#CIV Yopougon-Quartier Obama/Conflit foncier : 12 000 personnes menacées de déguerpissement
lepointsur.com (Abidjan, le 6-5-2015) Installés sur un espace de l’Etat de Côte d’Ivoire depuis 22 années, une population estimée aujourd’hui à 12 000 personnes est menacée d’expulsion. Parce que l’église catholique réclame la propriété de cet espace. Cette situation, comme il fallait s’y attendre, trouble le sommeil des riverains, pères de famille qui refusent de céder ledit espace, baptisé quartier Obama dans la commune de Yopougon.
A toutes fins utiles, c’est en 1993, au moment où Body Joseph était encore maire de Yopougon que l’histoire de cet espace a commencé. A cette époque, par mesure de précaution, eu égard au boom immobilier qui s’était emparé de la plus grande commune de la Côte d’Ivoire, la municipalité a réservé des espaces. Au nombre desquels, l’actuel quartier Obama, en vue de la construction d’un Lycée classique et d’un terrain de sport. La lenteur dans la réalisation de ces deux projets a soumis l’espace à toute sorte de convoitise. Au final, le maire a autorisé l’installation temporaire d’habitations de fortune.
En 1996, arrive le maire Doukouré Moustapha. Les Ebrié du village de Lokoua réclament la propriété et exigent le déguerpissement des occupants. Deux semaines après cette sommation, les deux parties se retrouvent devant la justice. Faute de documents attestant la propriété de l’espace, la chefferie villageoise de Lokoua a été déboutée.
Le nommé M. Denis était alors le chef du quartier. Depuis lors, les occupants de cet espace réservé à l’Etat n’ont nullement été inquiétés. Douze années après, précisément en 2008, Félicien Gbamanan Djidan est élu maire de Yopougon. Son arrivée à la tête de ladite commune coïncide avec un changement au niveau de la chefferie du désormais quartier Obama. Coulibaly Idrissa en est le nouveau chef.
Des avancées notables sous Gbamanan Djidan Félicien
En 2008, les constructions anarchiques du quartier Obama, à quelques encablures du quartier Maroc deviennent une préoccupation pour le ministère de la Construction et de l’urbanisme qui réclame le déguerpissement de ses occupants et la démolition de tout le périmètre. L’intervention énergique du maire Gbamnan Djidan Félicien en faveur des riverains de ce quartier va calmer les ardeurs des agents du ministère.
Des démarches sont alors menées par les habitants en vue du déclassement de l’îlot 100, lots 2383 bis, 2386 et 2386 bis, sis au lotissement de Niangon-Nord 1ere tranche. En 2009, Coulibaly Idrissa présente, de ce fait, un projet de déclassement auquel le maire donne un avis favorable et le transmet, à son tour, au ministre de la Construction, de l’assainissement et de l’urbanisme, précisément au département des affaires juridiques.
Entre temps, après les Ebrié du village de Lokoua qui en réclamaient la propriété, la réserve de l’Etat devenue quartier Obama est convoitée par l’église qui prétend en être propriétaire. Devant une telle situation, le maire de la commune souhaite plutôt que les populations restent en place et propose d’octroyer un autre terrain aux catholiques. Malheureusement, au moment-même des négociations, survient la crise postélectorale. A la faveur des élections municipales, Gilbert Kafana Koné prend les rênes de la commune.
Le retour de l’épée de Damoclès
Les démarches reprennent cependant en 2011. Le rapport du ministère de la Construction est édifiant. Le terrain est toujours une réserve de l’Etat. Mettant à nu le coup de force de l’église catholique de Côte d’Ivoire. Conscients de ce que le terrain avait été réservé pour la construction d’un Lycée et un terrain de sport, les riverains du quartier Obama décident alors d’entrer en contact direct avec les autorités concernées par le dossier.
En 2013, sous la houlette de Coulibaly Idrissa, le chef du quartier, un avis de sollicitation des ministères de l’Education nationale et des Sports est présenté à leurs cabinets respectifs. Avant leur réponse définitive, les habitants reçoivent la visite d’un huissier accompagné d’agents des forces de l’ordre en novembre 2014, leur intimant l’ordre d’arrêter tous les travaux de construction. Pis, une grande partie du quartier est rasée sur ordre de l’église catholique de Côte d’Ivoire, sous prétexte qu’elle est sa propriété.
En mars 2015, selon Coulibaly Idrissa, des prêtres reviennent à la charge pour, cette fois-ci, réclamer la propriété de tout le quartier Obama. Mieux, ils lancent un ultimatum aux riverains. Avec comme délai de rigueur, le 15 avril 2015. Depuis, plus rien.
Une telle situation, empreinte de menaces de déguerpissement ne peut pas favoriser la sérénité au sein de la population de cet espace, objet de tant de convoitise. C’est pourquoi, le chef Coulibaly Idrissa a décidé d’informer les autorités compétentes, ainsi que les Institutions internationales présentes en Côte d’Ivoire. Son seul souhait. Que l’Etat, le vrai propriétaire de ce terrain ne soit pas complice du déguerpissement de ces nombreuses familles qui ne savent où aller, si d’aventure, elles venaient à être expulsées des habitations désormais en dur qu’elles ont bâties avec les économies de toute une vie.
Idrissa Konaté
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