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Côte d’Ivoire, deux grosses plaies à « panser » (Par Pascal Roy)


– L’inversion des valeurs et l’insensibilité à la question de la responsabilité

Docteur Pascal ROY Philosophe-Juriste-Politiste-Coach politique-Analyste des Institutions, expert des droits de l'Homme et des situations de crises-Médiateur dans les Organisations-Enseignant des Universités-Consultant en RH-Écrivain-Chroniqueur.Ph.Dr

Docteur Pascal ROY Philosophe-Juriste-Politiste-Coach politique-Analyste des Institutions, expert des droits de l’Homme et des situations de crises-Médiateur dans les Organisations-Enseignant des Universités-Consultant en RH-Écrivain-Chroniqueur.Ph.Dr

Les disputes politiciennes qui sont les nôtres sont la marque de notre liberté et doivent être constamment encadrées par les règles et les vertus démocratiques. Malgré toutes nos différences, la plupart d’entre nous, nous partageons certains espoirs quant à l’avenir de la Côte d’Ivoire. Nous voulons que nos enfants grandissent dans un pays où ils auront accès aux meilleures écoles, aux meilleures administrations et aux meilleurs centres de santé; un pays qui se montre à la hauteur de son ambition de leader en économie, en technologies, innovations et découvertes, avec les emplois qualifiés pour ses jeunes, ses femmes et les nouvelles entreprises qui en découlent; un pays fondé sur les promesses de solidarité, de civisme, de bonheur et de liberté citoyenne et républicaine.

« Une preuve de la liberté tuerait la liberté », écrivait laconiquement le philosophe Alain. Sans doute voulait-il dire que prouver l’existence de la liberté la rendrait inévitable, et par là même la rendrait contraignante. Mais si la liberté ne se prouve pas, elle s’éprouve, en particulier lorsque nous en ressentons les limites, dont il existe au moins deux sortes : les unes intérieures, les autres extérieures. Ainsi, les nouvelles sciences de l’esprit mettent en doute notre libre arbitre. Mais il nous est impossible de renoncer à cette idée. Ainsi, l’univers du droit vient sans cesse nous rappeler que notre liberté finit là où commence celle d’autrui. Pourtant, c’est aussi lui qui nous offre la possibilité même d’en jouir. Les libertés de penser, de s’exprimer, de disposer de son corps et de ses biens, d’aller et venir sont des droits fondamentaux affirmés par les sociétés démocratiques. Mais leurs limites concrètes sont à chaque fois le résultat d’un compromis qui ne fait pas le bonheur de tous.

C’est pourquoi, il nous faut de la clairvoyance citoyenne et un plein exercice du libre devoir de chaque être car la construction et l’enracinement du développement sont l’œuvre de chacun. Chacun de nous doit être le ressort de la paix, du développement, de la solidarité et du bonheur au sein de nos différentes sociétés. Dans cette société du théâtre des apparences et des ruses, la débauche de communication masque très souvent l’ignorance, l’incompétence ou le manque de vertus. On donne l’illusion de traiter des choses qui sont en réalité contournées et remplacées par des jeux de loisirs, d’intérêts égocentriques et de léthargies sociales.

On ressent alors, de plus en plus, la nécessité de retourner à des valeurs simples et authentiques, des valeurs de démocratie et de bonne gouvernance. La conscience humaine de notre peuple a besoin de nouvelle direction dans sa gouvernance et dans les comportements et les mentalités de ses citoyens. C’est pourquoi il faut un sursaut républicain de haute conscience et forte intellectualité de ses acteurs politiques, en première ligne le Chef de l’État, Monsieur Alassane OUATTARA.

Le défi de l’IVOIRIEN NOUVEAU et de l’ÉMERGENCE exige de la rectitude dans les comportements, des correcteurs dans les manières de voir autrui, de lire la société, d’écrire la République, de conduire les responsabilités de service public et de gérer les affaires étatiques.

Chacun peut faire tourner et développer la Côte d’Ivoire grâce à ses mains ou à son ingéniosité. Grâce à tous il y a une agriculture, l’élevage, des techniciens, des ingénieurs, des médecins, des éducateurs, des savants et des maîtres d’ouvrage qui arpentent des briques de développement en vue d’un état émergent. C’est à tous les citoyens de construire le développement et donc l’émergence à travers leurs comportements et leurs œuvres : les encombrements administratifs, les tapages sociologiques ridicules et les médiocres récompenses politiques ne suffiront pas.

Les mutations politiques, économiques et sociales profondes générées par la mondialisation à l’échelle planétaire n’ont pas épargné́ nos différents pays qui doivent redoubler leurs efforts non seulement pour leur émergence économique mais également et surtout pour répondre efficacement et avec efficience aux attentes et aspirations légitimes et de plus en plus croissantes de leurs populations. Ainsi, l’émergence de nouvelles valeurs universelles liées à la bonne gouvernance de l’État doit imposer la remise en cause de la conception classique du rôle de l’Etat et ses modes d’organisation et d’intervention dans les différentes sphères politique, économique et sociale et la nécessité́ pour l’Etat d’être animé et conduit par des gens capables de s’adapter en permanence à son environnement et à sa société.

La modernité ivoirienne en construction et qui serait centrée sur la satisfaction des besoins du peuple et des individus, tout en capitalisant au mieux les ressources du pays, doit soigner quelques grisailles.

C’est pourquoi je voudrais dénoncer avec véhémence le mal fait aux nations par les politiciens « carriéristes », « analphabètes démocratiques » et « arrivistes » qui oublient le service des autres, l’intérêt général pour ne penser qu’à leurs intérêts personnels; ces hommes et ces femmes qui ensorcellent nos Chefs d’États, utilisent le peuple, les institutions, leurs frères et leurs sœurs – ceux-là mêmes qu’ils devraient servir – comme d’un tremplin pour leurs propres intérêts et leurs ambitions personnelles.

Le carriérisme, en effet, désigne l’état d’esprit, l’attitude des personnes qui n’exercent une activité que pour satisfaire leurs intérêts personnels et leurs ambitions. Il peut s’exercer au sein d’une entreprise, d’une association, d’un parti politique, d’un syndicat, d’un gouvernement… Le concept de « carriérisme » a une connotation péjorative car il sous-entend la volonté de faire carrière à n’importe quel prix, sans s’embarrasser de scrupules. Pour le carriériste politique, la fonction est uniquement un moyen d’obtenir un statut et il ne vit que de ses fonctions politiques arborées de cumul, en faisant preuve d’une grande habileté dans les intrigues de la vie politique, là où on serait en droit d’attendre de lui l’exercice de compétence qui produit du résultat.

Pascal Roy.Ph.Dr

Pascal Roy.Ph:Dr

Ce phénomène de fuite met en lumière le fait que de nombreux cadres de notre État se comportent comme des individualistes, avant tout, préoccupés d’eux-mêmes. Là se situe d’ailleurs, à mon avis, le mal principal dont souffre l’Etat : ce qui obère son fonctionnement ce ne sont ni la lourdeur, ni la centralisation, ni le poids des contrôles, comme on le prétend souvent. La pathologie première qui est – et a toujours été – la source de la plupart des dysfonctionnements est bien le carriérisme. Cet état d’esprit carriériste et profiteur se manifeste sous plusieurs formes : Les cadres des services étatiques (Directeurs, PCA, Ministres…) se préoccupent de tout autre chose : pour l’essentiel, ils se consacrent à leur carrière. Ils s’emploient à entretenir leurs réseaux de relations ; à se faire valoir dans des réunions superficielles et vaines ; à surveiller la carrière des camarades de promotion ; à intriguer pour occuper un poste plus élevé. La règle de base consiste à utiliser les fonctions dans lesquelles on vient d’être nommé comme point d’appui pour obtenir un poste supérieur : on rend des services, on nomme un tel, on « pistonne » tel autre, en espérant le moment venu un « renvoi d’ascenseur« . Bien entendu, ces cadres dépensent aussi beaucoup d’énergie à se battre pour leur condition et pour bénéficier des signes extérieurs du pouvoir : surface de bureau, nombre de subordonnés, volume de crédits, montant des primes… On n’hésitera pas également à consacrer du temps à des activités annexes, valorisantes, rémunératrices ou ludiques (missions à l’étranger, interventions rémunérées dans des colloques, nombre exponentiel d’assistantes ou de maîtresses…), qui seront autant d’occasions fructueuses pour le carriériste.

Les carriéristes préfèrent, le plus souvent, tenir leur supérieur dans l’ignorance. Ils lui cacheront les faits qui vont à l’encontre de son opinion, sachant que ce supérieur appréciera peu qu’on lui montre qu’il s’est trompé. De même, la plupart des hauts fonctionnaires se gardent bien de porter les mauvaises nouvelles à la connaissance de leur hiérarchie : mettre en exergue des choses qui vont mal, place en effet les supérieurs dans l’obligation d’agir, ce qu’ils n’ont généralement aucune envie de faire. Chacun se garde donc bien de regarder la réalité de trop près et ne livre de toute façon aux échelons supérieurs qu’une version édulcorée de ce qu’il a observé. Au sommet de la pyramide, le Chef de notre État, soigneusement désinformé, ne reçoit que des informations filtrées, arrangées voire reconstruites.

Une autre technique bien connue pour occuper le terrain tout en ne faisant rien de substantiel, consiste à multiplier les rapports, les commissions, les comités, les séminaires, les journées d’études, les colloques, les salons, les événements, les commémorations … Toute cette activité vide de sens fait vivre le petit monde des marchands de vent et des enfonceurs de porte ouverte (les consultants, les agences de communication…), en permettant aux responsables (ministres, PCA, directeurs généraux…) d’organiser leur promotion personnelle aux frais du contribuable. Avant tout gouvernés par leur intérêt personnel – mais ils sont en cela à l’image de la société dans son ensemble – les hauts fonctionnaires trouvaient jusque-là intérêt à effectuer leur carrière au sein de l’Etat. Et quand le pouvoir passe ailleurs…, ils suivent le pouvoir et quittent donc le navire. Rien de plus cohérent, n’est-ce pas Paysan Savoyard…?

La première des grosses plaies de la vie socio-politique ivoirienne, comme en Afrique en général, touche à l’inversion des valeurs. En Afrique, les vraies idées et les bonnes personnes sont marginalisées, mises sous éteignoir et « privées d’existence » sinon « éliminées« , à défaut de les contraindre au mutisme par l’octroi de postes de fromage pour certains et des allocations de fidélité pour d’autres confinés dans des bureaux politiques fétichistes. L’Afrique est probablement le seul continent au monde où l’inversion des valeurs est naturalisée par héritage d’une histoire de violence exogène : soit des médiocres, des criminels, des prévaricateurs parviennent au pouvoir, soit ils encerclent les tenants du pouvoir; ceux qui se donnent comme continuateurs de l’ordre répressif et spoliateur que l’Afrique subit depuis des siècles, émergent dans leur médiocrité nécessaire et triomphante. Tandis que les gens honnêtes et compétents sont méthodiquement et violemment écartés, réduits au silence, éliminés ; c’est pour cela que des gens finissent par prendre les armes, bien que cela ne soit pas la solution idoine.

La deuxième plaie touche à l’insensibilité à la question de la responsabilité. Dans les grandes démocraties du monde, la problématique de la responsabilité politique est très intériorisée : aussi bien par les institutions que par les individus. La presse dévoile des irrégularités et des affaires éclatent. Et si un homme politique est visé, il n’attend pas d’y être obligé avant de présenter sa démission. Dans certaines nations où l’exigence de responsabilité se conjugue avec l’observance de règles éthiques et l’influence culturelle, certains hommes politiques fautifs n’hésitent pas à faire contrition, à s’excuser publiquement en versant des larmes ; d’autres dans des gestes plus dramatiques vont jusqu’à mettre fin à leurs jours, tellement ils regrettent leurs fautes et n’y trouvent pas plus haute sanction que la mort. En Côte d’Ivoire, comme en Afrique en général, rien de tel. Nos hommes politiques sont sans états d’âme, même en ce 21ème siècle. D’abord nos institutions, souvent instrumentalisées, ne jouent pas leur rôle et les hommes politiques au pouvoir sont quasi intouchables. Si la presse, qui n’est pas sous contrat, parvient à révéler une affaire, pendant quelques jours, on observe une agitation politique ou médiatique puis l’affaire passe vite dans un sommeil profondément oublieux. Aucune affaire ne donne lieu ni à une enquête sérieuse, ni à un procès qui aille à son terme. L’impunité est une règle non écrite qui régit la vie politique ivoirienne et africaine. Et pourtant, il en est de la responsabilité pénale comme des autres formes de la responsabilité politique.

Ainsi est formaté l’entendement de nos dirigeants qui ne comprennent pas de la même manière que leurs homologues des grandes Démocraties ce que leur fonction et leur mission comportent de service et de devoir envers le peuple. En définitive, seule semble compter la longévité politique de nos dirigeants! Peu importe les nombreux et fréquents manquements à leur responsabilité, des crimes multiformes commis au pouvoir.

Les hommes politiques ivoiriens et les conducteurs des grands services de l’État et de l’Administration publique ont de la peau éthique tellement dure qu’ils restent insensibles à l’idée de démissionner comme c’est le cas dans les grandes Démocraties du monde et, malheureusement, cela est quasi systématique sur le continent.

PASCAL ROY1On s’agrippe aux postes, on s’accroche au pouvoir, on modifie au besoin la constitution pour s’y éterniser, malgré les marres de sang, les haies de cercueils et les spectacles affligeants de blessés.

Personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi des plus forts d’un temps, des plus mesquins, des plus nuls et à ceux qui sont plus enclin à la corruption. Ce n’est pas la démocratie, c’est de la nourritocratie, c’est de la tyrannie, même si de temps en temps on y sème une élection ça et là. Il est temps que ce style de gouvernement disparaisse…, pour parodier OBAMA lors de son séjour de premier mandat au Ghana.

Pourvu que les pus des plaies de gouvernance et les bactéries politiciennes ne réussissent pas à enfumer et à parasiter la fécondation de l’IVOIRIEN NOUVEAU…!

Certainement que les fondamentaux propulseurs de l’IVOIRIEN NOUVEAU s’annonceront! Pour l’instant, aucun signe d’espoir n’est visible dans le ciel socio-politique post-électoral de la Côte d’Ivoire! Monsieur Alassane OUATTARA ne doit pas laisser souffler un vent de désenchantement précoce  ! Il est invité à être vigilant dans ce qu’il veut être pour la Côte d’Ivoire, en rachetant le temps avec une sagesse aiguë, car les jours peuvent être mauvais: la météo politique étant imprévisible et capricieuse. Ne soyez donc pas sans lucidité et sans courage, mais comprenez quelle est la volonté de votre peuple qui vous a reconduit pour un second mandat et commencez par l’assumer sans trop tarder dans les réglages nécessaires et inexorables à opérer pour que l’Ivoirien Ancien passe le flambeau à l’IVOIRIEN NOUVEAU, du haut vers le bas de la pyramide étatique, en impulsant et en donnant de l’étoffe à la prise de conscience républicaine au niveau de chaque pièce de l’édifice de la gouvernance administrative, économique, sociale et politique.

Nous ne pouvons pas rester immobiles sur cette rive de notre Histoire…

Docteur Pascal ROY PhilosopheJuristePolitisteCoach politiqueAnalyste des Institutions, expert des droits de l’Homme et des situations de crisesMédiateur dans les OrganisationsEnseignant des UniversitésConsultant en RHÉcrivain-Chroniqueur

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