Cette start-up s’approche de la télépathie sans jamais toucher au cerveau
Au début du mois, la start-up AlterEgo a dévoilé son dispositif médical permettant une communication silencieuse. Non invasif, il détecte les signaux électriques des muscles et nerfs impliqués dans la parole. L’utilisateur peut penser ou articuler intérieurement des mots que le système retranscrit.
Redonner la parole aux patients atteints de sclérose
Vers le grand public ?
Et si on pouvait communiquer par télépathie ? C’est la promesse avancée par la start-up AlterEgo. Issue du MIT Media Lab, la jeune pousse a dévoilé au début du mois un dispositif capable de permettre aux utilisateurs de communiquer de façon silencieuse.
Placé sur l’oreille, l’appareil ne lit pas dans les pensées, mais prédit ce que l’utilisateur veut dire. Lorsqu’on vocalise intérieurement, quand on lit par exemple, le cerveau envoie des signaux électriques vers les muscles du visage et de la mâchoire même si notre visage ne bouge pas en apparence.
AlterEgo lit ces impulsions électriques en surface de la peau, au niveau du bas du visage et du cou. Les données sont ensuite envoyées à des modèles d’intelligence artificielle qui prédisent ce que le porteur de l’appareil veut dire. Ainsi, il suffit de prononcer un mot ou une phrase consciemment dans sa tête pour que le dispositif retransmette l’audio.
Les scientifiques d’AlterEgo visent une application médicale pour le dispositif. La technologie pourrait aider les personnes atteintes de maladies neurodégénératives, comme la sclérose latérale amyotrophique ou la sclérose en plaques, qui entrainent des difficultés à parler. Leurs travaux ont été publiés dans Nature.
Concrètement, un patient privé de toute capacité motrice ne pourra pas utiliser le système, mais le signal résiduel dans le mécanisme de la parole peut suffire pour que l’appareil interprète ce que l’utilisateur veut dire. Actuellement, des essais cliniques sont en cours avec des patients atteints de sclérose latérale amyotrophique.
Cela n’est pas sans rappeler les interfaces cerveau–machine, comme celles développées par la société Neuralink d’Elon Musk. Mais celles-ci nécessitent généralement l’implantation chirurgicale d’électrodes dans le cerveau afin d’enregistrer et de transmettre les signaux neuronaux. Le passage par la chirurgie, mais aussi le fait que ces dispositifs lisent tous les signaux neuronaux – et donc dans les pensées – les rendent plus intrusifs.
Grâce à cet avantage, les fondateurs d’AlterEgo espèrent, à long terme, viser aussi le grand public. L’idée est d’établir une relation plus fluide et discrète avec les machines. AlterEgo pourrait permettre aux utilisateurs de dicter à la vitesse de la pensée, de faire des recherches sur Internet en silence et d’avoir des conversations silencieuses avec d’autres personnes équipées du dispositif.
FUTURA