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[Côte d’Ivoire éducation nationale] La réponse de Théodore Gnagna Zadi sur les revendications des enseignants qui portent sur l’argent


Dans une publication parue le mardi 12 mars 2019, j’ai fait des propositions de sortie de crise. Aujourd’hui je voudrais apporter quelques réponses à tous ceux qui, comme certains Diplomates occidentaux et des Hautes Autorités du pays, se demandent pourquoi, les revendications des enseignants ne portent que sur l’argent et jamais sur les questions d’ordre pédagogique et les conditions de travail.

Sans vouloir justifier les excès des uns et des autres, qu’ il me soit permis de faire un rappel de l’historique de la dégradation continue des conditions de vie des fonctionnaires en général et des enseignants en particulier .

– À partir de 1970, le président Houphouët-Boigny dans sa volonté de rattraper le retard de notre pays en matière de formation des cadres, prend des mesures incitatives pour attirer les jeunes ivoiriens vers le métier d’enseignant peu attractif à cette époque.

Ainsi, les baux administratifs sont institués ainsi que le décrochage des enseignants en 1976. Ces mesures permettaient à tout ceux qui acceptaient de devenir enseignants d’avoir des logements meublés, équipés et gratuits ainsi qu’un salaire supérieur à celui des autres fonctionnaires. C’était l’âge d’or de la fonction enseignante!

À partir de 1980, la situation économique du pays se dégrade avec la détérioration des termes de l’échange, le prix du cacao périclite, l’argent commence à manquer, le scandale des baux administratifs éclate (détournement massifs).

Le gouvernement ivoirien décide de mettre fin aux baux administratifs, finie la gratuité du logement pour les enseignants, des indemnités contributives au logement sont proposées, refus du synesci qui va en grève. Une grève très dure. Le président Houphouët-Boigny en colère réquisitionne les enseignants et leur octroie d’autorité des indemnités plus faibles que celles qu’ils avaient refusées (40 à 50000 Fcfa). La crise prend fin dans la douleur. Ces indemnités n’ont connu aucune amélioration jusqu’à ce jour.

En 1988 un autre coup dur est porté aux fonctionnaires et particulièrement aux enseignants plus nombreux ; le blocage des avancements. Une mise entre parenthèses du droit des fonctionnaires et ainsi des fonctionnaires sont allés à la retraite en ayant le même salaire du début à la fin de leur carrière, un véritable crime!

1991, troisième coup porté aux enseignants, le raccrochage qui a consisté à réduire de moitié le salaire des nouveaux enseignants et cela a duré 10 ans. Cette mesure inique a instauré la démotivation et la réduction du niveau de l’enseignement, car le slogan de ces enseignants était « petit argent petit travail. « 

Autre blessure, le Statut général de 1992 qui introduira dans le profil de carrière des enseignants, deux grades qui n’existent pas ailleurs le grade A1 et A2, pour retarder la promotion des enseignants. Et le comble, le plafonnement de la promotion de l’enseignant au grade A3, alors que les autres fonctionnaires allaient jusqu’en A7. C’est en 2009 que cette situation a été corrigée après des grèves.

Comme on le voit, la situation des enseignants et des fonctionnaires en général, s’est dégradée au fil des années. Les mesures prises ces dernières années par l’État à savoir, le déblocage des avancements, le paiement des arriérés et autres sont certes salutaires, mais sont encore faibles pour redorer le blason terni des fonctionnaires et des enseignants en particulier.

A bientôt pour ma suite et bonne lecture!

Théodore Gnagna Zadi , président de la Plateforme nationale des organisations professionnelles du secteur public (PFN)

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