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[Côte d’Ivoire/Braconnage] Les éléphants d’Afrique, vers une extinction programmée ?


Abidjan, le 03-05-2021 (lepointsur.com) Il a beau être le plus grand animal terrestre, la destruction de son habitat et le trafic de ses défenses en ivoire lui font encourir un grand danger. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui a mis à jour sa liste rouge des espèces menacées le jeudi 25 mars 2021, les éléphants d’Afrique de savane sont passés du statut de « vulnérable » au statut de « en danger » et l’éléphant des forêts, du statut de « en danger » à celui de « en danger critique d’extinction ». Au cœur de cette évolution du statut des éléphants il y a aussi les conflits humains-éléphant et le changement climatique.

L’éléphant des forêts d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest a vu sa population chuter de 86% en 30 ans. Son cousin de savane d’Afrique a baissé d’au moins 60% ces 50 dernières années selon l’UICN. Le pachyderme a beau être intelligent, puissant et peser jusqu’à six tonnes, il est aujourd’hui menacé. La faute principale au braconnage pour le commerce illégal de ses ivoires mais aussi de la destruction de son habitat, des conflits avec les hommes et du changement climatique. Aujourd’hui, on compte environ 415 000 éléphants sur le continent africain. Malgré de nombreuses mesures de protection et plusieurs succès observés sur certains sites protégés, l’éléphant est aujourd’hui en danger critique d’extinction. Le braconnage qui nourrit les marchés de trafic, La destruction de son habitat, les tensions avec l’humain et le changement climatique rendent son avenir incertain.

Environ 60 % des décès d’éléphants d’Afrique sont dus au braconnage pour leurs ivoires. 90 % des éléphants d’Afrique ont donc disparu en l’espace d’un siècle. Il y a 50 ans, environ 1,5 million d’éléphants sillonnaient toute l’Afrique mais le recensement de 2016 n’en dénombrait que 415.000 (selon le magazine planète sauvage). La chute du nombre de spécimens pour les éléphants de forêt et de savane s’est accélérée depuis 2008, quand le braconnage pour les défenses en ivoire s’est intensifié. L’espèce risque de disparaître d’Afrique centrale et totalement d’Afrique occidentale si ce phénomène persiste. Après le braconnage pour le trafic d’ivoires, l’une des principales causes du déclin des éléphants est la destruction de leurs habitats par l’action humaine.

La destruction de l’habitat des éléphants visant à augmenter la surface des terres agricoles, l’exploitation forestière, la construction des infrastructures sont des actions qui mettent en péril la survie des éléphants. Si rien n’est fait, il y aura des formes indirectes de mort même si le braconnage et autres abattages illégaux s’arrêtaient. Aujourd’hui, les forêts et savanes où vivent les éléphants se font de plus en plus rares, et de nouvelles routes et infrastructures fragmentent rapidement une grande partie de leur habitat restant. 85 % des espèces classées parmi les espèces « en danger » ou « en danger critique » sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), sont affectées par la perte de leur habitat. A cet effet, près de 100 000 KM² de forêt disparaissent chaque année dans le monde. Depuis 1979, l’habitat de l’éléphant a diminué de 50 % sur le continent africain alors que dès qu’un habitat d’éléphant est détruit, ils s’éloignent de 40 kilomètres. Ce qui réduit leur espace de vie et les rapproche des humains.

Les activités humaines empiètent de plus en plus sur les derniers habitats des éléphants, ce qui donne lieu à des conflits. Il peut s’agir de conflits d’accès à l’eau, de destruction de champs agricoles et plantations par les éléphants ou encore d’accidents liés à des éléphants qui se sentent menacés et qui deviennent agressifs. À mesure que la population mondiale augmente, les espaces naturels sont de plus en plus réduits. Dans de nombreuses régions du monde, l’humain et l’animal sont contraints de partager leur territoire et leurs ressources. Cette promiscuité entraîne parfois des conflits. En 2030, la population mondiale devrait atteindre 8,5 milliards d’individus. Chaque année, l’humain a besoin de plus en plus de ressources et de place pour vivre, rognant sur les espaces naturels, habitats des animaux sauvages. Aussi, Les animaux, en quête de nourriture, sont alors contraints de s’approcher de plus en plus des zones habitées par l’homme ce qui augmente le risque de conflits avec l’humain. Aussi de nombreux habitats naturels se réduisent considérablement du fait du changement climatique.

L’éléphant a besoin de 150 à 200 litres d’eau tous les deux jours, pour boire mais aussi pour se rafraîchir. Le changement climatique affecte lourdement son habitat, et peut causer des sécheresses fatales pour le pachyderme. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un phénomène de réchauffement climatique, en partie causé par les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Le phénomène a désormais pris un rythme sans précédent. La déforestation est un autre grand facteur du dérèglement climatique. Les scientifiques estiment que 18 % des émissions de CO₂ dans le monde sont causées par la déforestation, ce qui représente plus que les émissions de toutes les voitures, camions et avions réunis. Ce dérèglement risque d’anéantir de nombreuses ressources naturelles et provoquer la disparition progressive des espèces sauvages. Les changements de température perturbent l’équilibre complexe des écosystèmes. De nombreuses espèces voient leur habitat disparaître progressivement.

Dans tout ce chaos, il y a un peu d’espoir. Certains pays sont sur de bonnes voies dans la lutte contre la disparition des éléphants. Certains rapports mettent également l’accent sur des aspects plus positifs, comme les succès en matière de conservation dans des zones protégées bien gérées. Dans le sud de l’Afrique, le nombre d’éléphants de savane est aussi stable voire en croissance dans la zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze. “ Plusieurs pays africains ont montré la voie ces dernières années, prouvant qu’on pouvait inverser la tendance ”, selon Bruno Oberle. En favorisant une gestion durable des espaces naturels, l’humain peut préserver la biodiversité et vivre en harmonie avec le reste de la planète et les espèces sauvages. 

Source: EAGLE CÔTE D’IVOIRE

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