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[Côte d’Ivoire] Le cri du cœur des souscripteurs du projet de construction de la cité SICOGI d’Azito


Abidjan, 02-7-2019 (lepointsur.com) Les souscripteurs du projet de construction des résidences de la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (SICOGI) d’Azito vivent des situations plus ou moins insupportables depuis un moment. En cause : La société étatique n’a pas tenu ses promesses faites aux acquéreurs des maisons dès l’initiation de ce projet en 2013-2014.

Une visite des lieux le samedi 29 juin 2019, a permis à notre équipe de reportage de constater plusieurs anomalies et des manquements dans la réalisation dudit projet. En effet, la cité dont les clefs de la première tranche des résidences (235 logements : Duplex et Appartements)  ont été remises en novembre 2017, n’a pas de bitume, encore moins une clôture. Les matériels utilisés pour la construction se détériorent alors que, la plupart des maisons ne sont pas encore habitées.

L’espace réservé pour le Club House, l’espace vert et l’aire de jeux de la cité SICOGI d’Azito

Aussi, les caniveaux pour le drainage des eaux de ruissellement sont encore grandement ouverts. Une broussaille dans la cité et ses alentours, donne piètre allure à la cité où, il devait pourtant faire bon vivre. Une désillusion totale pour ces personnes qui, à la vue  des prospectus présentés par la SICOGI, ont placé leur confiance en ce projet par la qualité des maisons et le cadre de vie.

Démarré il y a plus de 5 ans, ce projet tant souhaité par le président ivoirien Alassane Ouattara, devait également permettre la construction entre autres d’une école primaire, d’un club house, d’un espace vert, d’une aire de jeux, le tout en bordure de lagune et un parking pour les véhicules. Mais rien n’a été fait par la SICOGI et la société sous-traitante qui a piloté les travaux, à savoir Agetur Internationale.

Le terrain prévu pour le parking-Auto est inachevé et est en train d’être envahi par l’herbe

Pis, les travaux de Voirie et réseaux divers (VRD), n’ont pas été faits, pourtant la cité est actuellement habitée. Donc dans les prochains mois, voire les semaines à venir les propriétaires qui,  par contrainte habitent déjà la cité verront leurs maisons inonder par les eaux usées. Aussi en attendant que le pire n’arrive, les habitants des appartements, ne peuvent pas utiliser l’eau courante à cause de la mauvaise installation des matériels pour acheminer l’eau dans le bâtiment. Dès qu’ils ouvrent leur robinet, toute la maison est aussi tôt submergée par l’eau.

«On a décidé de se mettre ensemble pour aller rencontrer les responsables de la SICOGI, afin de résoudre ces problèmes. Et, nous nous sommes entretenus avec eux à 3 reprises, dont 2 fois avec le directeur général, M. Bouaké Fofana, et une fois avec le conseiller du DG Ahidara Hamed. Et toujours, ce sont les mêmes promesses, mais les actions ne suivent pas», a révélé le président du Collectif des copropriétaires de la  cité SICOGI d’Azito, Korera Daouda.

La qualité du travail et du matériel installé par la SICOGI et Agetur International est douteuse. Une maison non encore habitée voit son plafond, installé nouvellement, chuter.

«On s’est battu pour avoir de l’eau, on s’est battu pour avoir de l’électricité et là encore, on continue de se battre. Cette fois-ci, il faut que la SICOGI réagisse avant l’année scolaire, pour que les parents qui ont des enfants puissent rester chez eux et scolariser leurs enfants», a-t-il poursuivi. Et d’ajouter : «On nous a vendu les maisons sur des prospectus avec de beaux plans. Donc cela nous a galvanisés pour payer nos maisons. Mais nous n’avons jamais vu le cahier de charge qui devait nous permettre de voir ce qui doit être fait ou pas. Et sur les prospectus on pouvait voir des gens qui étaient sur les Jet ski et c’était vraiment beau à voir. Pour nous c’était le cadre idéal. Car au lieu d’aller à Assinie pour passer de bons moments avec nos familles on pouvait le faire ici vu que notre cité donne sur la lagune».

L’eau usée stagnant dans les égouts , car ne pouvant pas être acheminée à destination finale à défaut de VRD

A côté de ces problèmes, il faut noter que l’absence de clôture, fait que les familles sont en proie à des délinquants. «Les soirs, ici c’est dangereux. C’est un nid de voleurs de fumeurs de drogue. Les familles vivant ici, côtoient en permanence les serpents. Et les maisons inachevées servent d’hôtels à certains individus», nous a fait savoir M. Daouda Korera.

Abondant dans le même sens, le vice-président des ivoiriens vivants en Belgique, Dakoury Francis, qui est l’un des souscripteurs de ce projet, s’est indigné de la façon dont la SICOGI a “Bâclé’’ les travaux. «Si on a acquis ces maisons, c’était dans le but d’avoir un toit. Alors pourquoi la SICOGI peut nous faire ça ? Pourquoi ? Ce n’est pas normal. Il faut qu’il y ait la bagarre pour ça ? On n’a pas besoin de bagarre. Il faudrait que la SICOGI nous donne nos maisons et dans de bonnes conditions. Parce que la maquette qu’ils nous ont présentée au départ et ce qui nous a été servie à l’arrivée c’est le jour et la nuit. Ce n’est pas sérieux», a-t-il déploré tout en indiquant que lors d’une rencontre avec les responsables de la SICOGI, M. Ahidara Hamed, leur a dit que le la société a un problème de financement et en que c’est l’Etat qui devait s’occuper du problème des VRD. Pourtant le coût des maisons, au niveau des appartements varie de 24 500 000 à 26 millions de FCFA pour les 4 pièces et Au niveau des duplex on est à 38 600 000 FCFA.

Les caniveaux sont ouverts, avec de l’eau à l’intérieur. Un véritable nie de moustique. Risque de Paludisme et de Dingue élevé

«Il ne peut avoir un problème de financement car vue les coûts des maisons, la SICOGI ne peut dire qu’il y a un problème de financement, après avoir mis la pression aux gens pour solder leurs dus. Nous on a fini de payer, donc on ne doit pas nous parler de problème de financement», s’est indigné M. Dakoury Francis.

Par ailleurs, il faut préciser que malgré la finition des travaux de la première phase de ce projet, plusieurs habitations de la cité sont quasiment vides, parce que les familles estiment que l’environnement ne les permet pas de venir habiter les maisons. Pour eux, les personnes qui sont installées actuellement dans la cité y sont malgré elles.

«Aujourd’hui, y a un gros problème qui se pose. Les gens sont allés prendre un crédit en vue d’avoir un toit en souscrivant à ce projet. Et ils n’ont pas encore fini de payer cette dette auprès de leurs banques. Mais entretemps, ils continuent encore de payer un loyer, juste parce que la SICOGI n’a pas pu tenir sa promesse pourtant nous lui avons fait confiance», a confié le président des copropriétaires de la cité SICOGI Azito, qui entend saisir le ministre de la Construction et du logement pour qu’il se penche sur leur cas, d’autant que ce sont plusieurs familles qui sont en souffrance dans cette affaire. C’est avec la gorge nouée qu’il a lancé un appel au président de la République pour qu’en cas d’échec avec le ministre, il prenne ce problème à bras le corps en tant que chef Suprême.

Georges Kouamé

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