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Bondoukou, Tanda, Tabagne/2e édition de l’Adayé : retour sur les impressionnants vestiges du royaume Bron #Culture


Révélations sur la 1ère case de Bondoukou et la prétendue maison de Samori Touré

Construite vers 1700, les Bron ont su conserver leur première case en Côte d’Ivoire.

CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 10-6-2017) Dans le cadre des préparatifs de la 2e édition de l’Adayé Kêssié prévu pour se tenir du 16 au 22 octobre 2017, Bini Daouda, Dg de Luxe voyage et sa délégation ont conduit, il y a peu, une équipe de journalistes dans les villes de Tanda, Tabagne et Boudoukou.

Le peuple Bron ou Abron venu du Ghana au 15e siècle pour la Côte d’Ivoire refuse de mourir. Et tient donc à revaloriser son patrimoine culturel en cette ère favorable à la mondialisation. Mobilisés comme un seul homme, les chefs de province du royaume Bron, avec à leur tête sa majesté Kouassi Adjoumani, s’activent  à remettre le couvert de la 1ère édition de l’Adayé.

La tournée organisée à cet effet par Bini Daouda promoteur de cette liesse populaire remise au goût du jour, augure d’une célébration qui se veut, à n’en point douter, un moment festif. Au terme du conclave des chefs de province avec leur roi à Bondoukou, la fumée blanche est sortie, samedi dernier. Avec ferveur, la cour royale a convenu de la période du 17 au 22 octobre prochain pour marquer d’une pierre blanche cette fête annuelle ressuscitée après 30 ans de léthargie. Depuis deux ans, c’est reparti grâce à l’un de ses fils originaire de la principauté de Tabagne (une localité de la région du Gontougou).

La symbolique de l’Adayé

Après la fête des ignames  qui symbolise le début d’une nouvelle année en pays Bron, cette tribune de célébration exclusivement consacrée au  roi arrive à point nommé. Selon les dépositaires de la tradition Bron, cette fête revêt un caractère spécifique d’autant plus que le roi ne fête pas le cérémonial des ignames. Dans sa quintessence, l’Adayé Kêssié se tient le 12e jour (un mercredi) après la fête des ignames. C’est une fête annuelle pour faire le bilan des activités du roi. C’est à cette manifestation traditionnelle que chaque province faire le bilan de l’année.

La fête réunit toutes les provinces et définit la conduite à tenir, selon la volonté du roi. Au cours de cette solennité, le chef et sa notabilité se réunissent pour donner à manger à leurs petits fils et petites filles. Tout de blanc vêtu ce jour-là, le roi qui est le fils de la reine mère se donne loisir de voir leurs enfants et leurs hôtes manger, copieusement. Les chefs de province indiquent en outre que  la fête doit être l’affaire de tous. Occasion d’enseigner la tradition Bron. « Sinon, nous risquons de perdre notre tradition. Vivre ensemble ne veut pas dire qu’il faut se renier. Notre tradition se meurt », a  mentionné avec un brin de désolation, sa majesté Adou Bibi 2, chef de la province de Pinango qui soutient par la même occasion que chaque ethnie a sa tradition. Selon ce dignitaire, les familles alliées ont la charge de désigner le chef de province. Le royaume Bron en fête avec ses 11 ethnies issues des 5 grandes provinces ne fait pas dans la dentelle, ce jour-là.

Les 5 provinces du royaume dans la danse

Longtemps attribuée à Samori Touré, cet édifice n’a jamais été sa propriété.

Ayinifié, Pinango, Akidom, Angôbia, Foumassa, telles sont les cinq provinces qui forment le royaume Bron qui s’étend jusqu’au Ghana voisin.  Chaque territoire de la royauté joue une part active dans les activités du roi. La province d’Ayinifié abrite  la cour royale à Bondoukou. Dirigée par sa majesté Adou Bibi 2, fonctionnaire à la retraite, la province du Pinango représente le ministère de la Défense. Quant à celle d’Angôbia à Siassou qui signifie en Bron, ‘’prêt pour le roi’’, constitue la garde républicaine du royaume, tandis que la chefferie est l’affaire de sa majesté  Kouakou Adjoumani. L’Akidom fait office d’arrière-garde à Gouméré. Et enfin, le Foumassa au quartier Bron de Sapli Eliassi  (Ndlr : sous l’arbre). Ce sont les éclaireurs, les espions prêts à faire la guerre. La province a le statut de ministre de l’intérieur. Le Foumassa compte 80 villages en Côte d’Ivoire et un village englouti dans la ville de Kumassi au Ghana. Fort de ses 5 puissantes provinces, Nanan Kouassi Adingra Adjoumani, roi des Bron ne ménage aucun effort pour intervenir hors de la Côte d’Ivoire, notamment au Ghana.

Un pays voisin qui abrite plusieurs villages du royaume Bron. « J’ai déjà réglé des conflits hors de la Côte d’Ivoire. La frontière n’est pas un frein au royaume », a-t-il confié par le canal de son porte-parole. Le peuple Bron se distingue par ailleurs par  la bravoure de ses guerriers. En la matière, ces derniers ne résignent pas à la tâche et ne reculent point devant une quelconque situation.  Selon sa majesté Adou bibi 2, 24e chef de Pinango, les 1005 fusils d’assaut utilisés par les soldats traditionnels de son village ont permis de repousser et de vaincre leurs antagonistes lors des attaques. « Les Brons montrent leurs forces de frappe lorsqu’ils ont le dos au mur », a-t-il indiqué. Faut-il l’indiquer la mobilisation est de taille dans la région. Fils de la région, le Ministre des Ressources animales Adjoumani Kobenan Kouassi n’est pas en reste. L’autorité ministérielle a, avec véhémence, présenté publiquement le promoteur de l’Adayé Bini Daouda à sa collègue Kandia Camara de l’Education nationale. Un signe qui annonce son adhésion à cette fête traditionnelle qui signe son grand retour.

Le Conseil régional présidé par Ignace Kossonou Kouassi est à pied d’œuvre pour la réussite des festivités. « Outre le festival du Zanzan, C’est un événement culturel de plus. Il parait comme un creuset commun de la région du Gontougou, j’ai animé la conférence inaugurale l’an dernier pour le soutien », a indiqué le Directeur régional de la Culture qui annonce 5 ateliers scientifiques portant sur les différentes provinces. Idem pour Mme Tah, directrice régionale du Tourisme qui promet accompagner les promoteurs pour la valorisation du patrimoine Bron. Avec cette dame  imprégnée des enchanteurs sites touristiques, un pan des découvertes a été présenté à la délégation venue d’Abidjan.

La 1ère case de Bondoukou

La rivière aux silures sacrés du village de Gbokoré est une merveille pour les visiteurs en transit.

Clôturée par le mur de la maison en construction des chefs de Bondoukou, la première case de cette région est le premier vestige qui suscite tant de curiosité de par sa particularité. Porte-parole de sa majesté Dabolo Kouassi Assouman, chef des Koulangos  de Bondoukou,  Kouadio Kouman Ouattara a levé un coin du voile sur cette merveille des temps jadis.

« C’est la 1ère case de notre grand-père Dabolo Taki Adrew et Kouamé Govou. Ils y vivaient bien avant l’arrivée des occidentaux vers 1700. Ils ont été inhumés non loin de la case. Ils étaient des chasseurs et la maison leur servait d’abri et de grenier. A l’heure actuelle, la case contient des ustensiles de cuisine, des canaris, les gens pensent qu’on y pratique le fétiche. Que non ! », A-t-il informé. Selon lui,  Gontougouni qui sinifie littéralement ‘’c’est la meilleure en Koulango’’, est le vrai nom de la ville de Bondoukou. « Ce sont les blancs qui ont changé le nom en Bondoukou », a-t-il révélé. Selon ce porte-parole, Samory Touré n’est pas arrivé à Bondoukou ville. Il y est passé pour continuer à Bouna.

La maison de Samory à Bondoukou ?

« La maison construite vers 1800 appartient à notre grand-père Touré Boucary,  l’un des chefs de quartier de Bondoukou. C’est lors de la fête tournante de l’indépendance que des visiteurs ont reçu une mauvaise information. Il a eu une mauvaise interprétation. La maison comprenait  trois chambres-salon en haut, avec une chambre salon en bas. Samory avait un Coran qui n’avait rien à voir avec celui des vieux. Elle a été construite avec la terre, du bois de rônier, et du beurre de karité. Ce n’était pas une mosquée à l’origine. Nous sommes une famille de forgerons », a expliqué l’un des descendants du patriarche Touré Boukary, propriétaire attiré de la maison qui suscite tant de mauvaises interprétations. En clair, cette bâtisse ancestrale n’a jamais été une mosquée construite par Samori Touré.

Gbokoré et sa rivière aux silures sacrés

Les habitants de Gbokoré vivaient de chasse et de cueillette. La rivière de Gbokoré a été découverte par des guerriers qui ont décidé de s’installer à proximité. Après consultation des divins, ils leur ont demandé de ne pas toucher aux silures qui y sont. « Lorsqu’un poisson meurt, on doit faire ces funérailles, il est enseveli comme un humain. Si vous tenez à le manger, vous le payer cash.  On m’a présenté un silure dans un maquis d’Abidjan, je n’ai pas pu manger. J’ai mangé la sauce mais pas le poisson. Il y a une cérémonie d’adoration de la rivière  lors de la fête d’ignames. Aucun crocodile n’a porté de cauris dans la rivière. C’est à force de vivre longtemps que la tête se déforme. Les silures se nourrissent de maïs, de pain et d’autres choses », a expliqué Kouakou Daté ex-instituteur et porte-parole du chef de Gbokoré. En plus de Gbokoré, les villae de Kolodio et de Soko,  enregistrent également des merveilles naturelles, en l’occurrence des singes sacrés dans la forêt. A côté des ces merveilles, trône fièrement le palais royal de Diassempa construit vers 1700.

Une contribution particulière de Aimé Dinguy’s N

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