[Boya Gôh Festival de Bangolo] Retour sur la 8e édition avec le Commissaire général GNEHI Dominique (Entretien)
Bangolo, le 11-11-2024 (lepointsur.com) La 8e édition du Boya Gôh Festival de Bangolo s’est tenue du 7 au 10 novembre 2024, sous le parrainage de Dr Serey Doh Célestin, Ministre délégué auprès du Ministre des Transports, chargé des affaires maritimes et président du Conseil régional du Guémon. Cette édition a célébré la richesse culturelle du peuple wê tout en faisant face à des défis d’organisation et en initiant des actions pour préserver les traditions en voie de disparition.
Lors de cet événement, notre équipe de reportage a rencontré GNEHI Dominique, Commissaire général du festival, qui a partagé ses réflexions sur le thème de l’édition, les nombreux défis rencontrés, et le bilan global. Dans cet entretien, il revient également sur les ambitions futures du festival, visant notamment à renforcer l’engagement des jeunes générations envers la culture wê à travers divers concours et initiatives.
Bonjour Monsieur GNEHI Dominique, et merci de nous accorder cet entretien. Vous êtes le Commissaire général du Festival de Bangolo, un événement culturel important dans la région. Pouvez-vous nous parler du thème de cette édition et des motivations qui vous ont poussé à organiser ce festival ?
Bonjour, et merci à vous de nous donner l’opportunité de partager notre vision. Cette édition du Festival de Bangolo a pour objectif principal de mettre en valeur la culture wê, en particulier à travers les danses traditionnelles. Nous constatons que ces expressions culturelles, si essentielles à notre identité, sont menacées de disparition. Nos groupes de danse s’effacent peu à peu, faute d’intérêt de la jeune génération, et c’est précisément ce que nous cherchons à combattre.
Vous parlez de la jeunesse qui s’éloigne de ces traditions. Comment comptez-vous les sensibiliser et assurer la transmission de ce patrimoine ?
C’est un défi de taille. Nous travaillons avec les détenteurs des traditions, des aînés et des anciens qui ont gardé vivants ces savoirs. Le festival est une occasion de transmission, une sorte de passation pour que les jeunes comprennent la richesse de leur héritage culturel. Par exemple, à travers les chants et les danses « Agbéman », que nous avons présentées, les jeunes peuvent découvrir l’importance de ces pratiques et l’esprit de cohésion qu’elles apportent.
Justement, la danse Agbéman semble être un moment fort du festival. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette pratique et son rôle dans la culture wê ?
Agbéman est une danse traditionnelle où les villageois se réunissent sous la lumière de la lune pour chanter et célébrer ensemble. C’est une danse qui rassemble, qui est au cœur de la vie communautaire. Elle a d’ailleurs inspiré le woyo, puis plus tard, le zouglou, des genres populaires ivoiriens. Le message de « Agbéman » est chanté en langue wê, une façon unique de transmettre nos valeurs. C’est cette originalité que nous voulons préserver.
Le festival met aussi en avant la gastronomie locale, comme les mets de riz avec épinards locaux et les grillades de cocoti. Est-ce une manière de réconcilier les traditions avec les goûts actuels ?
Absolument. La gastronomie est un autre pilier de notre culture que nous voulons préserver. Nous avons voulu offrir aux festivaliers un vrai « Made in Wê« , une expérience authentique de nos plats traditionnels. Par exemple, les grillades de Cocoti (Porc), très populaires à Yopougon, ont fait le voyage jusqu’ici, et les festivaliers ont été ravis. Ce sont des moments de partage qui permettent de renouer avec nos racines.
Vous avez mentionné des projets d’innovation pour la neuvième édition. Pouvez-vous nous en dire davantage sur les changements à venir ?
Oui, nous comptons innover pour renforcer l’impact du festival. Nous allons intégrer des compétitions inter-villages de danse et organiser des concours de beauté pour les jeunes filles. Chez les wê, la tradition veut que les jeunes filles, lorsqu’elles atteignent l’âge de la puberté, passent par une cérémonie symbolique de passage. Nous voulons valoriser cette tradition et offrir un espace aux jeunes pour s’exprimer. Nous pensons aussi à accompagner les meilleurs groupes de danse dans des studios d’enregistrement, pour faire connaître leur art au-delà de la région.
Un programme ambitieux ! Le public semble répondre présent à ces festivités. Quel est votre bilan pour cette édition ?
Le bilan est plus que positif. Les festivaliers, les visiteurs, et même nos partenaires ont répondu à l’appel en grand nombre. Nous sommes tous ravis et satisfaits. Cette édition montre que, malgré les défis, la culture wê peut encore attirer et fédérer les foules.
Merci, Monsieur GNEHI Dominique, pour cet échange. Nous vous souhaitons plein succès dans la préparation de la prochaine édition.
Par Médard KOFFI