Politique

Côte d’Ivoire : Audiences publiques de la Cdvr/Le CIDH émet des inquiétudes et propose  


  A l’initiative de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, se tient actuellement les audiences publiques. Occasion, pour permettre aux différentes victimes d’exposer, au pouvoir, leurs souffrances en vue d’une réparation.

A mi-parcours de ce processus, le Comité ivoirien des Droits de l’Homme s’est prononcé sur l’opération, à travers une déclaration dont nous avons reçu copie. Ci-dessous, l’intégralité de la publication.

Débutées le 08 Septembre 2014, les audiences publiques organisées par la Cdvr (Commission dialogue, vérité et réconciliation) doivent, à terme selon les initiateurs, aboutir à la réparation du préjudice subi par les victimes de crimes couvrant la période allant de 1990 à 2011.

Quant aux présumés auteurs des crimes commis pendant cette période, l’occasion leur est donnée de se repentir et de demander pardon à leurs victimes.

Mais, contrairement au modèle sud-africain qui accordait l’amnistie en échange de la repentance et du pardon de la victime, le modèle ivoirien se limite à la réparation du préjudice subi par la victime et laisse la possibilité de poursuites judiciaires, aucune amnistie n’étant accordée d’office à ceux qui viendront se confesser.

Le Comité Ivoirien des Droits de l’Homme, organisation de promotion et de protection des droits humains suit avec intérêt le déroulement de ces audiences et salue le travail effectué par le Premier Ministre Charles Konan Banny et ses collaborateurs. Sans remettre en cause tout ce travail, le Cidh émet cependant des inquiétudes :

1-Au niveau de la sécurité des victimes après leurs témoignages ;

2-Au niveau de la sécurité des présumés auteurs nommément identifiés qu’ils soient présents ou pas aux audiences ;

3-Au niveau de la crédibilité des témoignages en l’absence d’enquêtes véritables faites par la justice ;

4-Au niveau de la limitation du nombre de victimes retenues pour ces audiences à seulement une centaine de cas fussent-elles emblématiques sur 63 000 auditionnés.

5-Au niveau du délai de deux mois (2) pour la durée de ces audiences ;

En conséquence, pour éviter que ces audiences ne donnent lieu à de nouvelles violations de droits de l’homme et qu’elles aient une légitimité sociale et politique, le CIDH fait les recommandations suivantes :

a .La mise en place d’un mécanisme efficace de protection des victimes et des présumés coupables afin de les encourager à participer aux audiences ;

b. La prise de dispositions par la CDVR en vue d’éviter les témoignages et accusations sans fondement ;

c. La prorogation du délai des audiences de deux(2) mois à six(6)mois en vue d’auditionner un grand nombre de victimes et de présumés auteurs nécessaire pour non seulement accorder la réparation à plus de victimes et montrer aussi l’ampleur des cas de violations de droits de l’homme de 1990 à 2011. Pour le CIDH, il ne doit pas avoir de catégorisation entre les victimes ; car une victime demeure une victime.

d .Une large communication de la CDVR sur les audiences en vue de montrer à la Nation et au monde entier la gravité des crimes commis en Côte d’Ivoire  afin d’une prise de conscience générale nécessaire pour une véritable réconciliation nationale et une paix durable.

e .Exhorte la justice ivoirienne à faire la lumière sur les cas de violation de droits de l’homme et au droit international humanitaire perpétrés en Côte d’Ivoire pendant cette période pour mettre fin au culte de l’impunité.

   Le CIDH se tient aux côtés de toutes les populations sans distinction pour construire un pays respectueux des droits humains.

                                                                    Fait à Abidjan, le 17 Septembre 2014

                                                                     Le Bureau Exécutif du CIDH

                                                                     Le Président

                                                                       FONDIO Vazoumana

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