Politique

[Côte d’Ivoire : Manifestations du front commun] Duékoué ouvre le bal dans les Montagnes


Depuis le jeudi 16 octobre 2025, la sous-préfecture de Guéhibly est devenue l’épicentre des protestations nationales contre le régime RHDP et l’exclusion de plusieurs figures politiques de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.

Guéhibly, le 17 octobre 2025 (lepointsur.com) – La petite sous-préfecture de Guéhibly, dans le département de Duékoué, a rompu, dans la matinée du jeudi 16 octobre 2025, avec la réserve initiale observée par les populations face au mouvement national de protestation du front commun “Trop, c’est trop”, lancé le samedi 11 octobre 2025 par le PPA-CI et le PDCI-RDA.

Zoom sur la manifestation de Guéhibly

Dernière sous-préfecture du département de Duékoué, située sur l’axe Duékoué-Man, Guéhibly a rompu avec le calme habituel à la suite de l’érection de barricades sur la voie internationale par des jeunes en colère. Ces derniers entendaient dénoncer le quatrième mandat du président Alassane Ouattara (ADO) et l’invalidation des candidatures à la présidentielle de figures majeures de l’opposition ivoirienne, notamment Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam.

Mme Djénéba Soumahoro, figure nationale de la contestation contre le 4ᵉ mandat d’ADO et l’exclusion de Gbagbo et Thiam à la présidentielle du 25 octobre

Face à cette montée de tension, les forces de l’ordre ont procédé à une intervention musclée pour disperser les manifestants, majoritairement non armés, en usant de gaz lacrymogènes. La journée du 16 octobre 2025 a ainsi été marquée par de violentes scènes de course-poursuite, au cours desquelles l’artiste “La Voix d’Or” a été grièvement blessé à la tête.

Guéhibly, point nodal des manifestations de l’opposition ivoirienne dans les montagnes

Dans le District autonome des Montagnes, et plus précisément dans la région du Guémon, la sous-préfecture de Guéhibly vient de donner le ton à la contestation politique. En effet, une manifestation s’est tenue récemment sur la voie publique, avant d’être dispersée quelques heures plus tard par les forces de l’ordre.

Loin d’être un acte isolé, ce mouvement traduit, selon un observateur averti, « un test grandeur nature des futures mobilisations contre les injustices perçues dans le processus électoral en cours, en prélude à la présidentielle du 25 octobre 2025 ».

En clair, les jeunes « Gladion » de Guéhibly viennent d’inscrire définitivement la région du Guémon sur la carte des localités ivoiriennes acquises aux idéaux du Woody de Mama et de TiThi.

Pourquoi la localité mythique de Bangolo peine-t-elle encore à emboîter le pas aux autres ?

Jadis connue pour son alignement sans faille sur les positions de l’opposition — en témoigne le boycott de la présidentielle de 2020 marqué par 0 % de suffrages exprimés et plusieurs urnes saccagées —, Bangolo semble, pour l’heure, à la traîne.

Outre l’arrestation nocturne d’un responsable des jeunes du PPA-CI à la veille de l’ouverture de la campagne présidentielle, le calme observé dans la localité pourrait s’expliquer, en grande partie, par les différentes campagnes de sensibilisation menées par M. Gah Yémonli Arsène, maire de la commune de Bangolo et Directeur départemental de campagne (DDC) du candidat ADO, accompagné de ses huit Directeurs locaux de campagne (DLC).

Sur le terrain, le bouillant DDC s’est employé à éveiller la conscience des populations sur les effets néfastes des manifestations violentes dans leur région. Ces échanges ont permis de tisser un véritable pacte de confiance avec la jeunesse, autour d’un message fort : promouvoir la paix, la cohésion sociale et le développement durable de Bangolo.

Vers un effet domino du mouvement de l’opposition dans les montagnes ?

À l’occasion du premier jour du mouvement de protestation lancé par le front commun « Trop, c’est trop », le samedi 11 octobre dernier, parmi les personnalités politiques interpellées figure Mme Djénéba Soumahoro, originaire de Biankouma, localité également natale des ministres Claude Sahi et Vagondo Diomandé. Militante active du PDCI-RDA, elle est par ailleurs présidente du mouvement Un Nouveau Souffle dans le Tonkpi.

Selon des sources bien introduites, son arrestation a jeté un froid glacial sur Biankouma, d’autant plus que son aîné y occupe la fonction de chef de canton de la Grande communauté Toura. Cet événement, qui survient après l’interpellation de l’honorable Kando Soumahoro de Kandopleu, village rattaché à Biankouma, pourrait-il pousser les populations locales à franchir le Rubicon en s’alignant sur la position de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam ?

« La rupture du dialogue entraîne toujours des manifestations », confie, lucide, un sage de Zouan-Hounien.

Lainé GONKANOU, Correspondant Régional

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