Carte biométrique/ Les dessous d’un deal mal ficelés
Ils sont bien décidés à aller au bout. A savoir, sacrifier la communauté burkinabé de l’extérieur sur l’autel des intérêts économiques. Un peu plus de deux mois après le démarrage effectif de l’établissement de la carte consulaire biométrique burkinabé (18 novembre 2013) en Côte d’Ivoire, le ministère des affaires étrangères et de la coopération a fixé le délai de validité de l’ancienne carte au 31 mai 2014.
La circulaire émanant du ministère de Djibrill Bassolé est tombée, le 30 janvier 2014, et a été aussitôt relayée par les soins de l’ambassade dans les trois juridictions consulaires du Burkina Faso représentées en Côte d’Ivoire (Abidjan, Bouaké et Soubré). Ainsi donc, dès le 1er juin 2014, l’ancienne carte consulaire à deux volets n’aura plus aucune valeur.
Déjà dans la communauté burkinabé, l’on s’inquiète de cette autre décision de Ouagadougou qui ne prend pas en compte les réalités vécues par la diaspora. C’est que depuis le lancement de cette carte dite sécurisée et infalsifiable dans des conditions d’octroi de marché encore douteuses, la souffrance des burkinabé en termes d’établissement du titre d’identité a été multipliée par trois. Cherté du titre, long rang devant les guichets d’enrôlement, racket des requérants par la police commis sur les lieux, marginalisation du rôle des délégués consulaires, retard dans la délivrance des cartes, manque de sensibilisation etc., c’est plus qu’un chemin de croix qu’éprouvent les burkinabè depuis deux mois pour disposer d’une carte consulaire. (Lire notre reportage ici-bas en lien). Cette carte dite biométrique et sécurisée aura levé le voile sur le vrai visage de ses acteurs (le ministre Djibrill Bassolé, Son Excellence Justin Koutaba et la société Snedai).
On a beau rétorquer que son avènement procède d’un décret du gouvernement burkinabé mais, cela n’occulte en rien le fait que ce trio y est pour beaucoup dans la galère que vit présentement la communauté. Sinon, comment comprendre qu’en dépit des dénonciations, des manquements commis par la société Snedai sur ce qu’on peut considérer comme un minimum inscrit dans le cahier des charges, le gouvernement burkinabé reste passif. Première violation : le délai de 72 heures n’est pas respecté. La preuve, tous les requérants qui se sont fait enrôler, le 30 janvier dernier, ont été invités à revenir chercher leur carte le 13 février prochain. Et ce n’est pas sûr qu’à cette date les cartes soient disponibles. Deuxième violation : les cartes produites jusqu’à ce jour, sont de mauvaise qualité. Les photos et les signatures laissent à désirer.
Deux mois après le lancement de cette opération, le gouvernement burkinabé, sinon le ministre Djibrill Bassolé détient-il un seul rapport de la production des cartes et des difficultés inhérentes pour oser fixer le 31 mai prochain comme la date butoir de la validité des anciennes cartes ? Sait-il seulement que le stress lié à la gestion quotidienne de ce mauvais « deal » a eu un impact négatif sur l’état de santé de l’ex-Consul Général d’Abidjan, Patrice Kafando, qui a malheureusement rendu l’âme le 29 décembre 2013. Et dont la communauté porte encore le deuil. Quel est le but que l’on poursuit réellement. Amasser le plus d’argent en enrôlant vite. Ou permettre aux burkinabè de disposer dans les meilleures conditions et dans les meilleurs délais de leur pièce d’identité ? Le bon sens aurait voulu que le délai de validité de l’ancienne carte soit au moins d’une année à compter de la date du lancement de la carte biométrique. D’autant plus que l’état actuel de la confection des cartes, appelle de tout bon gouvernant, des mesures correctives avant toute projection sur l’avenir. Si deux mois après le lancement de cette carte biométrique, l’opérateur n’est pas à mesure de satisfaire les requérants, qu’en sera-t-il si l’on écourtait la durée de validité de l’ancienne carte. Lesquelles courent pour beaucoup jusqu’en novembre 2014. Assurément que la diaspora burkinabé est en train d’être instrumentaliser par des vampires, tapis dans des bureaux feutrés, qui veulent leur sucer jusqu’à la moelle épinière. Et pour le malheur de cette diaspora, le Conseil Supérieur des Burkinabé de l’Etranger (CSBE), le Conseil National des Burkinabè en Côte d’Ivoire (CNB-CI) et bien d’autres qui se prévalent à cor et à cri de défendre ses intérêts, sont devenus muets. Préférant l’amitié et l’estime du locataire du 5ème palier de l’immeuble Sidam que de crever l’abcès. Une démission historique dont ils vont devoir pourtant répondre un jour.
(Source informateur.info)