Point Sur

Après Mandjara Ouattara/ Encore un décès de taille dans le camp des fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire # SYNAFECI


Séance du conseil des ministres du 08 janvier 2014 au Palais présidentiel.Ph.Dr

Séance du conseil des ministres du 08 janvier 2014 au Palais présidentiel.Ph.Dr

  • Plus 200 millions FCFA de dette et plus de 7 voitures sous calle pour ses factures impayées par la  Présidence de la République de Côte d’Ivoire

Abidjan, 04-05-16 (lepointsur.com)- Kissi  Akainon  Micheline vient rendre l’âme le dimanche 1er mai 2016. Elle allonge ainsi le nombre d’opérateurs économiques, fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire victimes du non paiement des dettes intérieurs, après celle de Mme Ouattara Mandjara en 2014, par immolation. Combien sont ces fournisseurs qui meurent dans l’ombre et à petit feu en Côte d’Ivoire ? La question mérite d’être posée. Tant elle laisse 200 millions FCFA de dette et plus de 7 voitures sous calle pour ses factures impayées par la  Présidence de la République de Côte d’Ivoire.

Informé le dimanche 1er mai 2016 à 20h40 du décès de Mme  Kissi  Akainon  Micheline par son concubin, M. Ouattara Lacina, le président du Syndicat national des Fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire (Synafeci), M. Gré Faustin, à la tête d’une délégation comprenant ses plus proches collaborateurs, Mmes Kouadio Konan Martin, Gbohou Gaspard, et Mme Fatoumata Simbe, ont rendu visite à la famille de la défunte à Cocody cité des Arts, le mardi 3 Mai 2016 de 12h 30 à 13h 50.

C’est une famille inconsolable, visiblement abattue par ce cruel deuil que la délégation a trouvé sur place. Une question revenait aux lèvres des membres du syndicat : A qui le prochain tour ? « Les factures impayées sont au nombre de celles de 1997 à 2010 auditées par l’Inspection générale des Finances (IGF), non encore budgétisées et non payées jusqu’à ce jour. Pour quelles raisons, à quand, et pourquoi le payement de la dette intérieure ivoirienne, ne fait-il pas mouvoir le gouvernement ivoirien alors que l’administration partout dans le monde est une continuité et surtout qu’ici en Côte d’Ivoire beaucoup parmi les membres du gouvernement actuel et certains cadres du public et du privé, sont comptables de la gestion de 1997 à 2010 », s’insurge M. Gré Faustin.

Pire le président du Synafeci juge ce décès d’ « une mort de trop ». « La mort de Mme Kissi Akainon Micheline est une mort de trop, et mérite une attention toute particulière des autorités ivoiriennes. Je demande incessamment, la prise de conscience de tous les chefs d’entreprises de la République de Côte d’Ivoire afin de sauver leur vie, leurs entreprises  et freiner le chômage des jeunes diplômés Ivoiriens qui gèrent des cabines téléphoniques, une fois sortis des grandes écoles et des universités.  Cet appel est très important, parce que la mort ne prévient pas et également à cause du mépris, l’indifférence, l’insensibilité, de certaines autorités Ivoiriennes qui se croient tout permis et au-dessus de tout », prévient Gré Faustin. Selon la famille, le mal de la défunte serait parti d’un mal de tête aigu. Finalement, elle n’arrivait plus à parler et à entendre avec une tension qui ne cessait de monter et baisser à cause du diabète.

Elle a terriblement souffert avant de rendre l’âme. En substance les derniers mots du médecin traitant à ses parents : « Je devais la faire hospitaliser, mais comme vous n’avez pas d’argent, je vous prescris une ordonnance et vous rentrez chez vous. » La suite a été fatale. Elle décède en laissant derrière elle une famille marquée à vie par cette perte que le SG du Synafeci qualifie d’ « intolérable », de dizaines de millions de francs et certainement des dettes à ses créanciers, à fournir des prestations de location de voitures à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire.

« Le Synafeci regrette beaucoup la situation que vivent les fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire qui sont pour certain, des morts ambulants pour d’autres des malades chroniques non assistés avec leurs entreprises qui se meurent », s’apitoie M. Gré Faustin.

Ces derniers échanges avec le président du Synafeci

Le président du Syndicat national des fournisseurs de Côte d'Ivoire, Gré Faustin (Ph:Dr)

Le président du Syndicat national des fournisseurs de Côte d’Ivoire, Gré Faustin (Ph:Dr)

En mars 2016 après la sortie de clinique située dans la commune de Yopougon, la défunte, Kissi  Akainon  Micheline  m’a appelé et m’a dit ceci : « Président Gré, les gens sont méchants, ils veulent tous la mort des fournisseurs de l’Etat sans payer notre argent ». Et le président lui a rétorqué : « Tenons tous bon, et prions Dieu, lui le vrai Soutien. »

Aussi, le président M. Gré Faustin lui a demandé ceci : « Pourquoi vas-tu te soigner, dans une clinique de Yopougon, alors que tu habites la commune de Cocody ? »

Voici sa réponse : « Mon médecin traitant a sa clinique dans la commune de Yopougon. Donc, je me fais suivre par lui compte tenu de la situation. »

Après la mort par immolation de Mme Mandjara Ouattara qui était membre du collectif des propriétaires des véhicules de location qui réclame le paiement de 5 milliards FCFA au RDR, un autre grand fournisseur vient de rendre l’âme.  L’on a en mémoire que les autorités ivoiriennes, qui étaient restées jusque là particulièrement silencieuses, ont salué la mémoire de Mme Mandjara Ouattara. « Le gouvernement s’incline devant la mémoire de cette personne », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné. La famille de la défunte « sera accompagnée de la meilleure des façons par le gouvernement », a-t-il poursuivi.

La question de la dette intérieure reste une épine dans le pied pour l’Etat de Côte d’Ivoire, notamment celle contractée envers les fournisseurs. Retour sur cette pomme de discorde entre le gouvernement et les opérateurs économiques ivoiriens.

Sériba Koné

La dette intérieure vue par nos confrères

Publié le mardi 10 mars 2015  |  Côte d’Ivoire Economie

L’Etat s’est dit résolu à éponger la totalité des montants dus aux opérateurs économique après un audit qu’il a lui-même diligenté, à l’effet de se convaincre de la nature des différentes factures auprès de l’Inspection générale des Finances et du caractère crédible de ces factures. Ainsi, toutes les factures de 2000 à 2010 ont été auditées, pour qu’ensuite un plan d’apurement de la dette intérieure validé soit mis en œuvre. Suite à cette opération d’audit des arriérés de l’Etat, un montant de 152,9 milliards FCFA de dette intérieure, dont 98,3 milliards FCFA de dette fournisseurs, avait été validé sur un stock initial de 356 milliards FCFA. A la date du 28 avril 2014, le paiement au profit des fournisseurs s’élevait un montant de 56,6 milliards FCFA et les négociations se poursuivaient pour l’apurement du solde de 41,7 milliards FCFA.

Pour le gouvernement ivoirien, c’est un taux d’apurement globalement satisfaisant. Cependant il a exhorté les ministres concernés à plus d’effort et de célérité dans la conduite du plan d’apurement de la dette intérieure. «Sur un montant de 98,3 milliards FCFA de dette intérieure, 51 milliards FCFA ont été payés aux fournisseurs à la date du 25 juillet 2014. Plus de 50% des créances ont été réglées», avait expliqué la ministre déléguée à l’Economie et aux Fiances au cours d’une tribune d’échanges avec la presse organisée par le Centre d’information et de communication intergouvernemental (CICG). La ministre est sûre de son fait. Elle compte sur la proposition de paiement échelonnée élaborée par son département, et validée par le gouvernement, pour éponger le reste des créances à payer aux fournisseurs. Les différentes propositions se déclinent comme suit : les entreprises dont le montant de la dette est supérieur à 100 millions FCFA doivent consentir à une décote de 50% si elles voulaient être payées au premier trimestre 2014. Les entreprises qui acceptent une titrisation sur trois ans sont amenées à consentir une décote de 30%, et celles qui acceptent une titrisation sur cinq ans doivent consentir une décote de 20% sur leurs créances. Une proposition qui, selon nos informations, est appliquée au montant global des 152,9 milliards FCFA. «Ainsi, la dette due aux fournisseurs de l’Etat se chiffrerait à 92,8 milliards FCFA. Si l’on tient compte de la dette fiscale qui est de 5,5 milliards FCFA, il reste un montant net dû aux fournisseurs qui s’élevait à 92,8 milliards FCFA pour 3.741 fournisseurs», selon un communiqué publié sur le site web du Trésor public.

Un apurement espéré fin 2014 (L’Inter)

«La dette intérieure est payée. Nous espérons, d’ici à la fin de l’année 2014, tout faire pour qu’elle le soit définitivement. Nous avons trouvé un accord avec les fournisseurs pour payer leurs soldes», a précisé la ministre Kaba Nialé, dont la proposition de décote et de titrisation de la dette n’avait pas agréé globalement l’assentiment des fournisseurs, qui n’ont pas d’ailleurs hésité à donner de la voix pour exprimer leur désaccord. Le Trésor public a été désigné pour mener les négociations avec les fournisseurs. «Ces derniers, après concertation, ont fait des propositions. Il y en a qui optent pour le paiement immédiat du reliquat, mais souhaitent une diminution du taux de décote. La deuxième tendance concerne la titrisation, mais à la seule condition que les titres émis soient des instruments financiers négociables (…)», indique un agent du Trésor partie prenante à la négociation. Si les rencontres se sont poursuivies à plusieurs reprises, cela ne dénote pas pour autant un véritable consensus autour du mode de paiement des créances des fournisseurs. Le plus grand syndicat de la corporation, le Synafeci, est monté au créneau pour dire que ses 7.000 membres ne se sentent concernés ni de près ni de loin par les propositions du gouvernement, qu’ils n’ont pas tardé à qualifier de «chantage». « Nous souhaitons que les factures de 2000 à 2010 auditées soient effectivement payées. C’est ce que nous demandons au gouvernement. Rien de plus !», a lâché Gré Faustin, premier responsable du Synafeci. Fournisseurs-Etat, le désaccord est loin d’être terminé…

Germain Tanoh

 

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