Abidjan, le 2-8-15 (lepointsur.com)-Paris et Londres font bloc pour mettre fin à la situation catastrophique à Calais, où plusieurs dizaines de migrants sont morts au cours des derniers mois en tentant de passer en Grande-Bretagne. Dans une déclaration commune dévoilée dans le Journal du Dimanche (JDD), les ministres de l’Intérieur des deux pays affichent leur solidarité pour trouver une solution à cette crise.

C’est une crise migratoire d’une rare gravité, constatent Bernard Cazeneuve et Theresa May qui se sont rencontré mardi dernier à Londres. Dans leur déclaration commune au JDD, ils affirment : « Depuis plusieurs mois, nous avons pris la pleine mesure du désespoir des migrants qui cherchent à franchir la trentaine de kilomètres séparant nos deux pays. »

Les deux ministres insistent sur les efforts consentis de part et d’autre. Le Royaume-Uni dépense en tout 27 millions d’euros pour sécuriser la frontière. La France a déployé jusqu’à 700 policiers et gendarmes. Mais ils reconnaissent qu’il n’y a pas de solution simple.

Pas de division

Pourtant le message adressé aux opinions publiques est clair : les deux pays ne se laisseront ni diviser par la crise ni emporter par des surenchères populistes. A l’adresse des migrants, les ministres rappellent que « les nations européennes offriront toujours leur protection à ceux qui fuient les conflits ou les persécutions », mais ils soulignent que pour ceux qui viendraient pour des raisons économiques, il n’y a aucune possibilité de s’installer en Europe.

Enfin, ils condamnent fermement les passeurs, qui « font prendre des risques inconsidérés aux migrants, provoquant de graves blessures et des morts tragiques ».

« Il ne faut pas abuser de notre patience... »

L’entente franco-britannique s’affiche alors qu’en France, des voix s’élèvent contre l’inaction de Londres. Ainsi Xavier Bertrand, candidat Les Républicains (LR) aux régionales dans le Nord-Pas-de-Calais et ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy a fait sienne la question des migrants. Il tape sur David Cameron, dans le Journal du Dimanchelui aussi, critiquant des solutions gentillettes, des demi-mesures, et un droit du travail proche du dumping social. Les Britanniques doivent prendre leurs responsabilités, estime le député de l’Aisne qui les prévient qu’il ne faut pas « abuser de notre patience ».

 ■ Des migrants toujours plus nombreux

Ils sont de plus en plus nombreux, les migrants d’Afrique, du Proche et du Moyen-Orient, à tenter de se rendre en Europe, souvent au péril de leur vie. Une fois arrivés, ils ne trouvent pas la terre d’accueil qu’ils imaginaient. Alors que les 28 membres de l’Union européenne peinent à se mettre d’accord sur la répartition entre les différents pays de 40 000 demandeurs d’asile, ces derniers sont déjà 300 000 rien qu’Allemagne.

Faute de places, l’Autriche a annoncé la fermeture du plus grand centre d’accueil de demandeurs d’asile, près de Vienne, et le gouvernement fédéral voudrait imposer des quotas d’accueil aux Länder, les Etats fédérés, dont certains sont très réticents à recevoir des migrants.

Dans la Hongrie voisine, il y a plus de 80 000 demandeurs d’asile depuis le début de l’année et le gouvernement de Budapest a lancé une consultation controversée, visant à limiter les droits des migrants, et une barrière anti-migrants de 175 km de long sera instalée d’ici fin août à la frontière avec la Serbie.

Lorsque leur demande d’asile est rejetée – et c’est souvent le cas -, les migrants essayent d’éviter coûte que coûte l’expulsion et les forces de l’ordre interviennent manu militari, comme cela s’est passé, récemment, en République tchèque.

Reuters

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