[Côte d’Ivoire] Le secteur financier s’active pour sortir de la liste grise du GAFI
Le secteur financier ivoirien se mobilise pour sortir de la liste grise du GAFI. À Abidjan, un workshop a présenté des solutions AML/CFT pour renforcer la conformité et restaurer la crédibilité du pays.
Abidjan, le 2 octobre 2025 (lepointsur.com) – Le secteur bancaire et financier ivoirien se mobilise pour relever l’un des défis les plus sensibles de son histoire récente : la sortie de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), où la Côte d’Ivoire figure depuis octobre 2024.
Le Seen Hotel d’Abidjan Plateau a abrité, le 1er octobre 2025, un workshop de haut niveau placé sous le thème « AML et Conformité : Enjeux, défis et solutions pour les établissements financiers ivoiriens ». Cette rencontre, organisée par TALYS, éditeur international de logiciels bancaires, et ST2I, intégrateur digital spécialisé dans les solutions financières, en partenariat avec l’APBEF-CI (Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers de Côte d’Ivoire), a réuni banquiers, régulateurs, experts du GAFI, institutions financières et partenaires technologiques.
La Côte d’Ivoire fait face à une urgence : restaurer sa réputation internationale et éviter les conséquences lourdes de son inscription sur la liste grise. Perte de correspondants bancaires, méfiance des investisseurs, ralentissement des flux financiers… autant de menaces qui pèsent sur l’économie nationale.
« La conformité AML/CFT n’est pas seulement une obligation, c’est un enjeu stratégique majeur de confiance et de stabilité », a affirmé Paul-Éric Sahly, Directeur Général Adjoint de ST2I. Pour sa part, Slim Mbazaïa, Directeur commercial Afrique de TALYS, a rappelé que « 50 % des pays de la liste grise sont africains, un risque énorme pour la crédibilité et la solidité des systèmes bancaires du continent ».
Au-delà des débats, le workshop a permis de présenter des solutions concrètes. TALYS a dévoilé son moteur de surveillance transactionnelle en temps réel, capable de détecter les comportements anormaux, générer automatiquement les rapports réglementaires exigés par la BCEAO et la CENTIF, tout en réduisant les faux positifs grâce à l’intelligence artificielle.
De son côté, ST2I a présenté un Data Pipeline permettant de centraliser et fiabiliser les données issues de divers canaux (KYC, SWIFT, Mobile Money, e-commerce), afin d’améliorer la traçabilité et la détection des opérations suspectes. Selon ses promoteurs, ces outils devraient non seulement répondre aux exigences réglementaires, mais aussi transformer la contrainte en véritable avantage compétitif pour les banques ivoiriennes.
Autour du panel d’experts figuraient notamment Samir Brahimi, ancien président du GAFI Moyen-Orient et Afrique du Nord, Daniel Béké, représentant de l’APBEF-CI, et Alain Badjé, président de la sous-commission Conformité de l’APBEF-CI. Tous ont insisté sur la nécessité d’une approche collective et de long terme.
« Sortir durablement de la liste grise du GAFI ne se décrète pas », a conclu Paul-Éric Sahly. « Cela se construit avec une vision claire, des outils adaptés et des partenaires fiables. »
Ce workshop marque ainsi une étape décisive dans la mobilisation du secteur financier ivoirien, qui entend faire de la conformité un levier de crédibilité et de croissance.
M. K avec SF