les femmes expriment leur colère face à la démolition de leur lieu de commerce (PH:lepointsur.com)

Abidjan 12-7-2016(lepointsur.com) Toitures froissées, buvettes et caves  démolies, réfrigérateurs saccagés, bouteilles d’alcool frelatés et de bière jonchant le sol, des commerçants en pleurs. C’est le décor qui s’offrait à l’équipe de reportage du journal web lepointsur.com, le mardi 12 juillet 2016, à 10 heures, après le passage des agents de la mairie de Yopougon sous l’œil vigilant des agents des forces de l’ordre à la Rue Princesse de Gabriel-Gare, réputée pour abriter un grand nombre de maquis et restaurants.

Côte d’Ivoire-Yopougon:La Mairie détruit plusieurs  plusieurs commerces#Déguerpissement

Désolation et tristesse mêlées à la colère se lisaient  en effet, sur les visages des commerçants présents sur les lieux. Approché, le boulanger de profession Koné Daouda dit Kpadao, la quarantaine révolue et gérant d’un air de jeu  jouxtant  les commerces, exprime sa colère et entend faire barrage à un quelconque projet de construction.

«Nous avons  entendu dire que cet espace a été vendu au propriétaire de la compagnie de transport ‘’Abass transport’’ qui veut  en faire  une gare. Mais nous  allons faire barrage à ce projet. Ce site  appartient à la jeunesse du quartier Gabriel-Gare. C’est nous qui avons fait de cet espace, auparavant un dépotoir, un air de jeux et de commerce afin de permettre à nos mamans d’y exercer leur petit commerce et s’occuper de notre éducation », indique-t-il entre deux sanglots.

Ce qui reste des commerces après le passage des agents de la Mairie de Yopougon (Ph/lepointsur.com)

Ce qu’atteste Sylvain Yapo qui affirme avoir tout perdu dans ce déguerpissement. Assise à même le sol, Mme Daleba Amenan Eugénie, propriétaire d’un débit de boissons est sans voix. Les yeux hagards, elle peine à répondre à nos préoccupations. A quelques mètres d’elle son fils âgé de 18 ans  qui essayait  tant bien que mal de sauver  quelques  effets des décombres confie : « Ma mère était absente pendant l’opération. Nous avons perdu deux réfrigérateurs, une mini-chaîne et un stabilisateur ».

 « Nous avons effectué une expédition composée de Yoro Emmanuel le chef de la communauté Wê et Bernard N’Guessan de la communauté Baoulé, pour rencontrer des responsables de la mairie de Yopougon. Au terme des échanges il a été convenu que les occupants de cet espace exercent en toute quiétude leurs activités commerciales », renchérit M. Gra  Avi Jean Baptiste propriétaire d’un débit de boissons.

Kassougou Hado, est le chef des vendeurs de poulets braisés sur cet espace. Il y est installé depuis 32 ans. Il reconnait avoir reçu une mise en demeure  des services de la mairie durant le mois du Ramadan. Révélant qu’après une rencontre avec  les responsables du service  technique de la mairie de Yopougon sis à la Sideci, ils ont été sommés de déguerpir les lieux.

« Les responsables du service technique de la mairie de Yopougon nous ont fait savoir que la mairie a besoin de sa place », a-t-il précisé.

Avant d’ajouter : « Nous payons 6 000 Fcfa /mois par personne pour la patente. Les services de l’hygiène technique nous font également débourser la somme de 70 000 Fcfa l’année à raison d 10 000 Fcfa par commerçant. Les jeunes aussi nous font payer 5000 Fcfa par mois ».

Pour le premier responsable des vendeurs de poulets braisés, il n’ ya pas de raison de s’opposer à la décision de l’Etat de Côte d’Ivoire. D’autant plus que selon lui, cet espace est un patrimoine de l’Etat. Mais il s’explique difficilement le fait que l’espace soit cédé à « un seul individu contre tout un quartier ».

Pour l’heure, personne n’ose affirmer avec certitude que l’espace est attribué au sieur Abass. Toutefois, les anciens occupants ont montré  leur détermination à faire front contre tout autre projet outre que celui de l’Etat.

Opportune Bath

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