Amedy Coulibaly le suspect de la fusillade de Montrouge
Il affiche un lourd passé de braqueur et a été condamné pour la préparation d’évasion d’un terroriste islamiste. Il fréquentait l’un des frères Kouachi.
Le suspect numéro 1 de l’assassinat de la policière municipale à Montrouge, officiellement recherché via un appel à témoins de la brigade criminelle de Paris s’appelle Amedy Coulibaly, 32 ans, et a été condamné à cinq ans de prison en décembre 2013 pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation de l’évasion avec armes» de Smaïn Aït Ali Belkacem, l’artificier des attentats du Groupe islamique armé (GIA) à Paris en 1995, détenu à la centrale pénitentiaire de Clairvaux. Il avait été interpellé en 2010 : une partie de cette peine était couverte par ses années de prison en attente du procès ; il avait pour le reste bénéficié des remises de peines. Sa compagne depuis au moins cinq ans, Hayat Boumeddiene, née le 26 juin 1988, est également recherchée.
Né à Juvisy-sur-Orge (Essonne) le 27 février 1982, Amedy Coulibaly, surnommé «Doly de Grigny», habitait à Bagneux (Hauts-de-Seine) au moment de son arrestation le 18 mai 2010. Chez lui, les enquêteurs ont découvert 240 cartouches de calibre 7,62 mm et des photos prises en avril avec Djamel Beghal à Murat dans le Cantal. Beghal, islamiste radical, sortait d’une peine de détention pour un projet d’attentat contre l’ambassade des Etats-Unis à Paris; il était alors assigné à résidence à Murat. Et Coulibaly n’a pas caché qu’il lui rendait visite une fois par mois. Les enquêteurs ont également trouvé chez Coulibaly un «document en arabe», une lettre destinée à un certain Omar en Belgique, «sollicitant de faux documents administratifs d’une très grande importance qui dépasse mes intérêts personnels», notait l’auteur de cette lettre sans que l’on sache si c’est Coulibaly ou Beghal qui l’avait écrite.
Amedy Coulibaly avait été mis en examen et incarcéré le 22 mai 2010, tout comme Chérif Kouachi, avec lequel il était en contact régulier. Toutefois, les éléments retrouvés chez Chérif Kouachi, cahiers, courriers informatiques et lettres à caractère religieux, n’ont pas suffi à étayer sa participation au projet d’évasion de Belkacem. Il a donc bénéficié d’un non-lieu.
«PERSONNALITÉ IMMATURE»
D’origine africaine, Amedy Coulibaly travaille alors pour la société Coca-Cola. Il vit déjà avec Hayat Boumeddiene, qui porte le voile; ils reviennent d’un voyage en Malaisie. On sait que Coulibaly est le seul garçon d’une famille de 10 enfants. Ses proches parlent alors d’une «enfance heureuse et d’une scolarité moyenne». Coulibaly avait un BEP installateur conseil en équipement hi-fi, mais avait interrompu sa formation visant à avoir le bac. Il aurait changé de comportement à 17 ans : les proches expliquaient cette rupture du fait de ses fréquentations. Il «ne relevait pas de pathologie», selon le jugement du tribunal correctionnel de Paris, mais présentait «une personnalité immature et psychopathique». Un expert psychologue pointait la «pauvreté de ses capacités d’introspection ainsi que le caractère très rudimentaire de la motivation de ses actes», «un sens moral très déficient», et une volonté de «toute puissance».
Le casier judiciaire d’Amedy Coulibaly témoigne d’un lourd passé de braqueur alors qu’il n’avait même pas 18 ans. En 2001, il a été condamné à trois ans ferme dont deux avec sursis par le tribunal d’Evry, puis la même année, à quatre ans d’emprisonnement dont deux avec sursis toujours pour des «vols aggravés». En 2002 encore, à douze mois dont neuf avec sursis pour vol aggravé et recel. En 2004, le voilà renvoyé devant la cour d’assises des mineurs du Loiret qui lui inflige six ans de prison pour un vol à main armée dans une agence BNP avec deux complices pour un butin de 25 000 euros. En 2005, le tribunal correctionnel de Paris condamne Coulibaly à trois ans d’emprisonnement pour «vol aggravé, recel et usage de fausses plaques d’immatriculation». De plus, en mai 2007, il prend dix-huit mois pour trafic de stupéfiants. Enfin, le projet d’évasion de Belkacem prévu avec son pote Beghal lui valent le 20 décembre 2013 cinq ans ferme.
Maty Gauthier Fanny avec Patricia Tourancheau de libération