Politique

Côte d’Ivoire : Roger Banchi met en garde contre l’usure du pouvoir #Bienspublics


CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 25-7-2016) A travers une lettre ouverte adressée à Adama Bictogo, celui qu’il appelle affectueusement ‘’cher aîné’’, Roger Banchi s’en est pris vertement au pouvoir d’Abidjan. Pour l’ancien financier du Mpigo (Mouvement populaire ivoirien du Grand Ouest), « le peuple veut du concret et le peuple va se montrer d’une très faible indulgence désormais ».

Cette virulente sortie de l’ancien ministre des Pme fait suite à la sortie, le week-end dernier, d’Adama Bictogo qui ironisait les propos de Pascal Affi N’Guessan lorsque celui-ci appelait à la mobilisation contre l’augmentation excessive du coût de la consommation domestique de l’électricité.

En effet, dans son ironie le ministre Bictogo indiquait que le président du Front populaire n’était qu’un opportuniste qui voulait s’attirer la sympathie des manifestants contre le coût élevé de l’électricité, alors qu’il peinait à mobiliser au sein de sa propre formation politique. « Votre marge de manœuvre populaire est désormais aussi fine qu’une feuille de papier de discours politique », affirme Roger Banchi.

Ajoutant que les tenants actuels du pouvoir se sont enfermés dans un égoïsme qui les amène désormais à manger seuls. Toute chose qui amène ceux qui n’ont pas droit à la table royale de souhaiter le malheur pour l’actuel régime. « Vous, vous mangez, et vous avez naturellement beau jeu et intérêt à manger le plus longtemps possible. Nous, on mange rien avec vous, et quelques fois même, on perd…donc, nous on a beau jeu et intérêt à ce que ça dure le moins possible ! »  Insiste-t-il.

« Vous mangez seuls, et vous étranglez les autres …donc au final…quelle proportion de la population consciente et agissante, a t’elle intérêt à vous voir faire de vieux os au pouvoir d’État ? » S’interroge l’auteur du courrier à son « aîné » Adama Bictogo qui, en dehors de lui seul qui a toujours su se susciter un grand capital de sympathie populaire, ses camarades, surtout « les gérontocrates acariâtres, avares, hautains, complètement déphasés des 75% la jeunesse Ivoirienne…commencent à sortir par les pores du peuple! »

« Le peuple commence à nous dire, à nous les para-députés de la République…nous les aigris laissés pour compte qui écoutons avec délectation…il nous dit, ce peuple, que si vous multipliez les travaux d’infrastructures, au détriment du social, c’est parce que vous mangez bien dedans !Ils ont peut être bien raison…sur des milliers de milliards, un petit 2 ou 3 pour cent, en douce, par ci par là…ça fait beaucoup de djèhè au final sur des comptes bien planqués », révèle-t-il.

Désespérant, des tenants du pouvoir actuel qui, selon lui, se sont inscrits  dans une logique de la politique du ventre, et des égoïstes qui ne partagent pas  et qui malheureusement avait prospéré sous le régime précédent ! « Vous, vous ne partagez rien parce qu’en fait vous ne gagnez pas grand chose! », ironise-t-il avant de s’interroger en ces termes : « Finalement, ce pouvoir, n’enrichit personne…ni les riches, ni les pauvres…alors qui alors ? ».

Pour Roger Banchi, il n’y a pas de doute sur l’état de pauvreté des pauvres, eu égard à leur degré d’énervement qui, selon lui, ne peut être causé que par la disette. « L’argent est vraiment devenu un grand mystère en Côte d’Ivoire ! Je vais dire, à mes amis Investisseurs qui me demandent des conseils sur ce pays, de l’oublier : tout porte à croire que finalement, c’est un pays de fauchés ! », Indique-t-il dans une complainte aux senteurs ironiques.

« Et si c’est un avare, dans le sens proverbial du terme …qu’il prenne alors garde aux Paroles  de Sagesse des Saintes Écritures : le trésor des avares est destiné in fine aux voleurs et aux mites ! Et nul ne l’emportera avec lui, en enfer », prévient l’ancien cadre du Mpigo.

Car, pour lui, si le trésor est thésaurisé pour le bénéfice du prochain pouvoir et  l’alternance se produit comme cela a été entendu à Daoukro, alors il n’y a aucun doute que les tenants du pouvoir actuel auront épargné pour les cadres du Pdci dont personne n’ignore le goût de la jouissance de l’argent public. « Alors gonflez bien la caisse… ça fera des caisses automobiles encore plus grosses, et des caisses de Champagne plus nombreuses ! », Met-il en garde.

Idrissa Konaté

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