La présidentielle 2020 approche à grands pas et avec beaucoup d’incertitude. Le Rhdp qui veut voyager loin prépare déjà sa monture. D’où le méga meeting du samedi 27 juillet 2019 à Ferké.

Les onze régions du Rhdp du Grand Nord composées du Bafing, de la Bagoué, du Béré, du Boukani, du Folon, du Gontougo, du Hambol, du Kabadougou, du Poro, du Tchologo et du Worodougou ont répondu massivement à l’appel des organisateurs pour la cérémonie d’hommage au chef de l’État, Alassane Ouattara, démontrant qu’elles ont le contrôle de leurs différentes localités.

Le nombre d’autobus, en majorité de 70 places, qui ont convoyé la marée humaine et le fort déploiement des forces de l’ordre faisaient rêver au bon vieux temps pendant lequel, le RDR (Rassemblement des républicains) mobilisait tous azimut.

À la place Alassane Ouattara, lieu qui a accueilli ces milliers de personnes, rien n’a été laissé au hasard. Deux grands écrans géants (une à l’entrée et l’autre à la sortie) projetaient à l’extérieur toute la cérémonie en temps réel pour ceux qui n’ont pas pu avoir accès à l’entrée. Deux autres mini-écrans à l’intérieur permettaient aux populations de visionner de près tout ce qui se passait.

Dans ce décor digne des grandes campagnes américaines, les organisateurs ont dressé une vingtaine de bâches et installé des milliers de chaises à ciel ouvert. Malgré la canicule, la place Alassane Ouattara refusait le monde du site.

La bataille de la mobilisation a été un succès total, mais les populations sont restées timorées, observatrices peu acclamatives aux différents discours et même à l’arrivée du Premier ministre, ‘’Le Lion de la Savane’’ Amadou Gon Coulibaly. 

Une mobilisation qui suscite des interrogations. La foule de populations qui, généralement, pour des cérémonies applaudit à tout rompre au milieu des cris de joie et des chansons en chœur, est restée dans l’immobilisme.

L’annonce de l’arrivée de M. Gon Coulibaly a été faite par le son du groupe Magic System. L’apparence de la mobilisation cachait de loin, la popularité légendaire d’Alassane Ouattara et d’Amadou Gon Coulibaly dans cette partie du nord de la Côte d’Ivoire qui, à en croire certaines langues, est acquise au Rhdp.

Il y a eu un grand concert la veille, sûrement, c’est ce qui a fatigué les gens. ‘’Il fait très chaud. Les organisateurs auraient dû prévoir des bâches partout’’, se plaignait la foule.

À l’applaudimètre, aux chants et aux cris stridents, le Rhdp doit encore s’interroger sur  cet engouement qui a faibli dans son propre fief.

Alassane Ouattara serait-il victime de ses choix ? Sur le papier, le Rhdp fait peur dans ces dernières nominations au sein des coordinations, du conseil national et du bureau politique. Mais sur le terrain, il n’a pas tenu compte de la géopolitique. Le copinage et des figures qui ne font plus le poids devant les populations seraient les raisons essentielles.

Dans le Hambol par exemple, les coordinateurs régionaux sont tous de Dabalaka, et sont issus de l’ethnie Djimini. Il s’agit du ministre Ali Coulibaly, du président du conseil régional Konaté Ibrahim Kalil, de la présidente nationale du RFR Dr Joséphine Ouattara, et de Mme Ouattara Marie-Antoinette.

À Niakara et Katiola, le peuple tagbana se contente de la part congrue. Une grave erreur politique qui risque de coûter gros au Rhdp où des partis rivaux comme le Pdci-Rda, le FPI (déjà enraciné) et le Comité politique (de Guillaume Soro) tirent une grande partie des populations en leur faveur.

Le comité scientifique du Rhdp a-t-il pris en compte ces aspects dans les 31 régions de la Côte d’Ivoire ? Difficile de répondre avec exactitude à cette interrogation, mais pour le peu, les mêmes populations tournent au gré du vent politique. Entre espoir des cadres et élus, le désespoir a pris du volume. Même les grands chantiers (infrastructures routières) et la politique sociale (le prix de l’anacarde) annoncés par le Premier ministre n’ont pas arraché de cris de joie des populations.

Une autosatisfaction du Rhdp. Rien n’est encore gagné d’avance par le Rhdp dans son propre fief. Il ne faut donc pas se voiler la face dans une autosatisfaction en soutenant que c’est ‘’bouclé’’.

Ferkessédougou, chef-lieu de la région du Tchologo, vient de démontrer que l’étau se resserre sur le Rhdp qui est accusé par les proches de Soro Guillaume de ‘’harcèlement politique’’ et de ‘’pressions psychologiques’’ exercés contre les populations de Ferkessédougou et du Tchologo en vue d’obtenir leur adhésion forcée au RHDP.

Sériba Koné

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