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Côte d’Ivoire-Fermeture puis réouverture de la décharge d’Akouédo / Tout sur le jeu trouble de l’Etat


Photo de famille (Ph:Dr)

Photo de famille (Ph:Dr)

Dans le cadre de la fermeture brutale de la décharge d’Akouédo survenue lundi 6 octobre 2014, nous avons rencontré les services du ministère de l’Environnement et de la salubrité urbaine le mercredi 15 octobre 2014.

Cette rencontre fait suite à celle que nous avons déjà eue, le mardi 7 octobre 2014 avec la chefferie villageoise d’Akouédo. Sous réserve du Directeur de la communication absent, nous avons été reçus par Jean-Marc Nyncemon, l’un de ses collaborateurs.

Selon celui-ci, en effet, il ressort que la décharge devait être fermée depuis 2007, année au cours de laquelle l’Etat avait pris l’engagement de discuter avec la chefferie villageoise. Ainsi, cette décision avait donné lieu à certaines mesures conservatoires.

A travers les engagements issus du contrat qui lie désormais l’Etat au village qui abrite la décharge, il n’était plus question de revivre les mêmes problèmes environnementaux et sanitaires. Dès lors, l’urgence qui se présente est la fermeture de la décharge d’Akouédo, en vue de sa réhabilitation.

Pour ce faire, l’Etat a décidé de confier la gestion des ordures ménagères à un opérateur plus aguerri en la matière. D’où le choix de Wise Solutions, opérateur américain dont les compétences contribueront à enlever, transformer et valoriser les déchets des ménages abidjanais.

Pour le ministère de l’Environnement et de la salubrité urbaine, il s’agit de faire en sorte que le désordre n’existe plus dans le secteur de la gestion des ordures. Mais bien plus, que l’Etat aie un seul interlocuteur. A terme, il est prévu un financement qui chiffre entre 30 et 40 milliards Fcfa.

Cependant, l’autorité semble surprise par la réaction de la communauté villageoise d’Akouédo. A ce sujet, elle se fonde sur deux raisons évidentes. En effet, à travers la conférence de presse animée par le Professeur Alexandre N’Guessan, l’Etat voulait exprimer sa volonté de trouver une solution définitive aux difficultés des populations, eu égard aux nuisances causées par la décharge.

D’autant plus que, selon notre interlocuteur, « c’était plus qu’une nécessité de fermer, et réhabiliter la décharge d’Akouédo ». Puis de regretter que la communauté villageoise n’ait pas recouru au cadre d’échanges institué entre l’Etat et le village d’Akouédo.

Cependant, Jean-Marc Nyncemon a soutenu que juste après la fermeture de la décharge, des négociations ont été entreprises entre les deux parties, en vue de la réouverture de la décharge.

Sur le terrain par conséquent, le constat est que la décharge est à nouveau ouverte pour le bonheur des populations qui avaient commencé à subir les effets nocifs des amoncellements d’ordures à travers la ville d’Abidjan dus à la fermeture momentanée de la décharge d’Akouédo.

Dès lors, en attendant que le décret d’exploitation soit signé pour permettre à Wise Solutions de traiter les ordures ménagères dans le District d’Abidjan, la décharge reste ouverte.

Idiss Konaté

 

Akouédo / Voici les risques de maladies dus à la décharge

Plus de 49 ans de cohabitation avec les ordures ménagères ont fini par développer des maladies auxquelles sont régulièrement confrontées les populations d’Akouédo. Malgré le cri de cœur des populations, bien exprimé par la chefferie villageoise, ainsi que leur volonté de dépolluer et moderniser la décharge qui porte le nom du village, rien n’est fait pour arranger les choses.

Pendant ce temps, malheureusement, plusieurs nuisances dues à la décharge se sont développé dans le village. Il s’agit notamment du lixiviats. Qui, selon le document mis à notre disposition par la communauté villageoise, est le résultat du chemin de l’eau qui a infiltré, percolé et ruisselé à travers les déchets pour se retrouver au fond de l’alvéole de stockage.

C’est ce que les populations appellent communément, ‘’le jus des poubelles’’. En effet, selon le même document, l’eau de pluie participe de la dégradation des déchets stockés. Ce processus aboutit à la méthanogène.

La production massive de celui-ci engendre des risques de pollution des sols, des rivières et des nappes phréatiques. Il concentre en lui seul, divers organismes pathogènes ainsi que des bactéries et virus, agents pathogènes de maladies telles que l’hépatite A.

Il faut donc comprendre que le potentiel de contamination de l’eau est relié à la présence de substances toxiques et pathogènes dans le lixiviats. Evidemment, les populations d’Akouédo sont exposées aux substances présentes dans le lixiviats, par absorption directe d’eau contaminée, ou au cours d’activités récréatives aquatiques.

Au bout de ce long processus de pollution, les riverains du village d’Akouédo sont exposés à diverses pathologies dont celles causées par des bactéries. Il s’agit entre autres de la shigellose. Une maladie aiguë du colon et de l’intestin grêle qui se manifeste par de la diarrhée, la fièvre, les vomissements, le sang dans les selles. La période d’incubation se fait en 07 jours.

La fièvre typhoïde, avec pour symptômes les douleurs abdominales, la fièvre, les frissons, la constipation, l’hémorragie ou perforation intestinale, dont la période d’incubation se fait en 03 jours.

A côté de cela, il y a des maladies dues à des virus. En l’occurrence, l’hépatite A qui se manifeste par de la fièvre, les malaises, l’anorexie, les nausées. La période d’incubation se fixait entre 15 et 45 jours.

Idriss Konaté

 

Entretien / Rififi autour de la fermeture de la décharge d’Akouédo / Génération Tchagba et Chefferie villageoise :

‘’Nous n’avons jamais été approchés’’

Au grand dam de tous, le vendredi 03 octobre 2014, le Professeur Alexandre N’Guessan, directeur de cabinet adjoint du ministre de l’Environnement et de la salubrité urbaine, annonçait, au cours d’un point de presse, la décision unilatérale de l’Etat ivoirien de fermer la décharge d’Akouédo. Annonce qui a entraîné une atmosphère délétère entre les populations et les opérateurs du secteur de la gestion des ordures ménagères installés sur le site. Cette sitation a été diversement interprétée, tant dans la presse que par l’opinion nationale et internationale. Pour situer les responsabilités et éclairer la lanterne des uns et des autres, nous avons échangé avec la chefferie de ce village Ebrié qui, depuis bientôt 49 ans, prête son site à la décharge.  

Pouvez-vous nous faire l’historique de la décharge qui porte le nom de village et qui fait couler assez d’encre et de salve ?

Koutouan Evariste : (Représentant des jeunes de la génération Tchagba (Ph:Dr)

Koutouan Evariste : (Représentant des jeunes de la génération Tchagba (Ph:Dr)

Koutouan Evariste : (Représentant des jeunes de la génération Tchagba) : Merci de l’opportunité que vous offrez, à travers moi, au village d’Akouédo de ne pas  mourir dans le silence.

« En effet, il ne s’agit plus de décharge, mais plutôt de poubelle qui porte le nom d’Akouédo installée depuis 1965. C’est un dépotoir qui s’étend sur une superficie de153 hectares et une profondeur 25 m. Une sorte de ravin dans lequel sont déversées quotidiennement les ordures ménagères. Avec le temps, ce dépotoir a fini par rattraper le village. »

En son temps, ce dépotoir avait été jeté par la Sitaf qui avait des équipements requis. Ensuite, la société Ash international a pris le relai à partir de 1995. C’est à partir de cette date que notre décharge s’est malheureusement transformée en dépotoir. Aujourd’hui, vous constatez avec nous les désagréments que cela cause à notre village. Les nuisances et les risques environnementaux sont énormes. L’impact sanitaire sur les populations est factuel. L’impact psychosocial n’est plus à démontré. La crainte d’Ebola a amené le village s’est mobilisé pour prendre des dispositions idoines à prendre, de façon à prévenir les risques d’intrusion de cette épidémie au niveau d’Akouédo exposé à ce risque eu égard à la présence de la décharge. La prévention du risque a ainsi amené les villageois à créer un comité de veille à l’hygiène et à la salubrité. Cependant, la mise en place de ce comité de veille coïncide avec la fin du protocole d’accord signé entre l’Etat de Côte d’Ivoire et le village d’Akouédo dans le cadre de l’exploitation de l’espace de la décharge.

Quelles étaient les clauses de ce protocole avec l’Etat ivoirien ?

Koutouan Evariste : En son temps, le protocole rappelait les clauses d’investissement que devait faire l’Etat au bénéfice d’Akouédo et de ses populations.

« Mieux, aider le village à être plus salubre. Il s’agissait de la construction d’un hôpital et la validation d’un projet de lotissement ».

De sorte à éviter que l’extension d’Akouédo progresse vers le site de la décharge.

Que gagnait la jeunesse au titre de ce protocole qui arrive à terme ?

Koutouan Evariste : Ce que la jeunesse gagne c’est la vie. La préservation de la vie de leurs aînés ainsi que celle de l’ensemble des jeunes.

En termes d’emploi, qu’est-ce que les jeunes du village ont gagné au cours de ce protocole ?

Koutouan Evariste : Permettez-moi de rappeler la pensée du philosophe Aristote qui disait et je le cite : « Tout homme qui naît dans l’esclave, l’est pour l’esclavage ». Voyez-vous, en 1965, nous n’étions pas encore nés. Et c’est dans la dans la décharge que nous sommes nés. Depuis 1965, il n’y avait pas eu de protocole qui nous liait à l’Etat de Côte d’Ivoire. C’est seulement en 2006 que le Président Laurent Gbagbo a signé un protocole avec le village. Prenant ainsi en compte, les préoccupations immédiates du village. Pour nous cela se présentait comme une lueur d’espoir qui devait aller grandissant, pour s’élargir sur divers autres aspects. C’est pourquoi, en son temps le village avait salué la signature de ce protocole qui établissait désormais un pont entre le village l’Etat. Comprenez que la jeunesse en elle-même est partie intégrante du village. A ce titre, les jeunes ont pu bénéficier de quelques projets. En l’occurrence la création de microprojets. Pour ce faire, le village a permis l’installation de nombreux jeunes. Il y a des prises en charge au profit des élèves et étudiants du village, ainsi que des emplois octroyés à certains jeunes d’Akouédo.

Pouvons-nous retenir que l’Etat a respecté ses engagements vis-à-vis de la jeunesse du village ?

Koutouan Evariste : Comprenez que l’Etat n’a pas pris d’engagement formel avec les jeunes. C’est avec le village d’Akouédo que l’Etat a pris un engagement. Toutefois, nous pouvons dire que l’Etat n’est pas arrivé au bout de ses engagements. D’autant plus que les engagements pris dans le protocole de 2006 n’ont pas été entièrement satisfaits. L’engagement majeur qui prévaut aujourd’hui et pour lequel nous disons que nous n’avons pas été pris en compte, c’est que nous n’avons pas droit à la vie. Car, tout projet s’inscrit dans la vie et pour la vie. Partant de là, nous pouvons dire que nous n’avons pas tiré grand-chose du protocole. A part qu’il y a eu quelques indemnisations çà et là pour nous contenter. S’il y avait une réelle volonté politique de mieux faire, nous ne serions pas en train de rappeler ce protocole au niveau de certains points  qui avaient déjà mentionnés. Je voudrais surtout insister sur les décès en cascade de nos parents du fait de certaines maladies vectorielles dues à la proximité avec la décharge d’Akouédo. Le taux de létalité de la décharge sur le village d’Akouédo est au-delà de 50%. Nous vivons dans un environnement mortifable. C’est pourquoi, au niveau de la jeunesse, nous estimons que ce qui doit prévaloir aujourd’hui, c’est notre droit à la vie qui est la conséquence de la signature du protocole de Kyoto signé et ratifié par l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous voulons simplement prévenir la maladie dans un environnement sain.

N’est-ce pas un bras de fer que vous avez engagé avec l’Etat, fermeture hermétique de la principale voie d’accès à la décharge d’Akouédo ?

Koutouan Evariste : Nullement ! Il n’y a pas de bras de fer entre l’Etat et nous.

Nous venons à vous monsieur le Porte-parole de la chefferie villageoise. L’autorité villageoise a-t-elle été approchée par l’Etat avant de trouver des sites de remplacement à la décharge actuelle, eu égard au protocole d’accord qui lie les deux parties ?

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Akouani Hyppolite (Porte-parole de la chefferie villageoise d’Akouédo)

Akouani Hyppolite (Porte-parole de la chefferie villageoise d’Akouédo) :

Merci de l’occasion que vous offrez à la chefferie de se prononcer sur le dossier très complexe de la décharge d’Akouédo. Je voudrais vous rappeler qu’il y a eu quatre protocoles depuis 2006. Le premier remonte à 2006 lors du déversement des déchets toxiques. Ensuite, il y a eu le protocole de 2007 au plus haut niveau de l’Etat avec le Président de la République. Ce protocole a été repris en 2010. Il constitue le troisième. Puis en 2013, il y a eu un avenant au protocole de 2010. Ce qui constitue le quatrième accord. Nous sommes maintenant au stade du cinquième accord, pour lequel nous marquons notre refus par rapport à un certain nombre de préoccupations que nous avons présentées, en tant que chefferie à l’autorité.

Que disait ce cinquième accord ?

Akouani Hyppolite : Le cinquième accord ou avenant N°2 devrait pouvoir répondre aux insuffisances de l’avenant N°1. C’est-à-dire, les engagements qui avaient été pris par l’Etat et qui n’ont pas pu être exécutés au terme de l’avenant N°1, devaient repris dans l’avenant N°2. Nous avons marqué notre opposition en demandant à l’Etat de revoir sa copie par rapport aux préoccupations du village.

Sur quoi portaient les préoccupations du village?

Akouani Hyppolite : Il faut dire que depuis les premiers protocoles, ce sont pratiquement les mêmes engagements qui ont été repris et renforcés qui, malheureusement, n’ont pas été exécutés par l’Etat. Ainsi, de 2006 à 2013, soit environ sept années de coopération avec l’Etat sans grand succès. Ce qui constitue pour nous, une indifférence de l’Etat vis-à-vis de nos préoccupations.

Dans vos préoccupations, est-ce qu’il avait été pris en compte la couverture de la décharge qui est encore à ciel ouvert ?

Akouani Hyppolite :

« Les engagements de l’Etat, après négociations, se situaient à quatre niveaux. Dès lors, au titre de la décharge, il y avait un certain nombre de choses que l’Etat s’était engagé à faire. A ce niveau précis, l’Etat devait procéder à la fermeture de la décharge et engager la procédure de sa réhabilitation ».

Mais, bien avant, il était d’abord question de réduire les nuisances en utilisant de nouvelles techniques de gestion. Il fallait dépolluer les sites encore contaminés. Pour ce faire, un appel d’offres était prévu pour trouver l’opérateur compétent pour traiter les ordures selon les normes modernes. Et puis, à la fin de l’exploitation, procéder à la fermeture officielle du site par décret pour, enfin engager la réhabilitation. C’était en fait, un ensemble d’engagements précis qui avaient été listés concernant la décharge.

Cela date de quand ?

Akouani Hyppolite : De 2006-2007. A ce niveau, on peut dire un certain nombre de promesses ont été réalisées. Toutefois, plusieurs autres restent en souffrance. Le deuxième type d’engagement se situe au niveau financier. Il était question que l’Etat intéresse le village par rapport à l’utilisation du site de la décharge. Notamment l’indemnité compensatrice de l’exploitation mensuelle. A ce niveau, il était question que l’Etat reverse mensuellement une somme d’argent dont le montant a été arrêté d’un commun accord entre les deux parties. Fort heureusement, ce montant a été régulièrement payé jusqu’au dernier protocole. Troisième type d’engagement, il s’agit de la réalisation de projets communautaires. En effet, à travers cet engagement, l’Etat s’était engagé à réaliser de nombreux projets communautaires au profit des populations. Notamment la construction d’un hangar pour les femmes, d’un centre commercial, et d’un foyer polyvalent au profit des jeunes. Mieux, l’Etat avait fait la promesse de bitumer plusieurs artères d’Akouédo. Au plan social, il y avait la réalisation d’actions de salubrité et d’hygiène, telles la démoustication, la dératisation et la lutte anti vectorielle. Et aussi le nettoyage des artères du village. Il y avait aussi des projets à caractère social destinés aux femmes et aux jeunes. Dans le cas des déchets toxiques, l’Etat s’était engagé à faire un suivi dans le traitement des victimes secondaires que constituait la population d’Akouédo. A cela, s’ajoutait le projet de construction d’un lycée et un projet d’exploitation de sable du côté de la baie lagunaire. Malheureusement sur tous ces projets énumérés, seulement le 1/3 a été réalisé. Le quatrième niveau d’engagement de l’Etat se situe au niveau foncier. Il était convenu que l’Etat mette à la disposition du village, un cabinet de géomètres experts, en vue d’accélérer tous les plans de lotissement du village encore en souffrance au ministère de la Construction. Là encore, rien n’a été fait de façon concrète. Concernant la purge des droits coutumiers, d’autant que l’Etat avait pris un certain nombre de terres à son profit. En guise de dédommagement, il  était prévu que l’Etat verse des purges aux villageois. Sur 292 hectares, l’Etat devait reverser environ 2,880 milliards Fcfa, à raison de 1000 Fcfa le mètre carré. L’Etat a commencé à payer, mais il reste encore une bonne partie à éponger. Cela pour vous dire qu’il y a beaucoup d’engagements qui ont été pris vis-à-vis du village d’Akouédo et qui n’ont pas été entièrement respectés. Le cas flagrant reste le bitumage des voies annexes dont les travaux avaient débuté pour subitement s’arrêter, on ne sait pourquoi. La communauté villageoise ne comprend pas l’attitude de l’Etat vis-à-vis d’elle. Ce qui nous a amené à manifester notre mécontentement lors de la récente rencontre avec les émissaires de l’Etat.

Aujourd’hui, le constat est que l’Etat a décidé de rompre le contrat en queue de poisson. Le dépotoir existe et il décide unilatéralement de s’en aller. Quel commentaire pouvez-faire ? Désormais, vous avez votre site, qu’est-ce que vous comptez en faire ?

Akouani Hyppolite : Je pense que ce n’est pas une rupture.

« L’Etat ne rompt pas, d’autant plus qu’il s’était engagé, en accord avec la communauté villageoise, à aller jusqu’au bout du contrat. Ainsi que continuer la réhabilitation de la décharge. C’est au niveau de l’avenant N°2 que l’Etat et le village ne se sont pas entendus ».

A ce niveau, il était question que le village accepte de signer avant de pouvoir réaliser les engagements. Condition que le village a rejeté. Car, pour les villageois, il est nécessaire de réaliser les engagements avant de s’engager dans un autre contrat. Nous voulons préciser que c’est d’un commun accord que l’Etat et le village d’Akouédo avait décidé de la fermeture de la décharge, en vue de sa réhabilitation. Vous comprenez qu’il n’y a pas de rupture en tant que telle. Ce sont juste des incompréhensions de parcours. Parce que l’Etat veut que le village signe avant de réaliser les engagements antérieurs, alors que la communauté villageoise demande le contraire. Au demeurant, lorsque nous avons approché les Tchaba (Ndlr : catégorie des jeunes du village), ils nous ont fait savoir que cette fermeture avait pour but d’interpeller l’Etat sur les préoccupations du village qui avaient été mentionnées lors de la dernière rencontre. Ce qui, d’ailleurs, ne remet pas en cause une quelconque forme de négociations. Car, notre volonté n’est pas de mettre en difficulté l’Etat de Côte d’Ivoire avec qui nous sommes en partenariat depuis un certain moment. Tout ce que nous voulons, c’est de mettre fin aux nuisances dues à  la décharge. Ce n’est donc pas un bras de fer. Là-dessus, nous disons ici merci à l’Etat pour les engagements honorés. Notre souhait est qu’on s’asseye à nouveau pour échanger sur ce qui reste à faire.

La décision de fermeture vous a-elle surpris ?

Akouani Hyppolite : Bien évidemment !

« Là où on attendait l’Etat, c’est qu’il nous dise à quel niveau de réalisation nous sommes quant aux termes des différents protocoles d’accord qui engagent les deux parties ».

Malheureusement, il a préféré annoncé la décision de fermeture de la décharge sans toutefois, se prononcer sur la préoccupation majeure des populations qui reste la dépollution du site de la décharge d’Akouédo.

Devant la forfaiture de l’Etat qui semble ne pas tenir compte du contrat qui le lie au village d’Akouédo, quel est le recors que vous comptez utiliser ? Pensez-vous porter plainte contre l’Etat de Côte d’Ivoire ?

Akouani Hyppolite : Nous allons décider de l’attitude à tenir au cours d’une réunion officielle. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous avons un protocole d’accord en bonne due forme signée avec l’Etat de Côte d’Ivoire qui n’a pas été respecté. Pour nous, la décharge reste ouverte jusqu’au terme du contrat qui prend fin dans quinze mois à partir du mois de juillet 2014. Comme je l’ai dit plus haut, l’humeur des Tchagbas répond à un souci d’interpellation de l’Etat sur les engagements non respectés.

« Nous nous disons que le Président n’est pas saisi du dossier concernant la décharge et le village d’Akouédo. C’est pourquoi cela traîne ».

Nous sommes convaincus que si c’était le cas, des solutions auraient été trouvées allant dans le sens de la décrispation. Car, l’Etat a suffisamment de moyens pour trouver une solution définitive à la question d’Akouédo

Réalisé par Sériba Koné et Idriss Konaté  

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