[Côte d’Ivoire Santé] Les responsables des syndicats de la santé publique remontés contre Dr Raymonde Goudou Coffie
-« Nous allons tout bloquer les jours à venir si… », menacent les syndicats
La Coordination des syndicats des personnels soignants de la santé de Côte d’Ivoire a, au cours d’un meeting tenu dans le jardin de l’Institut de la Cardiologie, dénoncé le partage des primes et les mutations de certains agents du personnel de l’Institut de la Cardiologie de Treichville, qui, selon eux sont cautionnés par le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Raymonde Goudou Coffie.
Des coups de sifflets, des appels à haute voix, le tout soutenu par un mégaphone pour rassembler les membres des syndicats de la santé publique. Voilà le décor que plantait le jardin de l’Institut de la Cardiologie du CHU de Treicville (sud d’Abidjan), lors du meeting d’information de la coordination des syndicats des personnels soignants de la santé au cours duquel le porte-parole, Boko Kouaho a communiqué sur les deux points à l’ordre du jour. Le flou autour du paiement de leurs primes et la mutation de 40 agents. Il a accusé le ministre de Santé et de l’Hygiène, Dr Raymonde Goudou Coffie de ‘’s’asseoir’’ sur leurs primes. « Si nos primes ne sont pas payées selon les textes, nous allons arrêter l’ouragan avant qu’il ne devienne un tsunami qui va nous emporter », a martelé Boko Kouaho. Poursuivant, le porte-parole a indiqué que la coordination a respecté la trêve sociale décrétée par le gouvernement, mais le ministre vient de la déchirer et que les syndicats sont prêts à l’accompagner à ‘’bruler’’ le papier de la trêve.
Concernant les 40 agents mutés, le porte-parole a lu une liste de 20 personnes ayant reçu leur décision de mutation. « Elles ne bougeront pas. Si rien n’est fait, les CHU seront bloqués », a-t-il menacé.
Mme Kangouté Maïmouna, porte-parole de la Coordination des syndicats de la fonction publique (Cosyfop) n’y est pas allée avec le dos de la cuillère : « On n’acceptera pas que vous marchiez sur les textes durement acquis. Quand on n”a pas raison, on fait profil bas.»
Tous ont estimé que le système sanitaire ivoirien a de véritables problèmes comparativement aux pays comme le Burkina et le Mali, sans toutefois brandir de preuves.
Approché, le Pr Seka Rémi, directeur général de l’Institut de cardiologie a indiqué qu’il animera une conférence de presse les jours à venir. Cependant, dans une interview publiée le dimanche, 17 septembre 2017, par le confrère www.fratmat.info, il aborde le problème lié aux primes. Nous vous en publions un large extrait.
Que disent les textes ? « L’arrêté interministériel N° 249 du 13 septembre 2000 déterminant les modalités d’application dans les établissements publics nationaux sanitaires de l’indemnité particulière en faveur des personnels stipule, en son article 2, que la « masse de l’indemnité annuelle est à répartir entre les personnels et les internes … ». Par ailleurs, le règlement intérieur de l’Institut de cardiologie d’Abidjan précise bien que les médecins CES font partie du personnel médical. Ce que les agents protestataires contestent. Concernant le deuxième motif de discorde, les contestataires soutiennent que seuls les émoluments hospitaliers devraient être pris en compte pour le calcul des primes des médecins enseignants. Or, là encore, le texte dit dans son article 4 que « la seconde partie résulte de l’application au salaire brut de chaque bénéficiaire d’un coefficient … ». Alors que le salaire brut d’un agent comprend la solde de base plus les émoluments et les indemnités. Selon eux, les autres structures hospitalières ne feraient pas ainsi. »
Qu’en est-il dans ces structures ? Les CES sont-ils pris en compte dans le paiement de la prime? « Ailleurs, les autres structures ne prennent pas les CES en compte, et certains ne tiennent pas compte de la partie solde de base. Mais on ne peut pas nous demander de respecter un texte et en même temps nous demander de nous aligner sur ce que les autres font. Il faut être cohérent. C’est pourquoi nous avons sollicité, d’un commun accord, l’arbitrage juridique, notamment celui du ministère de la Santé. Nous nous y sommes rendus le 26 juillet 2017. Voici ce que disent les conclusions. Concernant le paiement des primes d’intéressement aux CES, « cette contestation est mal fondée en droit et donc sans objet». Quant à la prise en compte des deux bulletins de paie des enseignants, « cette contestation est également mal fondée en droit». En clair, ils ont été déboutés. A la suite de cela, constatant que l’arrêté interministériel incriminé faisait l’objet d’interprétations diverses, la ministre de la Santé, le Dr Raymonde GOUDOU-COFFIE, s’est impliquée personnellement en invitant les agents à faire des propositions afin de réviser l’arrêté si besoin était. Revenus à l’institut de cardiologie, les représentants des contestataires ont fait une restitution à leurs mandants et désigné leurs représentants pour participer aux travaux de révision avec les commissions statutaires, de sorte que le projet à soumettre au ministère soit consensuel. Malheureusement, un autre groupe de contestataires s’est constitué et a refusé de participer aux travaux. Ils prétextent qu’ils n’ont pas vocation à écrire des arrêtés et que le règlement intérieur doit être modifié afin que les CES soient soustraits, au motif que ce sont des apprenants, donc des stagiaires. Nous leur avons répondu qu’il s’agit de médecins exerçant des responsabilités au sein de l’institution. Nous les avons interpellés sur l’aspect éthique du problème, à savoir le respect des valeurs de notre charte (la responsabilité, l’excellence, l’équité, l’esprit d’équipe et l’intégrité). Comment pouvaient-ils demander au moment du partage de la prime, qu’on écarte des personnes qui contribuent à générer ces ressources? N’était-ce pas gênant ? Ils nous répondent qu’il ne s’agit pas d’une question d’éthique mais plutôt de respect de texte. »
Après les différentes allocutions, les responsables des syndicats se sont transportés au cabinet du ministère de la Santé publique au Plateau. Aux dernières nouvelles, ils n’ont pas été reçus et menacent d’observer une grève.
Ce meeting fait suite à une affaire de prime d’environ 215 millions FCFA, à repartir entre plus de 400 agents du personnel, ainsi que la mutation de plus de 40 agents qui étaient à la base d’un soulèvement constaté à l’Institut de cardiologie du CHU de Treichville le vendredi 22 juin.
Kpan Charles