Politique

[Côte d’Ivoire Candidature du Président Alassane Ouattara] La réponse de Wakili Alafé à Serges Kassy


Abidjan, le 10-08-2020 crocinfos.com Les interventions du patron de L’Intelligent d’Abidjan, Wakili Alafe, lors des débats sur les plateaux de la télévision concernant la candidature du président Alassane Ouattara dérange. Nous vous proposons l’intégralité de sa réponse à l’artiste Reggae, Serges Kassy

Je pars de trois idées simples :

1) Un journaliste, dans une presse partisane, peut appeler à voter pour un candidat. Mais, si les journalistes du Nouveau Réveil sont légitimes à défendre la candidature de Bédié, si les journalistes de Le temps sont légitimes à défendre les idées du Président Laurent Gbagbo, si d’autres journaux sont légitimes à faire de même, quel est le reproche que l’on peut faire à L’Intelligent d’Abidjan, d’autant plus que le journal n’appelle pas encore à voter pour tel ou tel candidat.

Et lorsque j’interviens sur les plateaux de télévision, le patron de L’Intelligent d’Abidjan, que je suis, explique simplement pourquoi la candidature d’Alassane Ouattara est, selon moi, constitutionnellement recevable, comme est recevable celle du Président Bédié, tout simplement parce la constitution adoptée en 2016 fixe de nouvelles règles.

2) Le débat sur la légitimité de la candidature d’Alassane Ouattara doit s’inscrire dans un cadre démocratique, chacun avançant des arguments en faveur ou contre cette candidature. C’est ce que propose L’Intelligent d’Abidjan, dans son édition du lundi 20 août, page 6, lorsqu’il donne la parole à un  cadre RHDP (Bema Fofana), un cadre PDCI (Kamagaté Brahima) et un membre de la société civile (Désirée Douati). Le journal fait également un résumé des contributions sur Rfi de Adama Bictogo, Assoa Adou et Maurice Guikahué.

Chacun s’exprime librement, un journal comme L’Intelligent d’Abidjan n’étant que le réceptacle d’un débat contradictoire.

3) Les réseaux sociaux tendent à hystériser le débat politique et servent de « porte-voix » haineux à toutes sortes d’individus qui prétendent parler au nom du peuple, distillent de la haine et s’érigent en procureurs du tribunal de l’Histoire sans aucune légitimité.

L’artiste Serge Kassy appartient à cette cohorte d’individus qui, intervenant dans le débat politique, hystérisent les débats, appelant à la haine du journaliste qui leur déplaît, car ils n’ont ni l’intelligence suffisante ni les arguments nécessaires, politiques ou juridiques, pour  défendre un point de vue.

Comparons le court texte de Serge Kassy, qui m’accuse d’avoir « appeler dramane à violer la constitution qu il s est taillée » (sic ! du Kassy dans le texte), et la longue explication, solidement argumentée, du Dr Guibessongui N’dation Severin, docteur en droit, avocat, qui conclut sur la légitimité de la candidature d’Alassane Ouattara en 2020.

​Mais, Serges Kassy ne s’arrête pas à l’insulte et aux accusations, il prétend parler au nom du peuple et il convoque Ouattara devant le tribunal de l’Histoire : « je voudrais au nom des ivoiriens, lui dire, que tout ce qui en découlera de la candidature de dramane, il en sera responsable, et nous nous donnerons les moyens quelque soit le temps, de le faire comparaître devant les tribunaux, pour répondre de ses actes ». (Je cite Serge Kassy sans corriger son orthographe).

On retrouve l’accusation portée contre Wakili Alafé qui, pour Serge Kassy, fait partie de « tous ceux qui auront encouragé dramane à violer cette constitution ».

Être un bon artiste ne garantit pas d’être un bon constitutionnaliste ni un fin chroniqueur politique. Argument qui revient : Kassy prétend parler au nom du peuple. Il écrit : « le peuple ivoirien, désormais a l œil sur vous, c est de ca il s aagit. »

​La signature est une forme de ruse : « Juste la voix de l’artiste ».

Cette fausse modestie ne doit pas nous faire oublier que les artistes sont capables de manipuler des gens et les consciences au même titre que les journalistes et les autres acteurs de l’espace public.

Serge Kassy, et c’est son droit, est un artiste engagé dont l’œuvre se nourrit des réalités sociales ivoiriennes et africaines. Dès 2002, il a alors 40 ans, il s’engage aux côtés de Charles Blé Goudé pour revendiquer la souveraineté de la Côte d’Ivoire. Personne ne remet en cause sa sincérité dans son engagement et son talent d’artiste.

Je m’interroge simplement sur cette volonté de jeter de l’huile sur le feu, d’attiser les haines, de jeter en pâture à la vindicte populaire des noms de journalistes.

Faut-il rappeler que la liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques ? Faut-il rappeler que les journalistes paient un lourd tribut pour défendre la liberté de la presse ? En 2019, 6 journalistes africains ont été tués, alors qu’ils exerçaient leur métier.

La responsabilité du journaliste est grande face à l’Histoire, mais la responsabilité de l’artiste est tout aussi grande.

J’invite Serge Kassy à soutenir la presse qui doit, plus que jamais en Afrique, lutter pour son indépendance. Pour ma part, je soutiendrai toujours l’indépendance de l’artiste, lorsqu’il chante « Mi révolté », « Sauvez l’Afrique », « Payez vos impôts ».

Et j’applaudis à la responsabilité de l’artiste, lorsque Serge Kassy envoie le message suivant : «Chers fans et amis, prière à vous de prendre toutes les dispositions, pour respecter les consignes contre le corona virus. Prenez soin de vous. Juste la voix de l’artiste. »

Il arrive parfois que la voix de l’artiste soit juste. Tout simplement !

Juste la voix d’un modeste journaliste, qui considère que Serges Kassy reste un aîné et un frère ivoirien, malgré tout ….

Wakili Alafé

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