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[Côte d’Ivoire/Cocody-Angré] Des populations exacerbées par des pollutions sonores


– Le ministère de la salubrité tarde à réagir

Abidjan, 10-06-2020 (lepointsur.com) Les habitants de Cocody-Angré 8e Tranche ne savant plus où mettre de la tête. Et pour cause, une entreprise spécialisée dans la confection de panneaux publicitaires, s’est installée juste à côté de l’hôtel Résidence Niablé, dans ce quartier huppé de la capitale Abidjanaise.

Selon Madame Ly Amissatou épouse Barry, une habitante de ce  quartier, cette entreprise collée à sa maison pertube leur quiétude en longueur de journée depuis plus de 3 mois.

« Au début, on croyait que c’était des travaux passagers. Mais au fil des jours, les bruits devenant de plus en plus gênants, je me suis  rendu à deux reprises sur les lieux, pour comprendre ce qui se passait. Le gardien m’a refusé carrement l’accès. La deuxième fois, je lui ai posé la question suivante : les bruits qui se font à l’intérieur, c’est une entreprise qui y travaillle ou ce sont des travaux qui se font de façon provisoire ? Il m’a répondu que c’était provisoire », relate-elle.

Avant d’ajouter  ceci : « J’ai été hospitalisée le week-end surpassé à cause de ces bruits qui ont fait monter ma tension artérielle à 20. Et depuis, je suis obligée de passer la journée dans les couloirs de ma maison, pour ne pas trop recevoir les bruits. Car leur atelier fait face à ma chambre. Vraiment même s’ils n’ont pas pitié, qu’ils aient peur de Dieu », se plaint Mme Barry, visiblement marquée par cet état de fait.

La véracité de cette situation d’inconfort est  confirmée par le gérant de l’hôtel Résidence Niablé, qui émet des inquiétudes. « Nous avons plusieurs fois échangé avec eux pour leur demander de faire moins de bruits et de revoir leurs horaires de travail. Mais ils sont vraiment entêtés. Certains clients  menacent  de ne plus revenir à cause de ces bruits très stridents.  Vraiment, la situation est intenable », a-t-il déploré.

Vu que les bruits devenaient persistants, le couple Barry décide alors de saisir l’Agence nationale de gestion des déchets (ANAGED), en charge également de la lutte contre les nuisances sonores afin de trouver une solution à leur problème. « Le gérant de l’entreprise a été convoqué par le ministère de la salubrité et par la suite, ils nous ont demandé de trouver un terrain d’entente. Venue s’excuser le lendemain, le parton de l’entreprise M. Paul Nouama nous a expliqué que c’est compte tenu de la fermeture des centres de formation des métiers de la ferronnerie, due à la crise sanitaire, qu’ils font leurs travaux là, le temps d’achever des commandes des clients », ont-ils expliqué.

Un accord violé par les mis en cause

Après la convocation de l’entreprise par le ministère de la salubrité, les deux partis ont été priés de trouver un accord. Mais aux dires de Monsieur et Mme Barry, l’entreprise n’a pas respecté son engagement.

« Au début du mois dernier, M. Kanon le gérant de l’entreprise nous a adressé un document dans lequel il nous a signifié qu’ils travaillerons de 9h à 13 h sans mentionner un délai dans lequel ils devront arrêter leurs travaux. Comme souhaité par ma femme et moi. Après avoir lu son document, je leur ai demandé par écrit de fixer un délai assez raisonnable pour l’arrêt définitif de leurs travaux  et proposé également 12h au lieu de 13 h pour l’heure à laquelle ils doivent cesser de travailler,  dans la journée, avant de lui retourner son document »,  indique M. Barry Mamadou Alpha, qui précise que depuis cette date, la situation a fortement empiré, puisqu’ils étendent désormais leurs horaires de travail jusqu’à 17 h parfois même 18h.

Le ministère de la salubrité ne bronche pas

A la suite de ce constat, le couple est allé à nouveau, interpellé à plusieurs reprises le ministère en charge de la salubrité, mais jusqu’à ce jour, l’institution n’a pas encore réagit.

Approché lors de notre passage sur les lieux le vendredi 5 juin 2020, le gérant de la société M. Kanon, bien que reconnaissant les préjudices causés par son entreprise, a indiqué que cette situation est due à la fermeture des centres de formation des métiers de la ferronnerie qui se chargeaient de faire leur travaux avant l’avènement de la crise sanitaire.

« Nous savons que cette situation n’est pas intéressante. Mais en tant qu’entreprise, c’est difficile pour nous d’arrêter nos travaux  comme le demande la famille Barry, tant que ces écoles ne rouvrent pas. Voilà, c’est là le nœud du problème. Sinon nous travaillons de 9 h à 12 h comme convenue pour ne pas empiéter sur la quiétude des voisins ».

Un argument rejeté par M. Amani Kadjo,  président des riverains du  quartier Angré 8e tranche, qui voit en cela une sorte de défiance et une fuite en avant.

« Ici, c’est un quartier résidentiel et non une zone industrielle. Il parle de réouverture des écoles. Mais comment font-ils lorsque ces écoles vont en vacance ? C’est un argument qui ne tient pas. Qu’il arrête de nous distraire. Nous demandons tout simplement qu’ils délocalisent leurs travaux dans une autre zone. Et s’ils veulent engager un bras de fer, nous le ferons. D’ailleurs, nous avons lancé une pétition et nous ne comptons pas nous arrêter là », affirme- t-il, avec un air de déception.

Il convient de rappeler que, les nuisances sonores sont classées dans l’ordre des polluants en matière de protection de l’environnement. Les pratiques et autres activités qui les occasionnent dans les zones d’habitation, au détriment des populations qui y vivent  sont interdites en Côte d’Ivoire, par un décret adopté à cet effet, voilà quatre ans.

Il s’agit du décret N°2016-791 du 12 Octobre 2016 portant réglementation des émissions de bruits de voisinage. L’atelier incriminé par ces habitants d’Angré, pour pollution sonore est bien frappé par ladite disposition. En outre, dans le code ivoirien de l’environnement, cette pollution est également décriée et réprimée.

Boubakar Barry

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