Politique

Burkina Faso / Chute du régime de Blaise Compaoré : Une stratégie mal préparée


A quoi aura finalement servi le soulèvement populaire au pays des hommes intègres, si cinq jours après le départ de Blaise Compaoré, le peuple de Burkina Faso a du mal à se trouver un leader pour diriger sa transition ?

L’opposition burkinabè est en train de reculer devant l’histoire.

L’opposition burkinabè est en train de reculer devant l’histoire.

La question reste entière, d’autant plus que l’opinion a du mal à s’expliquer les nombreux sacrifices et meurtrissures consentis pour faire partir un militaire du pouvoir, pour qu’un autre vienne occuper le fauteuil resté vacant.

Consciente du piège qui risquait de l’emporter, l’opposition a décidé de donner de la voix et réclamer, à travers un meeting tenue le dimanche 02 novembre 2014 à la Place de la Nation, le départ du Lieutenant-colonel Isaac Zida, autoproclamé chef de l’Etat.

Avant lui, le jeudi noir où tout a basculé, deux noms avaient circulé avant de laisser place à l’ex-N°2 de la sécurité présidentielle, le Lieutenant Zida Isaac.. Il s’agissait, en effet, des Généraux Honoré Traoré et Kwamé Lougué tous deux anciens chefs d’etat- major.

Avec un point d’honneur au premier qui était encore en fonction lorsqu’est survenu le soulèvement populaire qui emporta le Président Blaise Compaoré. Ils avaient annoncé par voie de presse, la prise du pouvoir. Malheureusement pour eux, ils n’ont pas été suivis par les frondeurs qui avaient porté leur choix sur le Lieutenant-colonel Zida.

La salutaire implication de la communauté internationale

A peine le Lieutenant-colonel Zida Isaac a-t-il prononcé son premier discours que l’opinion internationale, avec à sa tête, les Etats-Unis, est montée sur ses plus grands chevaux pour condamner la prise de pouvoir annoncée par l’armée.

Quant à Mohamed Ibn Chambas, émissaire de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, il a espéré une transition conduite par un civil. D’autant plus que la Constitution que les militaires disent avoir suspendu, prévoit que le Président de l’Assemblée nationale assure l’intérim en cas de vacances du pouvoir.

Là-dessus, la médiation internationale tripartite au Burkina Faso que conduisent l’ONU, l’Union africaine et la Cedeao, l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest a brandi la menace de sanctions en cas de non-respect cette disposition constitutionnelle.

« Nous espérons qu’il y aura une transition conduite par un civil, conforme à l’ordre constitutionnel », a souligné Mr Ibn Chambas avant d’ajouter : « Sinon les conséquences sont assez claires. Nous voulons éviter pour le Burkina Faso la mise en place de sanctions ».

Cette brusque levée de bouclier de la communauté internationale semble avoir donné assez de tonus aux opposants qui ont finalement décidé de jouer leur rôle. Malheureusement, sans grand succès. D’autant plus que leur action de mobilisation contre la prise de pouvoir par l’armée s’est soldée par un échec le dimanche 02 novembre 2014.

A force de tourner en rond au lendemain de la chute du Président Blaise Compaoré précipitée par la jeunesse, l’opposition burkinabè qui a refusé de jouer pleinement son rôle, s’est vu chiper le pouvoir, retombant ainsi entre les mains d’un autre militaire.

A son tour, le Lieutenant-colonel Zida semble prendre tout son temps pour conforter sa mainmise sur le pouvoir d’Etat. S’il affirme, la main sur le cœur, qu’il n’est pas obnubilé par le pouvoir, il n’affiche pas pour autant, une ferme volonté de le rendre à un civil, tel que recommandé par la communauté internationale.

Bien au contraire, celui que l’on appelle désormais ‘’l’homme fort’’ de Ouagadougou, a annoncé qu’il passera le témoin à un civil, sans toutefois donner de date précise à cet effet. Le moins que l’on puisse souhaiter, c’est que l’opposition burkinabè saisisse pour une fois, la trame de l’Histoire, pour enfin l’écrire à partir de son propre dessein.

Cela lui évitera sûrement de toujours se lancer dans des revendications à n’en point finir. La stabilité et le développement économique du Burkina Faso en dépendent.

Idrissa Konaté  

Commentaires

commentaires