Alabi Abib, champion du monde en titre du scrabble classique: « Tous les sports font la fierté de la Côte d’Ivoire» #scrabble classique
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« Nous méritons une reconnaissance nationale »
Deux Ivoiriens, Alabi Abib et Sanoko Ahmed ont terminé, respectivement, premier et troisième lors du dernier championnat du monde de scrabble classique qui s’est déroulé du 21 au 28 juillet 2016 à Agadir au Maroc. Rentré au pays, les champions semblent s’insurger de l’indifférence dont font preuve les autorités étatiques face à leur sacre. Même si Alabi Abib ne le dit pas clairement dans cette interview.
Vous êtes revenu d’Agadir-Maroc auréolé du titre de champion du monde de scrabble classique. Pouvez-vous nous dire dans quelle condition s’est déroulée cette compétition ?
Globalement, les 45èmes championnats du monde de scrabble se sont bien déroulés. Même s’il est vrai que la perfection n’est pas de ce monde, on peut dire que, pour l’essentiel, les Marocains ont tenu leur pari. Quant à nous, je veux parler de l’équipe nationale ivoirienne composée de 10 joueurs, du Directeur technique national et du représentant fédéral, nous avons bénéficié d’un très bon encadrement et surtout du soutien, à l’aller comme pendant le tournoi, des autorités de notre pays.
Un titre de champion mondial de scrabble; cela représente ou devrait représenter quoi pour votre pays ?
Croyez-moi, il est toujours bon de hisser haut le drapeau de son pays quel que soit la compétition à laquelle on prend part. Notre drapeau, c’est notre existence. C’est notre raison d’être fier. Au-delà de ce que ce tournoi a pu nous apporter à nous-mêmes personnellement, il faut voir que c’est l’image de la Côte d’Ivoire toute entière qui a été honorée.
Pourtant, votre retour s’est fait en catimini. A la différence d’autres champions d’autres disciplines…
Oui. Et cela peut s’expliquer de plusieurs manières. D’abord, il faut relever que le scrabble est un sport cérébral. De ce fait, il commande beaucoup de concentration et de discipline. Vous ne verrez jamais lors d’une compétition de scrabble un public aussi bouillant que celui qu’on peut avoir au foot, à l’athlétisme et même au taekwondo.
Ensuite, vous avez le fait aussi que les pratiquants de ce sport ne courent pas les rues. Enfin, dans le cas de notre pays, les yeux sont souvent trop braqués sur le foot. Pourtant, si l’on veut compter, en termes de lauriers, le scrabble est largement au-dessus de tous les autres sports. C’est cela qui a certainement peser dans la balance pour faire passer la fédération ivoirienne de scrabble dans la catégorie 2 de la parafiscalité. Mieux, le scrabble est un vecteur puissant de canalisation de la jeunesse ; surtout les jeunes diplômés qui peinent encore à avoir un premier emploi. Cela dit, nous méritons une reconnaissance nationale.
Cela devrait-il suffire à excuser les autorités étatiques qui, semble-t-il ne vous ont pas encore reçu pour, ne serait-ce que vous traduire les félicitations de l’Etat ?
Ils ne l’ont pas encore fait. C’est vrai. Une reconnaissance de l’Etat est toujours la bienvenue, mais, il ne faut pas en faire une fixation. Je vous ai dit au début que nous avons bénéficié de leur soutien au départ et pendant la compétition. Parce que vous le savez, quand vous devez aller à une telle compétition, vous avez besoin de l’autorisation de l’Etat. Et surtout que celui-ci avertisse ses représentants à l’extérieur afin que vous soyez encadrés, au moins, administrativement. Tous ces paramètres ont été réglés.
Quant à notre réception par les autorités, nous pensons, c’est une question de calendrier et d’agenda de la tutelle. Ce que je sais, c’est que les responsables de la fédération s’y attèlent. Je crois aussi que c’est un problème global pour toutes les fédérations des sports dits mineurs. Personnellement je n’ai jamais aimé ce terme. Parce que tous les sports se valent. Je ne crois pas que l’un apporte plus de bénéfice à un pays qu’un autre dans la mesure où le tout reste une question de fierté nationale. Autant, le football a apporté beaucoup de satisfaction lors de la qualification des Eléphants au mondial 2006 autant le taekwondo l’a fait lors des JO de Rio et que nous aussi, l’avons fait lors du mondial de scrabble classique.
Bien souvent même, les sports dits mineurs glanent plus de lauriers. L’Etat devrait donc imaginer une politique qui permette le développement de tous les sports. C’est une bataille de longue haleine qui devrait prendre du temps, mais, il est sûr qu’un jour les autorités comprendront.
Entretien réalisé par Kpan Charles
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