[Côte d’Ivoire/Dr Abou Armel N’dauguié (PPA-CI) à propos des élections locales 2023] « Gbagbo, Bédié et Ouattara sauront créer les conditions pour des élections apaisées »
Agboville, 19-04-2023 (lepointsur.com) Pour des élections locales apaisées en Côte d’Ivoire en octobre et novembre 2023, Dr Abou Armel N’dauguié, secrétaire national technique chargé de la protection sociale du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a sa petite recette. A l’en croire en effet, Gbagbo, Bédié et Ouattara sauront créer les conditions pour des élections apaisées si ces monuments de la politique ivoirienne joue franc jeu. Dans une interview accordée à votre organe de presse préféré lepointsur.com, Dr Abou Armel N’dauguié fait en outre l’état des lieux du parti créé par l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo à Agboville, sa localité, tout en se projetant sur les prochaines joutes électorales dans le pays.
“ Le développement doit aussi prendre en compte les problèmes sociaux que les gens ont. C’est-à-dire l’éducation, la santé, les opportunités économiques pour la jeunesse, etc. ’’
Même si vous n’êtes pas le fédéral d’Agboville, comment va le PPA-CI à Agboville ?
Avec la note que je ne suis pas la voie indiquée pour donner l’état des lieux d’Agboville, je peux tout de même dire que le PPA-CI continue de faire parler de lui au niveau d’Agboville. Il y a, certes, des difficultés mais le PPA-CI demeure une force politique à Agboville.
Lors d’une remise de tricycles et de vivres par le PPA-CI à des associations féminines à Ery-Makouguié 1, vous avez dit que le développement doit se faire dans la dignité. Qu’est-ce que cela revêt ?
Ce que nous voulons dire dans un premier temps, c’est que le développement est une affaire de tous. Et je ne connais personne qui se réveille le matin et espère que sa situation qu’il vit soit pire que lorsqu’il s’est réveillé. On aspire tous à aller de l’avant. Ça veut dire que chacun de nous veut le bien-être. Et c’est ce que le développement apporte. Toutefois, ce développement doit se construire dans le respect des individus à qui on apporte le développement. Il faut respecter leur choix de développement et leur volonté d’avancer à un certain rythme en tenant compte de leurs aspirations et leur dignité. Pour nous, le développement dans la dignité, c’est un concept que nous voulons voir bien compris au niveau de nos frères et sœurs d’Agboville…
Je voudrais prendre l’exemple des brouteurs qui s’enrichissent illicitement et qui recherchent le bonheur que l’argent leur permet d’avoir. C’est comme s’ils avaient raison de le faire pourvu qu’ils aient l’argent pour s’offrir ce qu’ils veulent. Vous êtes d’accord avec moi que très peu de personnes encouragent cela. Et nous ne les y encourageons pas car, la voie empruntée n’est pas recommandée. Pour nous, le développement dans la dignité, c’est qu’on ne doit pas se développer à tous les prix. Le développement doit tenir compte de ce qui nous est cher et important pour nous. Pour un être humain, le respect qu’on lui doit, c’est le respect de ses opinions, de sa pensée, de son désir de poser les pas les uns après les autres comme il le veut. Malheureusement aujourd’hui, la notion de développement semble ne pas rencontrer cette compréhension au niveau d’Agboville, où on nous fait croire que le développement n’a pas de prix. On doit tout sacrifier au nom du développement. Cela doit nous amener à réfléchir. À Agboville, on dit qu’il y a le goudron et que tout a changé en terme de bitumages. Donc, il y a développement.
Quel est votre avis là-dessus ?
Oui. Nous voulons quand même ne pas refuser de voir que nous avons du goudron. Certains aspects de la ville ont été pris en compte dans des programmes d’infrastructures. Mais en même temps, je constate aussi que nos écoles sont délabrées. J’ai visité, il n’y a pas longtemps, les différents lycées et écoles primaires publics d’Agboville. J’ai constaté que les enfants ont du mal à aller aisément à l’école à cause des longues distances qui les éloignent de leurs lieux d’habitation. À cela, il faut ajouter que quand les enfants sont orientés à Agboville, ils sont confrontés au crucial problème de logement. L’accès à des soins de qualité est aussi un grave problème. Tout ça fait partie du développement. Pour nous, le développement doit mettre l’homme au milieu des préoccupations. Or, ce développement, tel qu’il est pensé aujourd’hui, ne met pas l’homme au centre des préoccupations. Pourtant les infrastructures accompagnent aussi l’homme. Le développement doit aussi prendre en compte les problèmes sociaux que les gens ont. C’est-à-dire l’éducation, la santé, les opportunités économiques pour la jeunesse, etc. Et pour l’instant, nous n’en sommes pas encore arrivés là pour qu’on dise que les aspects que je viens d’énumérer rencontrent l’assentiment de la grande majorité de nos compatriotes à Agboville. D’ailleurs, ces infrastructures sont réalisées avec les moyens des citoyens. Que l’État nous donne l’eau, le goudron, l’électricité, ce n’est qu’une contrepartie de ce que nous payons comme impôts et taxes. Mais le PPA-CI a des solutions centrées sur l’individu.
“ Parlons d’élections. Nous avons vu avec beaucoup d’inquiétudes ce qui s’est passé dans la région de la Mé, à Adzopé, avant et après la visite du président Laurent Gbagbo. Ensuite, Stéphane Kipré, vice-président du PPA-CI, empêché d’entrer dans un village à Vavoua à l’Ouest et aussi à Kani, dans le Nord. ’’
Hier, Agboville était acquis à la cause de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, avec le PPA-CI, le nouveau parti qu’il a créé, peut-on dire que c’est la même situation, hier ? Ou n’avez-vous pas d’inquiétudes à ce niveau ? Le PPA-CI est-il confortablement assis à Agboville ?
À ce niveau, je peux dire que la politique étant dynamique, aucun parti ne peut prétendre être assis confortablement tant que tu ne mobilises pas tes troupes et les bases pour pouvoir les maintenir dans la vision. Et c’est ce travail que nous faisons au niveau du PPA-CI. Nous reconnaissons que nous sommes un nouveau parti avec des habits anciens. Et le travail avance bien au niveau de la commune où un travail efficace a été fait. Toutes les sections sont animées par des secrétaires de section et cela montre la vitalité de notre parti qui a plus d’une vingtaine de sections. C’est un acquis à maintenir. Nous avons une large majorité de la population qui n’a pas encore déterminé son choix politique. Notamment les nouveaux majeurs qui ont besoin d’être intéressés davantage à la chose politique, à la vision de notre parti et être dans la vision du président Laurent Gbagbo, qui prône une Côte d’Ivoire souveraine qui prend en compte les aspirations des individus. Qui n’occulte pas l’intégration sous régionale qui renforce la sécurité, le mode économique et le vivre ensemble des populations Ouest-africaines. Voilà le côté panafricaniste de notre parti et le côté socialiste qui voudrait prendre en compte les aspects de la vie de l’individu que sont : la santé, l’éducation, l’artisanat et les PME.
Vous qui êtes membre du secrétariat général, est-ce que le président Laurent Gbagbo n’a pas une oreille très tendue vers Agboville qui se trouvait être son fief à l’intérieur du pays lors de sa gouvernance ?
En tant que membre du secrétariat général, nous savons que le président Laurent Gbagbo et toute la haute direction sont très regardants pour tout ce qui se passe à Agboville. Et cela traduit l’intérêt que représente Agboville pour la haute hiérarchie. C’est aussi une source de motivation pour faire en sorte que ce département d’Agboville et la région de l’Agnéby-Tiassa demeurent un bastion du PPA-CI, malgré les assauts répétés des autres partis. Mais, nous travaillons à ce que le parti reste un bastion dans la zone… C’est pourquoi les cadres doivent s’investir pour transformer notre ville et la vision du département dans la dignité.
Parlons d’élections. Nous avons vu avec beaucoup d’inquiétudes ce qui s’est passé dans la région de la Mé, à Adzopé, avant et après la visite du président Laurent Gbagbo. Ensuite, Stéphane Kipré, vice-président du PPA-CI, empêché d’entrer dans un village à Vavoua à l’Ouest et aussi à Kani, dans le Nord.
“ Chacun doit faire la politique dans sa chapelle politique et cela ne doit pas nous empêcher d’être frères et sœurs et vivre ensemble dans la même contrée, dans la même localité. ’’
Comment interprétez-vous cela ? N’est-ce pas une source de violences pour les élections à venir ?
La réalité est que tout ça fait partie de la politique qui est aussi faite d’intimidations. Nous comprenons qu’à certains endroits des individus ne veuillent pas qu’il y ait le multipartisme et la démocratie. Mais, en même temps que nous disons ça, nous interpellons les acteurs de la politique dans les villes et dans notre pays pour leur dire que les populations aspirent à la réconciliation et à la paix. Nous devons réapprendre à faire la politique dans la paix et à faire la politique de l’acceptation de l’autre et de la différence. Nous devons aussi réapprendre à accepter de se parler même quand on n’est pas d’accord avec ce que dit l’autre. Il ne faut pas avoir trop d’inquiétudes parce que nous sommes dans la bonne direction malgré quelques soubresauts çà et là. Dans la grande majorité, on se rend compte qu’il y a un désir qui doit être accompagné par les acteurs politiques très importants que sont les trois présidents des trois partis politiques les plus importants. À savoir les présidents Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Nous voyons qu’il y a un désir de leur part de booster la réconciliation. Nous souhaitons et appelons de tous nos vœux que les autres cadres des différents partis politiques se retrouvent dans ce message et dans cette dynamique. Autant nos leaders sont ensemble, nous devons nous aussi, au plan local, être ensemble pour faire la politique différemment. Chacun doit faire la politique dans sa chapelle politique et cela ne doit pas nous empêcher d’être frères et sœurs et vivre ensemble dans la même contrée, dans la même localité. Il est vrai que les signaux que nous avons, en ce moment, sont inquiétants mais je pense que nos leaders ont pris la mesure de la situation. Et, ils vont se donner les moyens pour pouvoir aider à créer les conditions d’élections apaisées.
Interview réalisée par Georges Kalégnon, correspond régional