voté la constitution de la 3e République. C’est à cette époque qu’il fallait voter « non » à cette constitution. Nous avons fait la même chose en l’an 2000 avec la constitution de la 2e République. Nous devons tous tirer les conséquences de nos choix. Le président Ouattara ne fait que se conformer à la loi. En tout état de cause, ce qui compte, pour nous à la LND, c’est de réinventer un nouvel avenir pour la Côte d’Ivoire et sortir des chemins anciens. Notre système politique actuel restera toujours confligène, si on ne le change pas. C’est notre conviction. Et c’est ce à quoi nous à la LND, nous réfléchissons pour faire une nouvelle offre politique aux ivoiriens qui soit plus juste.

Par rapport à cette candidature, l’opposition soutient que c’est pour ne pas avoir de chalangeur sérieux, que le président a éliminé les poids lourds de la scène politique. Qu’en pensez-vous ?

SG LND : Cette façon de raisonner jette un discrédit sur notre institution judiciaire. Et en tant que mouvement politique qui revendique l’héritage politique du président Robert Guéi, nous ne pouvons pas cautionner ces discours. Parce que si c’est Ouattara qui élime ces adversaires, c’est que c’est Guéi qui a aussi éliminé Ouattara et Bedié en l’an 2000 et c’est Gbagbo qui a fait de Ouattara candidat en 2010 ! Or, ce n’est pas le cas. C’est la loi que nous nous sommes donnés librement dans nos différentes constitutions et codes électoraux qui valident ou invalident une candidature. En 1990, ce n’est pas Houphouët qui a fait de Gbagbo candidat contre lui. C’est la loi. En 1995, ce n’est pas Bédié qui a exclu Alassane Ouattara. C’est encore la loi. Seuls les juges constitutionnels tranchent sur l’éligibilité des citoyens depuis la première élection multipartite en 1990, jusqu’à ce jour. Ce n’est pas un chef de l’Etat qui le fait. Il faut que la nouvelle génération d’Hommes politiques ivoiriens change de paradigme, sinon, nous n’en finirons pas avec la violence en politique.

Dans l’une de vos déclarations, vous disiez que le président Ouattara sera combattu, s’il faisait acte de candidature. Pensez-vous qu’il en sera ainsi ?

SG LND : Oui, nous pensons qu’il sera combattu par ces opposants. C’est le jeu normal de la démocratie. Pourvu seulement que l’opposition le combatte avec des idées. Que l’on parle de programme de société et qu’on s’éloigne de la violence. Et nous croyons, sans risque de nous tromper, que c’est ce chemin que veut emprunter Ahoua Don Mello en cherchant à unifier la gauche socialiste, comme le fit François Mitterrand en 1981. Nous l’y encourageons.

Quels conseils pouvez-vous donner aux opposants pour que nous allions à une élection sans violence, puisque le PPA-CI est cité par les autorités dans les violences survenues ces derniers jours à Yopougon ?

SG LND : Nous n’avons pas de conseils particuliers à leur donner, puisque le président Ouattara leur a déjà montré le chemin à suivre. Dans le message qu’il a adressé à ses militants le 29 juillet dernier, pour accepter d’être le candidat du RHDP, il a dit une phrase forte et je le cite : « le devoir transcende la parole donnée de bonne foi ». Tout est dit. Cette maxime s’applique aussi bien au PPA-CI qu’au PDCI-RDA !

Comment cela s’applique-t-elle à eux ? Expliquez-nous.

SG LND : Le PDCI-RDA a donné sa parole à Tidjan Thiam, de bonne foi, qu’il était le plan A, B, C, etc. Aujourd’hui, on constate tous qu’il n’est pas sur la liste électorale. Donc, il n’est pas éligible. Si le PDCI-RDA a compris la pensée du président Ouattara, leur devoir face aux militants et aux ivoiriens qui croient encore en lui, doit transcender la parole qu’il a donné à Thiam pour soutenir le candidat Jean louis Billon ! C’est de leur responsabilité de le faire. C’est cela leur devoir, s’il aime la Côte d’ivoire. Tidjan Thiam est un nouveau venu en politique. Il a tout le temps de se refaire ! Il en est de même pour le PPA-CI ! Plutôt que d’envoyer les enfants des autres à l’abattoir, le parti gagnerait à soutenir Ahoua Don Mello, même si le parti a donné sa parole de bonne foi à Laurent Gbagbo. Le devoir du PPA-CI, c’est de redonner une chance à la gauche démocratique ivoirienne de revenir au pouvoir dans des conditions non calamiteuses ! C’est cela leur devoir. Et Don Mello incarne très bien ce renouveau du socialisme en côte d’ivoire. Donc, ils n’ont qu’à tous suivre la voie tracée par le président Ouattara, en sortant du culte de la personnalité pour répondre à l’appel du devoir. C’est aussi simple que cela !

Fin

Interview réalisée par Georges Kouamé

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