Culture

Burkina-Fespaco 2015/ Le Maghreb couronné lauréat de l’Etalon d’or du Yennenga pour le film « Fièvres »


Hicham Ayouch, lauréat de l'Etalon d'or du Yennenga pour son film "Fièvres". (photo : Sophie Garcia pour "Le Monde")

Hicham Ayouch, lauréat de l’Etalon d’or du Yennenga pour son film « Fièvres ». (photo : Sophie Garcia pour « Le Monde »)

Abidjan, le 8-3-15 (lepointsur.com avec http://sotinel.blog.lemonde.fr/)-En  couronnant deux films venus du Maghreb – Fièvres d’Hicham Ayouch (Maroc), qui a obtenu l’étalon d’or, et Fadhma N’Soumer de Belkacem Hadjadj (Algérie) étalon d’argent – le jury du 24e Festival panafricain de Ouagadougou (Fespaco) qui s’est achevé ce samedi 7 mars, s’est extrait du débat sur la situation du cinéma au Sud du Sahara.

Avant la proclamation de ce palmarès, qui a également distingué d’un étalon de bronze le film burkinabè L’Oeil du cyclone, de Sékou Traoré, la grande question était de savoir quel sort le jury, présidé par le cinéaste ghanéen Kwaw Ansah (qui a lui-même obtenu L’Etalon d’or en 1989) réserverait à Timbuktu, d’Abderrhamane Sissako. Le long métrage franco-mauritanien, chargé d’honneurs à Paris et à Hollywood, représentait aux yeux de certains de ses critiques africains une conception obsolète tournée vers le public cinéphile du Nord, ignorante des goûts des publics subsahariens.

Pourtant, le film d’Hicham Ayouch (frère d’un autre cinéaste, Nabil Ayouch) n’est pas précisément un film populaire. Déjà sorti en France (on trouvera ici la critique de Jacques Mandelbaum), il se classe résolument dans le camp du cinéma d’auteur. Quant à Fadhma N’Soumer, de Belkacem Hadjadj, il s’agit de la célébration d’une héroïne de la lutte contre la colonisation française, au XIXe siècle, soit un genre plus proche des combats tiers-mondiste que de la mondialisation.

Abderrahmane Sissako a toutefois reçu le prix du meilleur décor et de la meilleure musique. (photo Sophie Garcia pour "Le Monde")

Abderrahmane Sissako a toutefois reçu le prix du meilleur décor et de la meilleure musique. (photo Sophie Garcia pour « Le Monde »)

Le jury, distinguant aussi L’Œil du cyclone, solide thriller qui lui s’apparente bien au nouveau cinéma populaire africain, a donc délibérément ignoré Timbuktu et son auteur. Ce pourrait n’être qu’une anecdote à classer au rayon « goûts et couleurs », si ce n’était aussi un geste de défiance à l’égard d’un cinéma dont l’exigence n’est pas seulement esthétique mais aussi morale et politique.

Kpan Charles/lepointsur.com avec http://sotinel.blog.lemonde.fr/

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