[Avant le préavis de grève] Les agents pénitentiaires interpellent le ministre de la Justice
Abidjan, le 09-08-21 (crocinfos.net) Le collectif des syndicats significatifs des agents pénitentiaires de Côte d’Ivoire a menacé d’observer une grève de trois jours à partir du 18 août 2021, au cours d’une conférence de presse au siège de la Centrale de l’union des travailleurs de Côte d’Ivoire (Unatr-ci), si ses revendications ne tombent pas dans des oreilles attentives.
Le secrétaire du Syndicat national du personnel de l’administration pénitentiaire de Côte d’Ivoire (Synapap-CI), P. Irié Bi Tra, celui du Syndicat des agents pénitentiaires de Côte d’Ivoire (Syap-CI), Diakité Oumar et le secrétaire du Syndicat national de l’administration pénitentiaire de Côte d’ivoire (Synap-CI), Oko Dago M. ne sont pas allés de mains mortes contre le ministre, garde des Sceaux, ministre ivoirien de la Justice et des Droits de l’Homme. Face aux journalistes, ils ont dénoncé le mauvais traitement dont sont l’objet plus de 4000 gardes pénitentiaires des 33 prisons ivoiriennes.
Au nom de ces agents, le collectif revendique, entre autres, une direction générale, des baux administratifs (relèvement du taux), la prime de judicature et celle d’insalubrité-contagion, leur intégration dans le conseil de sécurité et le statut du personnel. En outre, ils exigent l’application des textes en vigueur concernant l’autonomie de l’intendance (beaux administratifs), la nomination du directeur et sous-directeur de l’école du personnel pénitentiaire et les effets d’habillement et d’équipement, ainsi qu’une gestion équitable de l’accumulation des promotions.
Au plan sanitaire, le collectif a dénoncé le manque d’équipements pour toucher les détenus. « Une vingtaine d’agents ont été déclarés positifs à la Covid-19 parce que n’étant pas équipés pour les fouilles sur ces derniers », indiquent-ils. Pis, ils ne bénéficient pas de la prime Covid-19, bien qu’étant en première ligne avant même les médecins. « Nous ne sommes ni médecins, ni infirmiers, mais nous sommes exposés à des infections qui, parfois, nous suivent jusqu’à notre retraite. La Covid-19, même si les autorités judiciaires ne le reconnaissent pas, est une preuve vivante de ce que cette prime serait une suite normale après ce fléau qui a touché le monde entier», s’indignent-ils.
Par ailleurs, ces agents pénitentiaires participent à l’exécution des décisions de justice, aux audiences en qualité de force de maintien de l’ordre et de sécurité tant à l’intérieur du pays qu’à Abidjan, ils font les extraits des registres d’écrou, qui permettent aux procureurs de suivre les décisions de condamnations. Ces services continuent avec les mandats de dépôt issus des audiences. « Mais, nous ne bénéficions pas de la prime de participation à la judicature, qui est l’acte de participation à l’action judiciaire », dénonce le collectif.
Mieux, ils ont évoqué le statut particulier du personnel pénitentiaire qui, jusque-là, n’a pas doté son personnel d’un statut particulier à l’instar des pays comme la France, le Sénégal, le Cameroun, le Burkina Faso et Madagascar qui ont érigé l’administration pénitentiaire en direction générale autonome. En Côte d’Ivoire, il a été préconisé dans l’objectif 17 du document de politique sectoriel élaboré dans le cadre de l’avant-projet de loi de programmation de sécurité intérieure 2021-2025, selon le collectif. Il y est prévu une direction générale qui aura la gestion du personnel, le matériel, de la politique carcérale, la formation, l’équipement, les baux administratifs et le budget à cet effet. « Six années plus tard, à l’orée de l’émergence de notre pays, la modernisation tant souhaitée n’est que pure utopie. L’état des prisons illustre effectivement cette inertie des autorités politiques et administratives, s’inquiète le collectif, ajoutant, par ailleurs, nous estimons qu’une telle gestion ne peut être efficace car les priorités ne sont pas les mêmes d’un service à l’autre .»
En effet, le service public pénitentiaire assure l’une des missions régaliennes par excellence de l’État. Le personnel est résolument engagé à assurer la sécurisation des Maisons d’arrêt et de correction (MAC) sur le territoire national qui détiennent les personnes, pour la plus part, dangereuse. Il fait respecter les décisions de justice. Il est donc un corps important dans le dispositif judiciaire et sécuritaire du pays. Mais, à en croire les secrétaires généraux du collectif des syndicats, « le traitement réservé à ce personnel est plutôt un goût acerbe. C’est pourquoi le collectif des syndicats c’est inscrit dans une démarche participative et constructive pour l’avènement d’un service public pénitentiaire moderne et de qualité ».
À cet effet, un cadre de dialogue social a été institué par le garde des Sceaux dans l’optique d’apporter des solutions aux maux qui minent l’administration pénitentiaire. Le collectif déplore ‘’la porte ouverte à la négociation, sans des oreilles attentives à nos préoccupations’’.
Après trois jours de préavis de grève sanctionnés par un service minimum, si rien n’est fait, le collectif entend observer une ‘’grève illimitée’’.
Serges Mignon
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