[Côte d’Ivoire/Ministère des Eaux et forêts : Litige entre les codes forestiers 653 et 584] Un collaborateur de Donwahi accusé d’avoir fait du faux

Le ministre Alain Richard Donwahi doit prendre ce problème à bras le corps pour mettre fin à cette mascarade (PH/DR)
Abidjan, 27-3-2019 (lepointsur.com) Le 23 décembre 2009, Tano Richard propriétaire du code forestier 653 disposant de plusieurs périmètres, passe une convention de partenariat avec Sahly Samer, directeur général de la Nouvelle Scierie d’Adzopé (NSA).Dès le 1er janvier 2010, ladite convention prend effet. Le préalable de cette convention entre les deux partenaires stipule : « La NSA souhaite bénéficier, dans le cadre de ses activités, d’un code forestier et recherche à cet effet, le propriétaire d’un code forestier susceptible de mettre à sa disposition son agrément en qualité d’exploitant forestier, ledit code ainsi que les périmètres d’exploitation précédemment détenus et avenir. Le propriétaire conserve tous les droits attachés à son code forestier et au marteau. Il assure également n’être redevable d’aucun impayé vis-à-vis de l’administration forestière. » Sur la base de cet accord les deux parties ont travaillé de 2010 à 2016 sans heurts sur les 10 périmètres.
Le Colonel Bissamori a-t-il fait du faux ?
En 2017 se produit la grande arnaque. Tous les périmètres du code 653, on ne sait par quelle alchimie, sont attribués à la NSA avec comme nouveau code forestier 584. Comment cela a-t-il pu se faire ? Surtout que le propriétaire du code 653 n’a jamais fait de lettre d’abandon de ses 10 périmètres.
En règle générale lorsqu’un exploitant d’un périmètre ne souhaite plus continuer l’exploitation dudit périmètre, il rédige une lettre d’abandon du périmètre à l’intention du ministre des Eaux et Forets. Une autre personne intéressée peut alors en faire la demande. Que s’est-il alors passé dans le cas d’espèce ?
A la vérité une lettre d’abandon de périmètre existe bel et bien. Seulement elle n’émane pas de Tano Richard, propriétaire du code 653.Elle a été déposée au ministère des Eaux et Forets par la NSA, le 30 décembre 2016, et enregistré sous le N°02945.Bien plus grave, c’est que depuis le 09 décembre 2016 le ministre Louis-André DakouryTabley, alors ministre des Eaux et Forets, avait déjà signé la décision attribuant le code 584 aux responsables de NSA pour exploiter les périmètres couverts jusque-là par le code forestier 653. Tout est anti daté. C’est comme si l’on faisait l’extrait de naissance d’un enfant le 09 décembre 2016 alors que celui-ci est né le 30 décembre 2016.En effet, par décision06675/MINEF/DGEF/DEIF du 09 décembre 2016, Louis-André Dakoury Tabley a transféré tous les périmètres du code 653 à la NSA. L’article 2 de cette décision précise que la NSA << n’utilisera que le seul code 584>>. C’est là toute la gravité de l’affaire. Tout ce cirque, il faut bien le dire, selon Tano Richard, est l’œuvre d’une du colonel Konaté Bassimori, Directeur de l’Exploitation et des industries forestières. Il s’est agi en effet, de substituer le code 584 sur les 10 périmètres du code 653. Une violation flagrante des règles en vigueur.
Alain Richard Donwahi induit en erreur
Alain Richard Donwahi, on ne sait pour quelles raisons a été induit en erreur par le colonel Bassimori qui tentait par tous les moyens à attribuer les 10 périmètres de Tano Richard à Sahly Samer. Durant ces deux dernières années (2017-2019) au cours desquelles il n’a pu faire des activités, Tano Richard a arpenté tous les jours les couloirs de la DPIF. Rencontrant DG, Directeurs de cabinet, inspecteurs etc. Selon Tano Richard, l’actuel directeur de cabinet du ministre des Eaux et Forêts, Gbogou Didier Lohoury, aurait donné des instructions à l’inspecteur général, le colonel Kadio Adjoumani Aimé, aux fins de faire éclater la vérité sur cette affaire. Celui-ci a son tour, aurait demandé, toujours selon Tano Richard, au colonel Bassimori de rassembler toute la documentation se référant à ce dossier afin de trouver un terrain d’entente. En fait, selon Tano Richard l’Inspecteur général voulait procéder au partage des 10 périmètres entre les deux parties en conflit. Eh bien, le colonel Konaté Bassimori a préféré aller faire signer directement la reprise d’activités par le ministre Alain Richard Donwahi au profit de Sahly Samer. Ce qui permet à la NSA de travailler actuellement dans les 10 périmètres du pauvre Tano Richard. Le colonel Bassimori a ainsi a outrepassé les prérogatives du directeur de cabinet, celles de l’inspecteur général, du directeur des affaires juridiques et du contentieux, Charles-Louis Bogui, mais aussi celles de la commission d’analyse des demandes d’actes (CADA) qui, en principe, devrait se prononcer sur les dossiers avant de passer à la signature chez le ministre. Tano Richard expliqu’au cours d’une rencontre, le commandant Clarisse Diomandé, adjointe au colonel Bassimori aurait affirmé « vous pensez qu’à cause de vous seulement nous allons arrêter la scierie ? Nous allons faire signer la reprise des activités sans passer par la commission.» Et c’est ce qui a été fait.
Le silence troublant du colonel Bassimori
Saisi du dossier, nous avons approché le colonel Bassimori pour avoir sa version des faits. Le lundi 04 mars 2019 il nous a reçu à son bureau sis au 8ème étage de la Tour C. Le commandant Clarisse Diomandé, l’adjointe du colonel Bassimori assistait à la rencontre. Mais le colonel Bassimori s’est refusé à tout commentaire arguant être tenu par le droit de réserve, qu’il ne parlerait qu’après avoir obtenu l’autorisation de ses supérieurs hiérarchiques. Il nous a par ailleurs proposé de lui faire parvenir par mail, l’ensemble de nos préoccupations auxquelles il se ferait fort de répondre au plus tard le vendredi 08 mars 2019. Ce que nous avons fait dès le mardi 05 mars 2019. Mais les réponses ne sont jamais venues. Au contraire, entre le lundi 04 et le dimanche 10 mars 2019, c’est une avalanche de coups de fil que nous avons reçus de personnes que nous n’avions jusque-là pas rencontrées dans le cadre de cette enquête. Par exemple, Hermann Aman qui s’est présenté à nous comme étant du service communication du ministère des Eaux et Forets, nous a joint au téléphone le jeudi 07 mars par rapport à ce dossier. Le samedi 09 mars, Hermann Aman nous a promis que les réponses que nous attendions étaient prêtes, mais qu’elles devraient passer d’abord le lundi 11 mars, sous le regard bien critique du Directeur de cabinet du ministre Donwahi avant qu’elles ne nous parviennent. Jusqu’à ce jour rien ne nous est parvenu.
Pourquoi tant de frilosité, tant d’hésitations, tant de temps mis, de silence inexpliqué pour une affaire qui parait pourtant simple ? Il est bon de préciser que nous avons rencontré le samedi 09 mars2019, et cela à sa demande, Boidou Aurélien du service juridique de la NSA. Celui-ci certainement mis au courant de nos investigations par le colonel Bassimori, est venu nous faire connaitre sa part de vérité. Pourtant, le colonel Bassimori, directeur de la production et des industries forestières (DPIF), n’a pu donner la moindre réponse aux questions que nous lui avons adressées par mail à sa demande.
Jean-Philippe Okann (Une correspondance particulière)
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