L’euphorie du militantisme a laissé place à un profond désenchantement chez les militants de base du Rdr.

CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 17-4-2017) Face à la distance qu’observent davantage les militants vis-à-vis de leur formation politique, plusieurs cadres du Rassemblement des républicains ont décidé de prendre le devant des choses, à l’approche des pré-congrès éclatés dans les différentes régions du pays. Après le ministre Cissé Ibrahim Bacongo qui regrettait, il y a peu, l’abandon des militants par les nombreux cadres du parti, c’était au tour d’Adama Bictogo de monter au créneau, le vendredi 14 avril 2017. Cette fois-ci, pour demander pardon aux militants de base.

Profitant d’une rencontre d’information relative aux pré-congrès et au 3^e Congrès du Rdr qu’il avait lui-même convoquée avec les Commissaires politiques et les Secrétaires de section du District d’Abidjan, le Secrétaire général adjoint en charge des mouvements politiques a trouvé des mots justes à l’endroit des militants. Selon le Ministre Adama Bictogo, le temps de changer les cadres défaillants a sonné.

« Il y a une responsabilité à reconnaître. Même si on ne peut pas tout régler, il y a des choses à régler. (…)Et je suis d’accord avec vous. S’il y a des cadres qui ont été défaillants, on doit les changer », martelait-il. Le faisant, le président du Comité d’organisation des pré-Congrès et du 3e Congrès du Rassemblement des républicains répondait aux griefs des militants de base de son parti contre leurs cadres.

Pour Adama Bictogo, «la meilleure manière d’organiser un parti, c’est de donner les moyens à ceux qui sont sur le terrain et non à ceux qui sont toujours assis dans les bureaux. Nous, cadres du RDR, ne l’avions pas fait, nous vous demandons pardon. C’est pourquoi, les pré-congrès doivent être une occasion pour vous de dire tout ce qui ne va pas et nous trouverons des réponses», a déclaré Adama Bictogo. Ajoutant, dans la foulée, que les pré-congrès éclatés dans les régions prévus pour se tenir du 27 au 30 avril 2017, visent à remobiliser les militants autour d’une « espérance forte pour construire la Côte d’Ivoire nouvelle dans la dynamique, la méthode et la vision du président du parti ».

A l’analyse, cet appel du PCO Adama Bictogo est louable, voire salvateur pour le Rdr, dont les comportements égocentriques de plusieurs cadres ont fini par faire baisser les bras à de nombreux militants de base qui, au temps des périodes de braise, étaient en première ligne de la lutte. Toute chose qui se ressentait fortement par leur absence très remarquée aux rendez-vous importants marquant la vie du Rassemblement des républicains. En témoigne le flagrant boycott des 20 ans d’existence du Rdr qui se tenait en 2015 au stade municipal de Bouaké.

Ce jour-là, en effet, les militants ont répondu par un refus poli, l’invitation à eux adressée par le Comité d’organisation de cette cérémonie que présidait le Maire de la ville Djibo Nicolas. Plusieurs autres rassemblements aussi importants ont été observés à distance par les militants qui se disent trahis par les nombreux qui, semble-t-il, aurait changé de numéro de téléphone, pour ne pas « être agacés » par des militants nécessiteux.

LA PERCEE DES INDEPENDANTS AUX LEGISLATIVES, UN CINGLANT DESAVEU DES CADRES. La percée des indépendants face aux candidats suscités et soutenus par la direction du Rdr est bien la preuve du désamour profond installé entre les militants et sympathisants de base et la direction du parti à la case. Ce revers aurait coûté très cher au parti qui recherchait sa légitimité au Parlement, si des candidats indépendants n’avaient pas fait fi de leur égo pour rallier le Rdr.

Le gouffre entre les militants et les cadres est d’autant plus grand que les griefs des premiers n’arrêtent pas de faire le chou gras des médias. Qui, à satiété, ne cessent de rappeler l’ingratitude des seconds. Face à une telle situation qui a fait prendre du plomb dans l’aile du Rassemblement des républicains, le Président Alassane Ouattara ne s’est pas embarrassé de fioritures pour aller se mettre à l’abri de l’ombre du Pdci-Rda, afin de s’assurer un second  mandat sans ambages, pendant que le parti doyen refusait de prendre ses responsabilités en 2015.

En tout état de cause, si la mission de bons offices du Ministre Adama Bictogo est à saluer, force est de reconnaître que sa volonté de remobilisation risque de se heurter fortement à des militants qui ont désormais choisi de conjuguer le Rdr avec de nouveaux cadres et dirigeants. Pendant ce temps, nous sommes à moins de trois années de 2020, prochaine période électorale au cours de laquelle, le grand allié du Pdci a décidé de se désolidariser pour présenter son propre candidat à la présidentielle. A cette allure, il est clair que le temps joue contre le Rdr encore en quête de repère.

Idrissa Konaté

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