Politique

Côte d’Ivoire Nouvelles nominations dans l’armée] Ouattara Issiaka (Wattao) et Traoré Zanan Hamed ont été bel et bien promus, selon un spécialiste de l’histoire militaire


Major à la retraite, Désiré Dakoury Gnabro, journaliste, reconverti en spécialiste de l’histoire militaire explique les récents changements structurels dans l’armée ivoirienne. À l’en croire, les officiers, Ouattara Issiaka (Wattao) et Traoré Zanan Hamed, ont été bel et bien promus ‘’de point de vue strictement militaire’’.

« Toute Armée évolue avec le temps. Y compris dans son organisation. Nous vous livrons ici un des chapitres de notre livre, actualité oblige. Et donc, pour mieux comprendre la portée opérationnelle des récentes nominations, il faut remonter à la naissance de l’armée ivoirienne.

En 1961, le Commandement effectif de l’ensemble des Forces armées, alors Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire), était assuré directement par le Chef d’État-major. Même la Gendarmerie nationale recevait directement du Chef d’État-major, les instructions relatives à l’exécution des missions d’ordre militaire. La Direction de l’Intendance militaire aussi avait ses pouvoirs de contrôle comptable étendus à la Gendarmerie. Ce qui n’est plus le cas à nos jours.

La situation de l’époque, dans plusieurs cas de figures qu’il serait fastidieux d’énumérer ici, présentait un déséquilibre au profit des Fanci et du Chef d’État-major. Aujourd’hui, et cela depuis les années 80-90-2000, les défauts d’une telle conception ont été corrigés.

Mieux, les composantes, Terre, Air et Mer, des Fanci, qui étaient directement gérées par le Chef d’État-major, ont acquis petit à petit leurs autonomies. La gestion financière de la Gendarmerie n’est plus assujettie au circuit de l’intendance des armées.

Aussi, à mon humble avis, le regroupement des unités rattachées à l’Etat-major, répond-il au souci de décentralisation amorcée depuis plusieurs décennies, afin de mieux coordonner et harmoniser les services.

La Garde républicaine, le Groupement des Sapeurs-pompiers militaires, l’intendance…, qui étaient directement rattachés à l’État-major sont, désormais regroupés autour d’un grand commandement. Les Unités rattachées à l’État-major général des armées (Uremga). Il a à sa tête (ce Commandement) le Colonel Ouattara Issiaka, ex- Commandant de la Garde républicaine.

Idem pour toutes les écoles militaires de l’armée. L’EFA, l’Ensoa, l’Empt, le Centre de formation des soldats à Séguéla, qui étaient également rattachées à l’État-major sont, également regroupées en un grand Commandement organique. Il s’agit du Commandement des Écoles et Centres de Formation (CECF). Il a pour chef, le Colonel-Major Traoré Zanan Hamed, anciennement sous-chefs d’État-major de l’armée de Terre. Exactement, comme cela se fait ailleurs dans le monde, notamment en France, à l’exemple du Commandement des Écoles de l’armée de l’Air, placé sous les ordres d’un général.

Le regroupement des unités est une norme qui s’impose aux grandes armées. D’ailleurs la Loi de Programmation militaire de 2016 en donnait déjà le ton. D’où la nomination de quatre directeurs généraux au ministère de la Défense, résultant du regroupement de plusieurs Directions, sous-directions et services de l’administration centrale.

Pour terminer, on peut affirmer que les deux nouvelles structures regroupées vont créer une certaine dynamique au sens managérial. On peut aussi le dire, sans se tromper, que pour les officiers précités, Ouattara Issiaka et Traoré Zanan Hamed, il s’agit bel et bien d’une belle promotion, de point de vue strictement militaire.

Après, toutes les formes de spéculations sont permises pour enrichir le débat. Respectueusement.

Merci. »

Major à la retraite, Désiré Dakoury Gnabro, journaliste, reconverti en spécialiste de l’histoire militaire.

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