Politique

Célébration des femmes / La fête des Mères ne se tiendra pas à Tanda #civ


– Les raisons

Le député-maire Yeboua Kouabenan Cévérin.Ph.Dr

Le député-maire Yeboua Kouabenan Cévérin.Ph.Dr

A l’occasion de la fête des Mères célébrée le 29 mai prochain, les femmes du département de Tanda auxquelles devront s’adjoindre, sans doute, celles des départements voisins (Koun-Fao et Transua), ont, après plusieurs réunions, décidé de se retrouver à Tanda, chef-lieu de département. Pour ce faire, elles ont sollicité et obtenu du préfet, l’autorisation pour fêter pacifiquement, dans la joie et l’allégresse cet évènement qui glorifie nos mamans. Elles ont également sollicité et obtenu l’autorisation du Maire de la commune.

Fortes de toutes ces autorisations, les organisatrices ont commandé un pagne pour la circonstance sur lequel il n’y a ni slogan politique ni une quelconque indexation, encore moins une provocation à l’encontre de qui que ce soit. Aussi, pour marquer cette journée d’un éclat particulier, les organisatrices ont sollicité le parrainage de l’Honorable Kouabenan Yeboua Cévérin, Député de Transua et Maire d’Assueffry. Qui est l’objet de toutes les adulations des ressortissants du Gontougo, particulièrement de Tanda, pour avoir donné à la région le titre de champion de Côte d’Ivoire de football 2015, 1ère Ligue.

Or, le samedi 14 mai, le préfet reçoit en son cabinet les organisatrices de la Fête et leur demande de reporter sinon d’annuler la cérémonie de Tanda, au motif que le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani ne s’entendrait pas avec le parrain de la fête ; que des individus se réclamant du ministre, menacent de saboter la fête.  En conséquence, le représentant du chef de l’Etat exige que les organisatrices réconcilient, comme préalable à la célébration, Messieurs Adjoumani et Cévérin. Une déclaration maladroite et irresponsable de la part d’une autorité dont le rôle premier est d’appliquer la loi et la légalité dans le département.

Le mardi 17 mai, le préfet préside une seconde rencontre, où sont présents  les organisatrices de la Fête des Mères et les partisans du ministre qui ont menacé de ‘’cafouiller’’ la Fête, si elle a lieu. Au cours de cette réunion, les organisatrices de la Fête confirment leur intention de célébrer la Femme et rejettent le chantage des loubards. Quant au représentant-résident du maire, il apprend au préfet que le premier citoyen de Tanda soutient l’initiative des femmes. Pas question pour lui de céder  aux intimidations de qui que ce soit. Face à ce qui a semblé être une forfaiture ou un ponce-pilatisme de mauvais aloi du préfet, le maire résident a mis les points sur les ‘’i’’.

Pour lui, la démarche du préfet est non seulement inacceptable, mais partisane. Comment, s’est-il exclamé, le représentant de l’Etat, donc responsable du maintien de l’ordre, peut-il recevoir des injonctions de loubards prêts à créer le désordre afin de priver les Femmes de Tanda de leur fête parce que leur parrain, selon eux, ne veut pas que le président de l’As Tanda, le député Kouabenan Yeboua Cévérin, en soit le parrain.

Le représentant du maire ayant constaté la passivité du préfet qui a refusé de prendre les dispositions requises pour protéger la manifestation pacifique et neutraliser en même temps, avant qu’ils ne mettent leurs menaces à exécution, les fauteurs de troubles à l’ordre public, a mis en demeure ces derniers de lui fournir leurs généralités pour les déposer chez le procureur de la République afin de les rendre responsables de tout incident qui se vérifierait au cours de la manifestation du 29 mai. La sagesse a-t-elle, enfin, prévalu ?

Hélas, le préfet signe et persiste. Il refuse d’appliquer la loi républicaine pour faire plaisir à la main occulte qui le manipule. A l’heure où nous écrivons ces lignes,  l’incertitude plane sur la décision finale du préfet. C’est le lieu pour nous d’interpeler directement Madame la Première Dame Dominique Ouattara, Madame la ministre de la Solidarité, de la femme et de la famille et Monsieur le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. A Tanda, le préfet a été informé que des loubards se disant partisans du ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, ont décidé de tout mettre en œuvre pour que l’hommage à nos Mères ne soit pas rendu, en opposition à la célébration qui sera organisée dans tout le pays et dans le monde. Monsieur le Préfet de Tanda aurait choisi de se ranger du côté des loubards dont le respect pour la Femme est lié à la volonté de leur mandant. D’où la question : les ordres secrets d’un haut cadre, fut-il ministre ou député, sont-ils supérieurs aux droits constitutionnels qui garantissent la liberté de manifester ? Le rôle du préfet est-il d’interdire les manifestations légales et pacifiques ou de protéger ceux, plutôt celles en la circonstance, qui respectent la loi et s’inscrivent dans la mouvance nationale ?

Pour les élections prochaines, les candidats seront-ils libres de s’exprimer et de mener campagne dans les villages du département sans tomber sous le coup des interdits arbitraires et tendancieux de Monsieur le Préfet ? Pensez-vous que les populations accepteront, sans réagir, la dictature d’un candidat qui pense être au-dessus de la loi ?

Madame la Première Dame,

Page 1 de l'Arrêté d'annulation de la cérémonie

Page 1 de l’Arrêté d’annulation de la cérémonie

Nous savons tous ce que vous faites pour la dignité de la Femme de Côte d’Ivoire. Accepterez-vous qu’un homme, quel que soit son titre, puisse humilier une fois de plus la Femme comme ce fut le cas le 8 mars dernier à Assuéfry ? Les Mères de Tanda sont-elles égales à toutes les autres du pays et sont-elles libres de se choisir le parrain qu’elles veulent pour leurs manifestations ?

Telles sont les questions que les Mères du département voudraient vous poser. Elles savent d’avance que vous défendrez leur cause qui est celle de l’amour,  de l’exaltation de l’excellence et de la paix dont le président Alassane Ouattara est l’apôtre infatigable. Elles sont sûres que vous ferez tout pour qu’elles puissent célébrer dans la joie la fête à nos chères mamans.

Le District du Zanzan vient de subir des violences inouïes récemment à Assueffry et à Bouna avec de nombreux morts, blessés et disparus. Les militaires assassins d’Assuéfry ne sont toujours pas appréhendés. Or, à la veille du 8 mars, fête de la Femme, des personnes ont tout tenté en vue d’annuler la cérémonie qui devait avoir lieu à Assuéfry. Le même ministre Adjoumani qui a déclaré publiquement son animosité vis-à-vis du maire d’Assuéfry, le Député Ceverin, a fait un forcing pour faire partie de la mission de pacification envoyée par le chef de l’Etat, alors qu’il savait, selon ses propres dires, que les populations ne voulaient pas de lui dans la délégation. La suite est connue, la fête n’a pas eu lieu et Assuéfry est entré en rébellion pendant une journée.

Le rappel de ces deux événements s’impose, les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets. Grâce à l’esprit républicain du maire de Tanda, les Mères du département pourront peut-être communier avec le reste de la communauté nationale et internationale. Toutefois, des interrogations subsistent. En effet, en vertu de quel pouvoir, les partisans d’un homme politique peuvent-ils s’arroger le droit de faire interdire par le préfet toute manifestation qui ne serait pas de leur goût ? Pour organiser désormais une fête dans le département de Tanda, les populations sont-elles condamnées à obtenir l’aval protecteur des partisans du ministre ? Qu’adviendra-t-il, si elles refusent de se soumettre à ce dictat. Les candidats aux futures élections, à commencer par les législatives de novembre 2016, bénéficieront-ils de la neutralité du représentant de l’Etat ? Que fera le préfet si d’aventure il choisissait de narguer les Femmes de Tanda ? Ordonnera-t-il de faire tirer sur les populations si elles refusaient de lui obéir ?

Enfin, le préfet de Tanda va-t-il permettre aux loubards d’interdire la Fête des Mères le 29 mai, afin de les empêcher de communier avec toutes les Mères  de Côte d’Ivoire et du monde, en supprimant purement et simplement la fête, pour le plaisir de celui ou ceux qui tirent les ficelles dans l’ombre ? Comme à Assueffry. Madame la Première Dame, telles sont les informations que nous voudrions porter à votre connaissance avant qu’il ne soit trop tard.

Pascal Koffi Teya (DP de L’Observateur du Nord-Est)

 

Commentaires

commentaires