Politique

[Côte d’Ivoire/Présidentielle 2025] « La fracture sociale comme héritage… », estime le président de Adci, Assalé Tiémoko


Abidjan, 26-10-2025 (lepointsur.com) Au lendemain du scrutin d’octobre 2025 en Côte d’Ivoire, le président du mouvement politique « Aujourd’hui et Demain, la Côte d’Ivoire (ADCI)’’, Assalé Tiemoko, a adressé un message fort suivant :

L’élection présidentielle de 2025, point final d’un cycle politique dramatique commencé dans les années 1990, s’est tenue ce samedi 25 octobre. Marquée çà et là par des violences, elle a offert des images contrastées : par endroits, des files d’électeurs déterminés et des centres de vote pleins.

Ailleurs cependant, des rues désertes, des villes figées, la capitale économique comme d’autres villes, plongées dans un silence inquiétant. Il y a trente ans, en 1995, alors que nous n’étions que des collégiens, nous avons assisté au même spectacle, conséquence d’une dérive exclusionniste : une nation fracturée, se retournant contre elle‑même et contre ses enfants.

 »Le président Henri Konan Bédié est décédé. Ce décès marque le premier signe tangible de la fin d’un cycle. » 

Dix ans plus tard, en 2000, le constat se répéta et la faille s’élargit, aboutissant à une rébellion armée. Quinze ans avant aujourd’hui, en 2010, on tenta de recoller les morceaux d’un pays meurtri par une tradition d’exclusion. On signa des accords négociés le fusil sous le temps, des compromis forcés, sans que les cœurs ne s’y résolvent.

Camouflées sous le vernis des paroles, ces poussières balayées sous le tapis n’en devinrent que plus toxiques à l’occasion de la présidentielle : plus de 3 000 morts, une conscience nationale brisée, un peuple éclaté.

De 2010 à 2025, dans l’euphorie du pouvoir conquis, on oublia d’exorciser le mal ou plutôt, on voulut chasser le mal par la construction de routes, de ponts, d’infrastructures diverse, mais la colère couvait sous les crânes : la soif de vengeance des vaincus et l’orgueil des vainqueurs. On oublia l’essentiel : la réconciliation

Pendant quinze ans, on a relié des villes entre elles, relié des quartiers par des ponts mais on n’a pas jugé nécessaire de bâtir des ponts entre les hommes, entre les enfants d’une même terre, de construire les fondations d’une société plus juste, de reformer les lois et les institutions liées aux élections pour reconstruire la confiance et arrêter la spirale des exclusions.

 »Le président Laurent Gbagbo vient d’annoncer sa retraite politique pour dans quelques mois. Ce geste est le second signe annonciateur de la fin d’un même cycle. »

Derrière le bilan économique du régime Rhdp, se cache une fracture sociale abyssale, enfant de 30 ans de méfiance, qui nous sera laissée entre héritage.

Comme en 1995, comme en 2000, comme en 2010, l’élection présidentielle de 2025, censée être une fête de la démocratie et de l’unité, n’a fait que confirmer l’élargissement du fossé. La politique et la manipulation des règles électorales ont façonné désormais non pas une nation unie, mais deux Côte d’Ivoire :

 D’un côté, la Côte d’Ivoire des frustrations, des vaincus, des laissés-pour-compte, des humiliés, des exclus dont l’espoir vacille.

De l’autre, la Côte d’Ivoire du rouleau compresseur, de la puissance appuyée sur les ressources de l’État, du clan qui cultive le désir d’éternité, effrayé à l’idée de voir les vaincus revenir au pouvoir et par conséquent prêt à tout.

Pour la première fois dans l’histoire électorale de notre pays, des officiels ont osé déclarer publiquement à des Ivoiriens que leur vote ou leur abstention n’aurait aucune influence sur le résultat final.

Qu’au lendemain de l’élection, le président élu ne serait préoccupé que par les régions où il aurait remporté une victoire, ignorant totalement le reste du peuple.

 »Quant au président Alassane Ouattara, il demeure au sommet pour encore un temps et sa réélection imminente scellera la conclusion de ce cycle avec le passage à la nouvelle génération. » 

Ces paroles ont suscité le rire, mais en réalité, elles révèlent une sombre et inquiétante vérité. Nous sortons de plus en plus de la République. Notre société vacille, fragilisée dans ses fondements même, sombrant dans un processus de désintégration irrémédiable.

De la Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny, de la cohésion sociale et du vivre ensemble sincères, nous sommes aujourd’hui tombés dans la Côte d’Ivoire de la division profonde, de la fracture irréconciliable : celle d’un peuple en deux camps antagonistes qui se désignent désormais par des vocables animaliers.

D’un côté, le peuple des « moutons », supposé docile et soumis, réagissant aux stimulis et qui n’aurait jamais dû avoir le pouvoir ; de l’autre, celui des « chiens », agressif et méchants, rongé par le désir de vengeance et qui doit être contré par tous les moyens.

 »Le temps de construire des ponts entre les Ivoiriens est venu. C’est là, notre mission à nous…nouvelles générations d’acteurs politiques. »

Nous en rions encore, mais cette division et ces sombres appellations porteuses de haine inavouée sont en réalité le prélude, le signe avant-coureur d’une déflagration imminente si, collectivement, nous n’ouvrons pas nos yeux corrompus par les intérêts, face à ce danger qui nous guette.

Le président Henri Konan Bédié est décédé. Ce décès marque le premier signe tangible de la fin d’un cycle.

Le président Laurent Gbagbo vient d’annoncer sa retraite politique pour dans quelques mois. Ce geste est le second signe annonciateur de la fin d’un même cycle.

Quant au président Alassane Ouattara, il demeure au sommet pour encore un temps et sa réélection imminente scellera la conclusion de ce cycle avec le passage à la nouvelle génération.

Mais l’héritage laissé par cette période est explosif, chargé de tensions et de fractures profondes qui nous ont placés au bord du passage à l’acte, tous les signaux étant là, sous nos yeux, tels des cris silencieux.

Face à cette crise, face à ces haines latentes, une évidence s’impose : la mission qui se dresse devant la nouvelle génération est claire et impérative. Ressouder ce qui a été brisé, réapprendre à vivre ensemble, rassurer chaque Ivoirien que l’exclusion du passé ne doit plus jamais refaire surface.

 »Ailleurs cependant, des rues désertes, des villes figées, la capitale économique comme d’autres villes, plongées dans un silence inquiétant. Il y a trente ans, en 1995, alors que nous n’étions que des collégiens, nous avons assisté au même spectacle, conséquence d’une dérive exclusionniste : une nation fracturée, se retournant contre elle‑même et contre ses enfants. »

Rien n’est plus urgent que cette reconstruction de notre unité.

Le temps de construire des ponts entre les Ivoiriens est venu. C’est là, notre mission à nous…nouvelles générations d’acteurs politiques.

Assalé Tiémoko Antoine

Député de la nation

Président de Adci

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