[Convention État de Côte d’Ivoire-Corsair] Le PDCI-RDA dénonce une dérive élitiste au détriment des Ivoiriens
Dans une déclaration ferme, le Groupe parlementaire PDCI-RDA s’oppose au renouvellement de la convention entre l’État de Côte d’Ivoire et la compagnie aérienne Corsair, dénonçant des privilèges sanitaires accordés aux élites et une mise à l’écart des députés de l’opposition.
Abidjan, le 19 mai 2025 (lepointsur.com) — Le renouvellement de la convention entre les institutions de la République de Côte d’Ivoire et la compagnie aérienne Corsair suscite une vive polémique. Au cœur de la controverse : des avantages jugés indécents accordés aux représentants de l’État, notamment l’accès facilité à des soins à l’hôpital américain de Paris. Le Groupe parlementaire PDCI-RDA, par la voix de son président, le député Doho Simon, dénonce une opération menée dans l’opacité, sans concertation ni implication de son groupe à l’Assemblée nationale.
Une annonce controversée et une indignation unanime
Le jeudi 15 mai 2025, la présidente du Sénat, Mme Kandia Camara, rendait publique la reconduction d’une convention de partenariat entre l’État de Côte d’Ivoire et Corsair. Cette initiative, censée faciliter les déplacements des officiels et de leurs familles, a immédiatement provoqué un tollé dans l’opinion publique. Le PDCI-RDA s’est rapidement désolidarisé du projet, dénonçant ce qu’il qualifie de « mépris à l’égard du peuple ivoirien ».
Le PDCI-RDA se dit exclu du processus
Dans une déclaration publiée ce 19 mai, le Groupe parlementaire PDCI-RDA affirme n’avoir jamais été associé ni informé de cette convention, en dépit de l’implication affichée de l’Assemblée nationale. Selon le document, aucun député du groupe n’a utilisé les avantages issus du précédent accord signé en 2022, et encore moins participé aux négociations du renouvellement.
« Nous n’avons été associés ni à la conception, ni à la négociation, encore moins à la mise en œuvre de cette convention », insiste le député Doho Simon.
Soins à l’étranger : une fracture sociale assumée ?
Ce qui choque particulièrement le groupe parlementaire d’opposition, c’est la clause relative à la santé. Le partenariat accorde aux responsables et à leurs familles des tarifs préférentiels pour des soins médicaux à l’étranger, notamment à l’hôpital américain de Paris. Pour le PDCI-RDA, cette disposition incarne une politique de deux poids deux mesures, révélatrice de l’échec du système sanitaire national.
« Pendant que la Côte d’Ivoire affiche une espérance de vie inférieure à celle de pays comparables, les dirigeants choisissent de se faire soigner en Europe avec l’argent du contribuable. C’est une honte nationale », fustige le communiqué.
Le PDCI-RDA y voit une forme de déconnexion totale entre les gouvernants et les réalités vécues par les Ivoiriens, souvent contraints de se soigner dans des hôpitaux publics vétustes et sous-équipés.
Un appel à promouvoir les solutions locales
Face à ce qu’il considère comme une dérive morale, le PDCI-RDA appelle le gouvernement à soutenir la compagnie nationale Air Côte d’Ivoire, plutôt que de renforcer les liens avec une entreprise étrangère. Pour les députés de ce groupe, il est urgent de bâtir une souveraineté sanitaire et logistique à travers la promotion des « champions nationaux ».
En ligne avec la vision de son président, le ministre Tidjane Thiam, le PDCI-RDA prône une réforme globale du système de santé. Celle-ci inclurait la formation des personnels, l’amélioration des équipements, et une meilleure prise en charge salariale des professionnels de santé.
Une désolidarisation claire et une promesse d’alternative
Le PDCI-RDA affirme donc avec fermeté son opposition à cette convention, qu’il juge « scandaleuse » et « antipopulaire », et réitère son engagement envers un modèle de gouvernance plus équitable.
« Nous ne nous associerons jamais à une politique qui tourne le dos aux souffrances du peuple ivoirien », conclut le communiqué.
En guise de promesse, le groupe parlementaire assure qu’un futur gouvernement conduit par le PDCI-RDA veillera à ce que justice sociale, équité sanitaire et patriotisme économique soient les piliers d’une Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même.
Médard KOFFI