[Côte d’Ivoire] Plus de 200 éleveurs de porcs de Songon saisissent le Premier ministre face à l’indemnisation toujours non versée
Un an après l’abattage sanitaire lié à la peste porcine africaine, les éleveurs tirent la sonnette d’alarme face à une crise sociale grandissante.
Abidjan, le 09 juin 2025 (lepointsur.com) — En Côte d’Ivoire, l’élevage porcin, autrefois en pleine expansion, traverse une période sombre. Le 11 mai 2024, la peste porcine africaine (PPA) s’est déclarée à Songon, dans le district d’Abidjan, à l’intérieur du pays.
La réponse des autorités sanitaires a été immédiate : plus de 17 000 porcs ont été abattus à Songon, et plus de 100 000 au niveau national, sur ordre de la Direction des Services Vétérinaires. Une mesure drastique qui, si elle a permis de contenir la maladie, a paralysé l’activité de centaines d’éleveurs.
Depuis, le silence des autorités pèse lourdement. « On nous avait dit que, selon la loi, l’indemnisation interviendrait entre six et huit mois après l’abattage sanitaire. Mais aujourd’hui, cela fait plus d’un an, et rien n’a été fait. C’est le silence total », déplore le président du collectif des pétitionnaires, visiblement éprouvé.
Une filière sinistrée par des pertes financières énormes
Les conséquences économiques sont désastreuses, avec des pertes cumulées estimées à plusieurs milliards de francs CFA.
Privés d’activité, les éleveurs se retrouvent sous la pression croissante de leurs créanciers.
« Aujourd’hui, nos banques et fournisseurs nous menacent de poursuites judiciaires. Nous ne parvenons plus à régler nos loyers, les frais de scolarité de nos enfants, ni même à subvenir aux besoins essentiels de nos familles », témoigne un éleveur accablé, documents à l’appui.
Indemnisations en attente : les éleveurs lancent un appel pressant au gouvernement
Face à cette situation intenable, le collectif des éleveurs de Songon a décidé de passer à l’action. Une pétition a été officiellement adressée au Premier Ministre, Chef du Gouvernement, également Ministre des Sports et du Cadre de Vie.
À cet effet, une pétition a été officiellement remise au Sous-préfet de Songon pour être transmise au Premier Ministre, Chef du Gouvernement.
Dans cette lettre ouverte, les éleveurs sollicitent son intervention directe auprès du Ministre des Finances et du Budget, afin que le paiement des indemnisations promises soit enfin effectif.
« Excellence, vous êtes la seule Haute Autorité vers qui nous pouvons nous tourner pour faire entendre nos voix », peut-on lire dans la pétition, empreinte d’espoir mais aussi de désespoir.
Relance en suspens malgré la détermination des acteurs
Malgré l’ampleur des difficultés, le collectif des éleveurs de Songon garde espoir et prépare déjà un plan de relance sécurisé. Mais sans indemnisation, toute tentative reste compromise.
« Nous sommes prêts à reprendre nos activités et à participer pleinement à la politique de l’État visant à assurer la sécurité alimentaire de la population ivoirienne, un projet cher à Son Excellence le Président de la République, Alassane Ouattara », insiste le président.
Le sort de centaines de familles dépend désormais d’une décision gouvernementale, et tous les regards sont tournés vers le sommet de l’État.
Médard KOFFI avec JK
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