Politique

[Côte d’Ivoire] Le cri de douleur d’une mère de Gagnoa après les violences électorales de 2010 et 2020


À Gagnoa, une septuagénaire reste hantée par la disparition de ses proches lors des crises post-électorales de 2010 et 2020.

Gagnoa, le 22 octobre 2025 (lepointsur.com) – La septuagénaire Nazékeya Bakayoko verse encore des larmes en pensant à la disparition de plusieurs membres de sa famille lors des crises post-électorales de 2010 et 2020 en Côte d’Ivoire, notamment à Abidjan et à Gagnoa.

Trois fils disparus à jamais

Elle ne les reverra sans doute jamais. Depuis 2010, aucune trace ni témoignage n’a permis de retrouver son fils Bakayoko Issoufou, aujourd’hui âgé d’environ 50 ans, père de deux enfants, ainsi que deux neveux dont elle avait la charge. Issoufou aurait disparu du village en avril 2011, au plus fort de la crise post-électorale.

Plus tard, lors du conflit politico-intercommunautaire de 2020, les deux fils de son frère ont également payé un lourd tribut. L’un a perdu la vie dans des circonstances encore non élucidées, tandis que l’autre n’est jamais réapparu.

« On dit qu’il serait mort en mer en tentant de fuir le pays, mais personne ne l’a confirmé », confie, le visage empreint de tristesse, la vieille dame.

Porté disparu depuis les douloureux événements de Téhiri, à Gagnoa, M. Issouf Bakayoko laisse derrière lui une famille toujours sans nouvelles

Le village de Téhiri, situé à 28 kilomètres de Gagnoa, a été durement touché par les crises de 2010 et 2020. En 2020, le bilan officiel faisait état de plus de quatre morts, de plusieurs disparus, d’une soixantaine de blessés et de 62 maisons détruites.

La plaidoirie de la dame du troisième âge

Aujourd’hui encore hantée par la disparition de ses proches, dame Nazékeya Bakayoko a lancé un vibrant appel à la jeunesse, le jeudi 9 octobre 2025 à Gagnoa, en faveur d’élections apaisées.
« Vraiment, cessons les disputes et allons aux élections dans la paix, car nous avons perdu certains de nos enfants dans ces palabres », a-t-elle déclaré, la voix chargée d’émotion.

Le cadre de la déclaration de la septuagénaire

La septuagénaire avait pris part à une journée de sensibilisation à l’intention des transporteurs et mécaniciens, axée sur la non-violence, la lutte contre la rumeur et la prévention des conflits en vue d’élections apaisées à Gagnoa, dans la région du Gôh.

Aujourd’hui, la paix revient progressivement à Téhiri, son village natal. Pour dame Bakayoko, cette rencontre a été l’occasion idéale d’adresser un message de sagesse à la jeunesse : celui de tourner la page des violences passées et de se souvenir que « seul Dieu donne le pouvoir, à qui Il veut, quand Il veut et comme Il veut ».

Plus de 200 participants, venus de tout le département de Gagnoa, ont pris part à cette journée organisée au foyer polyvalent, sous l’égide de la Direction de la prévention et de la gestion des conflits du ministère de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté.

Lainé GONKANOU, Correspondant régional, avec Edson Djédjé Capri à Gagnoa

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