Côte d’Ivoire-Médias/Avant les élections locales :Zio Moussa dresse le sombre bilan de la presse ivoirienne #média
Abidjan, 27-11-15 (lepointsur.com)-Le renforcement des capacités des journalistes sur les enjeux des prochaines élections législatives et municipales et le bilan du comportement de la presse pendant la présidentielle d’octobre 2015 est l’objet d’une formation organisée par le Fonds de soutien et de développement de la presse (Fsdp), du jeudi 26 au vendredi 27 novembre 2015, à la Maison de la presse d’Abidjan (Mpa).
Avant les élections locales:Zio Moussa dresse le sombre bilan de la presse ivoirienne #média
La première journée, au nom du président de gestion du Fsdp, Dembélé Yacouba, le directeur exécutif du Fsdp Mme N’Guessan Bernise a expliqué les raisons de la formation et tenu à remercier le ministre de la Communication, Affoussiata Bamba Lamine pour son soutien à la structure qui s’est soldé par l’obtention du « Prix Maria Kiwanuka pour l’excellence dans les médias: catégorie Institutions publiques africaines qui soutiennent les médias ». Un prix est décerné à l’Initiative des Médias d’Afrique (AMI).
Dans son allocution, elle a proposé à l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci), une « étude de faisabilité de renforcement de capacité de la Mpa », en réponse au président de ladite Union Traoré Moussa qui souhaite que les formations et autres cérémonies « se multiplient à la MPA » afin de permettre à cette maison de « vivre ».
Le président de l’Observatoire de la liberté de la presse, de l’éthique et de la déontologie (Olped), Zio Moussa, par ailleurs, formateur du jour a fait l’amer constat du comportement des journalistes pendant la présidentielle d’octobre 2015, en s’appuyant sur des écrits de certains confrères qui n’ont respecté ni l’étique, encore moins la déontologie qui régissent le métier de journalistes. Et ce, malgré la charte des éditeurs de presse qui, selon lui, est un instrument important d’évaluation du métier. « C’est un instrument constitutif qui fixe les droits et obligations des organes qui les ont signés« , a-t-il indiqué pour justifier l’appellation de la charte des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire de » convention interprofessionnelle ».
Durant plus de 4 heures d’horloge, le président de l’Olped a dressé un sombre bilan d’une presse ivoirienne qui doit se remettre en cause. Et pour cause, en 1985 selon le formateur, le seul quotidien Fraternité-Matin tirait plus de 100.000 exemplaires. A ce jour, plus d’une vingtaine de titres ne tirent que 127 000 exemplaires. « En 2015 par exemple l’ensemble de la presse a fait plus de 3 milliards Fcfa de chiffre d’affaires« , a soutenu Zio pour relever le problème de vente auquel les entreprises de presse sont confrontées. « Nous ne lisons plus les journaux, parce que les journalistes ne respectent plus l’étique et la déontologie de votre métier« , a révélé Zio Moussa, relayant les résultats des enquêtes réalisées sur le sujet.
Pour lui, le doute, l’interrogation et la réflexion sont des orientations pour le journaliste pour réaliser un écrit crédible. »Le journaliste doit imposer son professionnalisme au patron« , a conseillé le formateur pour démontrer aux yeux de ces derniers qu’ils demeurent responsables de leurs écrits devant la loi.
Pour mieux étayer son propos, et à travers des projections de diapositifs, il a donné l’exemple des trois journalistes rwandais qui, neuf ans après (1994) le génocide rwandais, ont été écroués à la Cour pénale internationale (CPI), en décembre 2003.
Cette cour a condamné à l’emprisonnement à vie Ferdinand Nahimana, promoteur de la RTLM, Hassan Ngeze, directeur du journal « Kangura » et Jean-Bosco Barayagwiza pour incitation au génocide. »Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a donné un message fort et dissuasif concernant l’utilisation des médias comme une arme de destruction massive« , a souligné Zio Moussa. Le président de l’Olped a renchéri, « dans cette affaire, la Chambre précise que les journalistes, au lieu d’utiliser les médias pour promouvoir les droits de l’homme, les ont utilisés pour attaquer et détruire les droits humains les plus élémentaires. Ils ont abusé de la confiance du public en utilisant les médias pour inciter au génocide ».
Cette formation prend fin vendredi 27 novembre 2015. Le président du Conseil national de la presse (Cnp) Raphaël Lakpé est annoncé comme l’un des formateurs.
Kpan Charles
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