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[Côte d’Ivoire Après leur libération] Samba David (OSC) et Marcel Dezogno (journaliste) racontent leur arrestation et garde à vue à la préfecture de police


Parti initialement pour la couverture d’une réunion, le journaliste Marcel Dezogno au service politique du quotidien Le Temps s’est retrouvé en garde à vue à la préfecture de police d’Abidjan avec 5 membres de la société civile. Lui et Samba David relatent les péripéties de la mésaventure.

Marcel Dezogno (journaliste de Le Temps): « Aucune charge n’a été retenue contre nous »

 Marcel Dezogno 

« Il faut préciser qu’il y avait un fort détachement des forces de l’ordre avec des chars et des pick-up de la police nationale un peu partout non loin du siège de la CEI.

Ce que je sais, c’est que la veille, le secrétariat permanent de la CEI a demandé aux organisations de la société civile dont les membres doivent faire le déplacement au sein leur  institution de leur transmettre leur liste. Ce qui a été fait par mail et par téléphone.

Les cinq membres des organisations de la société civile étaient en plein échange avec le capitaine de la CRS vers la station, non loin de la CEI, au niveau du carrefour Ducan, quand un pick-up de la police qui était stationné non loin de cette institution s’est dirigé droit vers nous. Le commissaire qui était à bord a donné l’ordre à ses agents d’embarquer tout le monde. Samba David leur a dit qu’ils répondaient à l’invitation du secrétaire permanent de CEI pour une rencontre.

J’ai profité de cet instant pour m’éclipser et prendre quelques images, mais j’ai été repéré. L’un des agents a retiré mon téléphone portable et ils nous ont embarqués sans nous identifier. Il faut dire que tout s’est passé rapidement comme sur des roulettes.

C’est à la préfecture de police que j’ai décliné mon identité devant le préfet de police et je lui ai demandé de dire à ses éléments de me rendre mon portable. Il m’a laissé entendre que, comme nous avons été interpellés pour la même cause, la procédure devait suivre son cours jusqu’à son terme avant de me restituer mon téléphone.

Ont-ils vérifié ou pas le rendez-vous avec la CEI? Effectivement, plus tard, nous avons reçu confirmation que la CEI leur avait dit ‘’les membres des organisations de la société civile qui sont là, répondent à notre appel.’’

En effet, il était question que, après le report de leur sit-in, et en réponse au courrier N°00188 du 4 juillet 2019 de la Cici, les deux parties échangent. Et ce, conformément aux négociations qu’ils ont eues avec la Cndhci et le secrétariat d’Etat chargé des Droits de l’Homme à qui les organisations de la société civile ont donné l’assurance de reporter de leur sit-in. Ce sont, d’ailleurs, ces deux institutions qui ont sollicité le rendez-vous afin que la CEI les reçoive pour des échanges.

Pour conclure, il faut dire qu’aucune charge n’a été retenue contre nous. Pour notre libération, le préfet de police nous a simplement demandé de prendre nos portables et regagner nos domiciles. »

Samba David : « Seule la CEI a répondu à nos courriers »

Samba David, coordonnateur de la Coalition des Indignés de Côte d’Ivoire (Ph:Dr)

« Nous avons adressé deux courriers au ministère de l’Intérieur (le 1er et le 9 juillet 2019) pour le sit-in (qui sont restés sans suite), mais nous n’avons pas envoyé de courriers de suspension, encore moins de report puis que c’est dans la nuit du dimanche 21 juillet, à 20 heures, que nous avons arrêtés la décision suite à la médiation avec la secrétaire d’État et des Droits de l’Homme et la présidente de la Commission des Droits de l’’Homme.

Donc, le lundi 22 juillet 2019, nous avons prononcé une conférence de presse pour parler du report du sit-in, qui a été relayé largement par la presse et les réseaux sociaux. Même si nous n’avons pas signifié le report de notre sit-in, au moins, les autorités l’ont appris dans la presse, dans la mesure où les rendez-vous se succédaient. Il faut noter que de tous les courriers adressés, seule la CEI nous a répondu par mail.

Ce n’est que le 23 juillet après notre arrestation que nous avons été joints par le ministère de l’Intérieur manifestant le désir de, nous recevoir

En revanche, nos organisations avaient saisi la CEI qui nous avait conviés à une séance de travail le mardi 23 juillet 2019. C’est en répondant à l’appel que nous avons été interpellés, puis gardés à vue à la préfecture de police d’Abidjan. »

Propos recueillis par Sériba Koné

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