Cacophonie au Burkina-Faso/ L’opposition burkinabè demande une transition «civile»
Au lendemain de sa démission, Blaise Compaoré est réfugié en Côte d’Ivoire. Ce samedi 1er novembre à Ouagadougou, le lieutenant-colonel Zida, commandant adjoint du Régiment de sécurité présidentielle, a été adoubé par l’état-major du Burkina Faso pour prendre la tête de la transition. Mais la Commission de l’Union africaine, par la voix de sa présidente, appelle le pays à privilégier une transition civile, et non militaire. Une option privilégiée aussi par l’opposition et les représentants de la société civile.
17h45 : Les réactions affluent, suite à la désignation du lieutenant-colonel Zida au poste de président de la transition. Le Front de résistance citoyenne, qui a mené le combat de l’alternance avec les autres associations et mouvements, dénonce la suspension de la Constitution et propose des pistes pour un retour à l’ordre constitutionnel. Luc Marius Ibriga, président du Forum des citoyens de l’alternance (Focal), s’exprime sur RFI :
« Pour nous, il n’est pas question que cette insurrection populaire soit transformée en un coup d’Etat. En prenant la décision de suspendre la Constitution, le colonel Zida a opéré un coup d’Etat. Il faut que la société civile et les démocrates de ce pays réagissent rapidement, pour que nous ne soyons pas dans une situation de vide juridique et de vide constitutionnel. Nous exigeons la levée de la suspension de la Constitution, et l’ouverture d’une transition civile et démocratique qui serait dirigée par une structure consensuelle adoptant une charte de la transition pour nous permettre de revenir à un fonctionnement régulier des institutions. »
17h20 : Avec les Nations unies et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, l’Union africaine mène actuellement une médiation au Burkina. Plus tôt dans l’après-midi, l’UA a fait valoir par communiqué sa préférence pour une forme civile de transition. El-Ghassim Wane, directeur du département Paix et sécurité de la Commission de l’UA, précise cette position sur RFI :
« Il nous semble important que les forces armées et de sécurité du Burkina se mettent à la disposition des autorités civiles, qui doivent conduire la transition, et agissent dans un esprit républicain. Nous pensons qu’une transition civile et consensuelle répondrait non seulement aux aspirations légitimes du peuple burkinabè – aspiration au changement, aspiration à l’approfondissement de la démocratie -, mais faciliterait aussi grandement la mobilisation de l’assistance internationale pour permettre une sortie de crise. »
17h05 : L’opposition et la société civile burkinabè, réunis samedi à Ouagadougou, demandent une transition « démocratique et civile ». « La victoire issue de l’insurrection populaire appartient au peuple, et par conséquent la gestion de la transition lui appartient légitimement et ne saurait être en aucun cas confisquée par l’armée », peut-on lire dans leur communiqué rendu public par l’Agence France-Presse.
16h00 : Les frontières aériennes du Burkina Faso sont officiellement ouvertes à nouveau, annonce le lieutenant-colonel Isaac Zida. Toutes les frontières du Burkina devraient rouvrir dans les prochaines heures, confie notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani. Le couvre-feu est maintenu mais assoupli. Il a cours entre 22h et 6h (heure locale).
16h00 : Yaya Boudani, correspondant de RFI au Burkina Faso, souligne que l’armée n’a donné aucune précision sur la forme et la durée de la période de transition annoncée. Mais le communiqué précise que ces éléments seront déterminés ultérieurement, de concert avec toutes les composantes de la vie nationale
15h35 : L’Union africaine appelle à une transition civile. Dans un communiqué, la présidente de la Commission de l’UA souligne qu’une « transition civile et consensuelle répondrait non seulement aux aspirations légitimes du peuple du Burkina Faso au changement, mais faciliterait également la mobilisation de l’appui international nécessaire pour permettre une sortie de crise réussie ». Nkosazana Dlamini-Zuma appelle les acteurs politiques et la société civile du pays à travailler « ensemble » « pour convenir d’une transition civile et inclusive devant déboucher sur la tenue aussi rapidement que possible d’élections libres, régulières et transparentes ». La Commission de l’UA demande donc aux forces armées burkinabè « de se mettre à la disposition des autorités civiles ».
15h25 : Un peu plus tôt dans la journée, Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), avait décrypté la position prudente adoptée par l’opposition jusqu’ici : « L’opposition politique n’a pas été associée (au processus engagé par l’armée, NDLR). Peut-être que ça va venir. On attend, parce qu’on ne peut se prononcer qu’au vu du contenu de la transition qui est proposée. On ne peut pas se prononcer comme ça sur le mot » transition » lui-même. Il faut qu’on examine le contenu, les contours, les modalités. (…) Nous sommes à la disposition de toutes les forces du pays qui voudraient nous rencontrer pour évoquer les questions de la transition. »
15h00 : Deux organisations de la société civile, le Cadre de réflexion et d’action démocratique et la Ligue des électeurs et électrices du Burkina, ont tenu un point de presse ce samedi 1er novembre 2014. Ils appellent à la vigilance, pour que l’armée ne vole pas la victoire au peuple. « Nous sommes pour la démocratie et donc contre les coups d’Etat. Il faut que la société civile ouvre l’œil, et le bon, pour que le pouvoir ne soit pas accaparé et gardé par les militaires », explique Hyppolite Domboué, secrétaire exécutif du Cadre. Quant aux partis politiques, les deux organisations les invitent à « stopper immédiatement leurs hésitations pour faire des propositions concrètes au peuple »
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