[Côte d’Ivoire/Procès de Blé Goudé à Abidjan] Les avocats de l’ex-ministre de la jeunesse claquent la porte
Charles Blé Goudé, sera-t-il jugé à Abidjan ? Depuis le 23 octobre, deux audiences techniques ont réuni ses avocats et les magistrats de la chambre de l’instruction du tribunal d’Abidjan, mais la troisième ce mercredi a tourné court. Les avocats ont claqué la porte.
Après deux reports successifs, la défense comptait en demander un troisième. Cette fois encore pour avoir davantage de temps afin de se préparer, n’ayant reçu que la veille une pièce essentielle au dossier concernant le transfèrement de Charles Blé Goudé à La Haye en 2014. Refus de la chambre d’instruction.
Le collectif d’avocats de l’ancien ministre de Laurent Gbagbo a donc claqué la porte. « Nous ne sommes plus dans cette affaire pour l’heure. Nous l’avons fait connaître à la chambre. S’ils veulent poursuivre la procédure comme ils veulent, qu’ils la poursuivent. Mais c’est sans nous. Nous avons beaucoup à craindre. Et tant que nous ne pouvons pas jouer pleinement notre rôle, nous n’avons pas nos places dans une salle d’audience », estime Me Claver N’dry.
« Charles Blé Goudé ne peut pas être jugé ici »
Charles Blé Goudé poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) a été acquitté en janvier 2019 à La Haye. Depuis, il y attend toujours l’examen de l’appel de la procureure de la CPI.
« Charles Blé Goudé ne peut pas être jugé ici parce que les autorités ivoiriennes, y compris les autorités judiciaires, ont décidé de renoncer à leur droit de poursuivre leur national au profit d’une juridiction internationale, ajoute Me Claver N’dry. Alors, au moment où Charles Blé Goudé fait face à cette justice internationale, on ne peut pas sous d’autres qualifications le poursuivre à savoir crimes contre populations civiles, et crimes contre prisonniers de guerre, qui n’existent plus dans notre législation. Comment peut-on continuer à poursuivre des citoyens sur la base de ces textes abrogés ? »
On attend désormais la décision de la chambre d’instruction de transmettre ou non l’affaire pour un procès aux assises à Abidjan.
Source : Rfi