Editorial

Ces crimes ensevelis par le silence coupable des autorités


Lorsqu’il prenait le pouvoir d’Etat le 21 mai 2011 après son investiture à grande pompe à Yamoussoukro, beaucoup de ses concitoyens avaient fondé assez d’espoir sur Alassane Ouattara, le nouveau locataire du Palais présidentiel du Plateau. Ceux-ci n’avaient certainement pas tort, au regard d’une décennie de règne de son prédécesseur Laurent Gbagbo, ponctuée par une gestion approximative des dossiers sensibles.

Ce sont des ruines d’une économie en déliquescence qu’Alassane Ouattara à héritées ce jour-là. Fort heureusement, l’ancien Premier-ministre de Félix Houphouët-Boigny a fait montre de son talent de gestionnaire, avec à la clef, des stratégies pointues qui ont permis à l’économie ivoirienne de connaître un niveau de croissance sans précédent en seulement trois années de règne.

Certains parlent même de croissance à deux chiffres, quand bien même l’effet de cette croissance n’est pas encore ressenti dans les différents ménages de Côte d’Ivoire. Cependant, malgré ce progrès économique, rien ne semble avoir changé avec l’arrivée aux affaires du Président Ouattara. Même si ce n’est pas son fait, beaucoup de grincement de dents ont cours dans les salons, sans que l’expression de ces attitudes ne soient portées à la connaissance de tous.

En l’occurrence, le phénomène de brouteurs avec son corollaire d’enlèvements d’enfants suivi de leur assassinat. De plus en plus, les enfants sont traqués aux abords de leurs établissements et enlevés tranquillement par des individus qui les utilisent par la suite, à des fins de rituels. Lorsqu’ils en ont fini, les corps de ces enfants sont retrouvés sans vie, des jours après atrocement tailladés.

Le hic dans l’affaire qui fait grand bruit dans la cité, c’est que les autorités policières semblent avoir démissionné eu égard à leurs attitudes lorsque les parents des enfants enlevés vont porter plainte auprès d’elles. Il n’y a pas longtemps qu’à la télévision nationale, une mère dont l’enfant avait été victime du phénomène, rendait un témoignage pathétique sur le sujet. Témoignage d’autant triste que les policiers n’ont daigné lever le moindre doit pour mener une enquête conséquente en vue de filer les auteurs de ce crime crapuleux. Raison évoquée, des problèmes liés à la logistique.

La même rengaine chaque fois qu’ils sont sollicités. Et lors qu’écœurées, plusieurs mères ont voulu manifester pour dénoncer la série d’assassinats de leurs enfants, elles ont été dispersées sans ménagement par ces mêmes forces de l’ordre qui refusent pourtant de contribuer au recul du phénomène.

C’est avec beaucoup de joie que les nombreuses victimes des déchets toxiques ont accueilli, le jeudi 13 janvier 2015, le jugement porté, enfin, sur le détournement des 4,658 milliards Fcfa prévus pour leur indemnisation.

20 ans de prison, c’est la sentence prononcée par le juge Koné Bernard du Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau à l’encontre de Koné Cheick-Oumar et de Gohourou Claude. Mais contre toute attente, ces personnes condamnées continuent de se pavaner en toute liberté.

Dans quel pays sommes-nous, quand des condamnations sont prononcées contre des personnes qui, plutôt que d’être arrêtées et mis en prison, restent plutôt en liberté ? Quel est donc le sens du jugement prononcé par le juge Koné Bernard si cela doit rester sans suite ?

Evidemment, ce n’est pas ce tableau de la Côte d’Ivoire que le Président Alassane Ouattara voudra présenter à l’aune du niveau de l’émergence où, bien entendu, il a décidé de hisser le pays à l’horizon 2020. Une Côte d’Ivoire où il n’y aura point de place pour la justice. Où toute sorte de crimes crapuleux peut prospérer sur des enfants puis après, empêcher leurs mères de se plaindre.

Oui, les Ivoiriens ont besoin de la Côte d’Ivoire qu’ils ont perdue depuis le décès du Président Félix Houphouët-Boigny. Cette Côte d’Ivoire où ils se sont sentis en sécurité et protégés par les soins du ‘’Vieux’’.

Idrissa Konaté

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