Côte d’Ivoire : » Reporters des frontières »/ De la gestion des flux, instruments et mécanismes juridiques, la spécificité de la migration en Côte d’Ivoire : Des journalistes formés pour mieux informer
La formation thématique et la formation au journalisme d’investigation relative au projet dénommé « Reporters des frontières-Vers un réseau africain de journalistes, professionnels et citoyens, spécialisés sur les questions migratoires » qui a débuté lundi 25 août, était à sa deuxième journée mardi 26 août 2014, à Abidjan-Côte d’Ivoire.
La journée du mardi 26 août 2014, a été meublée par trois grandes communications. Il s’agit du premier thème sur : « la gestion des flux migratoires dans l’espace Cedeao, » animé par Dr. Konan Silvestre, Enseignant-chercher au Cires, et le second portant sur : « Les instruments et mécanismes juridiques relatifs aux migrations de la Cedeao et de l’Ua, » soutenu par Mme Tano Alida chargée de formation à la Convention de la société civile ivoirienne (Csci), et la dernière communication :« La spécificité de la migration en Côte d’Ivoire et la mobilité humaine en général » animée par le représentant local de l’Institut panos Afrique de l’ouest (Ipao), Angaman Paul.
La levée de rideau de la seconde journée relative au renforcement de capacité des journalistes ivoiriens sur les migrations s’est faite par Dr. Konan Silvestre, Enseignant-chercher au Cires sur le thème ci-dessus cité.
L’expert a indiqué d’entrée de jeu que la réalisation de la Cedeao des peuples se concrétise par l’instauration effective de la libre circulation au sein de la région Ouest-Africaine.
De la gestion des flux…
Plantant ainsi le décor du thème : « la gestion des flux migratoires dans l’espace Cedeao« . A l’en croire, la libre circulation des biens et des personnes est « la priorité fondamentale de la politique d’intégration de la Cedeao (art.27 traité de 1975, art. 59 du traité révisé) ». Non sans faire quelques propositions liées aux défis à relever.
Au nombre de quelques propositions, il a souhaité entre autres, « l’effectivité du protocole sur la libre circulation, le droit de résidence et d’établissement de mai 1979 et les textes additionnels ainsi que la nécessité de renforcer le processus d’intégration et la compréhension du fait que la bonne gestion des flux migratoires ne peut se faire qu’au niveau régional par l’adoption de l’approche commune. »
Non sans les subsistances de nombreux obstacles et défis à relever malgré les avancés notables plus les développements de stratégies nationales de migration. Selon le conférencier, c’est à ce prix que l’intégration peut se présenter comme « une force motrice de l’intégration« .
En effet, concernant la tendance migratoire actuelle en Afrique de l’ouest, le conférencier a indiqué que l’Afrique compte en général 200 millions d’habitants avec un taux de croissance annuel moyen de 2,6% par an de 1975à 2009 contre 1,7% pour l’Asie (doublement en 27 ans contre 41 respectivement).
Et que cette population très jeune de 43% de la population a moins de 15 ans, selon UNPD en 2012, avec une fécondité encore élevée (nombre moyen de 4,6 enfants par femmes) et une mortalité également forte (espérance de vie à la naissance de 54 ans).
Quant à la mobilité intra-régionale en Afrique de l’Ouest elle est de 70%.
On notera comme principaux pays d’accueil en 2010:
La Côte d’Ivoire 2 406 713 personnes, soit 29% du total des immigrés dans la zone, le Ghana 22%, le Nigeria 14%, le du Burkina Faso 13%.
Ce qui signifie que la migration en Afrique de l’Ouest est une réalité et qu’elle a besoin d’un cadre légal et institutionnel. D’où la signature du protocole sur la libre circulation, le droit de résidence et d’établissement. Qui nécessite une approche commune de gestion de la migration.
L’on retiendra qu’il faut que les décideurs développent un système d’information sur les questions migratoires.
« Il faut l’élaboration de politiques migratoires et intégration de la migration dans les plans et stratégies de développement, des initiatives de développement de stratégies nationales de migration engagées par les pays, entre autres, des initiatives supportées par l’UE, la Coopération Suisse et celle de développement d’une politique migratoire régionale financée par la BAD. Et surtout pencher sur les défis sécuritaires« , a conclut Dr. Konan Silvestre, Enseignant-chercher au Cires.
…Aux instruments et mécanismes juridiques…
« Les instruments et mécanismes juridiques relatifs aux migrations de la Cedeao et de l’Ua« . Tel est le thème soutenu par Mme Tano Alida chargée de formation à la Csci.
D’entrée de jeu la formatrice a tenu à préciser que la libre circulation des personnes est un droit essentiel consacré par la déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 et le pacte international relatif aux droits civils et politiques du 13 décembre 1966.
Et que dans le cadre de la Cedeao, il existe également des instruments qui consacrent un véritable droit d’entrée et de sortie sur le territoire des Etats membres. En revanche, au niveau de l’Union africaine (Ua), les textes s’inscrivent dans l’objectif de la protection des Droits humains.
Concernant le cadre juridique, « les protocoles sont des conventions internationales. Elles ont une force obligatoire à l’égard des Etats membres et des institutions de la Cedeao, » a-t-elle précisé tout en s’appuyant sur le protocole du 29 Mai 1979 relatif à la libre circulation des personnes et des biens, au droit de résidence et d’établissement.
En effet, Mme Tano Alida a précisé qu’il y a des droits garantis par le protocole.
Il s’agit de cinq droits essentiels qui sont reconnus au citoyen de la Cedeao.
Mais qui est citoyen de la Cedeao? Sur la question, il faut retenir que : Est considéré citoyen de la communauté « toute personne qui, par la descendance, a la nationalité d’un Etat membre qui ne jouit pas de la nationalité d’un Etat non membre de la communauté« .
Les cinq droits du citoyen de la Cedeao sur la migration sont ainsi libellés. Il s’agit: du droit d’entrée, du droit de séjour, du droit de résidence, du droit d’établissement, et du droit à la justice de la commune.
« Mais le migrant en tant que personne humaine bénéficie de tous les droits humains. Que vous soyez paysan, touriste, salarié, homme d’affaires, indépendant en tant que citoyen de la communauté, vous avez le droit de jouir pleinement des avantages de la mobilité que vous offre la Cedeao« , a soutenu la formatrice de la Csci.
L’opinion publique étant très peu informée des dispositions pertinentes du protocole. L’objectif visé était de mieux faire connaître le protocole et ses textes additionnels et à une meilleure appropriation de ceux-ci par les citoyens, par le biais des journalistes, vecteurs essentiels de transmission d’informations crédibles.
La spécificité de la migration en Côte d’Ivoire
Le représentant local de l’Institut panos Afrique de l’ouest (Ipao) résident en Côte d’Ivoire, Angaman Paul par ailleurs Enseignant en Histoire-Géoa formé les journalistes sur : « La spécificité de la migration en Côte d’Ivoire et la mobilité humaine en général ».
Sur le thème, le formateur a présenté l’espace ivoirien comme étant habité depuis la préhistoire. Cependant, son peuplement actuel est beaucoup plus le résultat de mouvements migratoires survenus en Afrique de l’ouest à partir du XI ème siècle.
« La Côte d’Ivoire est une terre d’accueil et de convergence de ressortissants principalement de la sous région. A partir des années 80, elle entre en récession économique. Celle-ci a débouché plus tard sur une crise militaro-politique de plus d’une décennie avec à la clé la fracture sociale, » a indiqué l’Enseignant en Histoire-Géo.
En effet, selon lui, la Côte d’Ivoire est un pays traditionnellement d’immigration. Celle internationale date de la mise en place de ses peuples. Elle s’est poursuivie pendant la colonisation et après l’indépendance essentiellement pour des raisons économiques.
Elle est majoritairement constituée de ressortissants de la Cedeao. L’émigration des ivoiriens est un phénomène récent lié à l’augmentation de la pauvreté et à l’instabilité socio-politique.
« Les migrations internes ont débuté à la fin du XVIème siècle. Depuis la colonisation jusque très récemment, elles ont une direction globalement de la savane vers la forêt et se concentrent de plus en plus vers l’ouest en lien avec l’économie de plantation » a révélé Angaman Paul.
L’urbanisation selon lui, a connu une forte croissance alimentée par l’exode rural. La décennie de crise militaro politique a entrainé des déplacements importants de populations pour des raisons d’insécurité.
Au total, les flux migratoires en Cote d’Ivoire sont essentiellement économiques et se déroulent en Afrique de l’Ouest.
« Mais devant le taux d’immigration de l’ordre de 26 % , une forte proportion de fils d’immigrés nés en Côte d’Ivoire, devant l’augmentation de la pauvreté et la problématique de l’accès au foncier rural , la question migratoire est devenue complexe et s’est invitée dans la fracture sociale en Côte d’Ivoire« , a conclut l’enseignant. Avant de s’interroger « quelle politique migratoire mettre en place qui puisse permettre à la Cote d’Ivoire d’en tirer profità l’exemple du Canada?« .
Le formateur de l’Ipao par ailleurs rédacteur en chef de l’édition français de Pambuzuka News Mouhamadou Tidiane Kassé venu du Sénégal a descendu le rideau sur la seconde journée par la mise en place des rudiments qui permettront de débuter mercredi 27 août, la formation du journalisme d’investigation et journalisme conventionnel-Différences d’approches.
Les questions migratoires étaient au centre des débats depuis lundi 25 août 2014, au siège de la Caritas à Cocody-Angré. Financé par l’Union européenne (Ue), la Convention de la société civile ivoirienne (Csci), en partenariat avec l’Institut panos Afrique de l’ouest (Ipao) le projet dénommé « Reporters des frontières-Vers un réseau africain de journalistes, professionnels et citoyens, spécialisés sur les questions migratoires, » est une initiative qui prend les pays que sont la Guinée, le Niger, le Nigéria, le Ghana, le Sénégal et la Côte d’Ivoire
Sériba Koné
kone.seriba67@gmail.com