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Agro-business : Les souscripteurs très remontés contre l’Etat de Côte d’Ivoire #Investissement


Traoré Abou Dramane, l’un des nombreux souscripteurs de l’agro-business.

CIV-lepointsur.com (Abidjan, le 26-01-2017) Les souscripteurs des entreprises d’agro-business ont décidé de donner de la voix, suite au gèle des comptes des principales sociétés. Ce qui se murmurait au sein des nombreux acteurs du secteur comme une intervention cavalière de l’Etat, avec pour conséquence directe la mise en berne de leurs activités, s’est traduit le mercredi 25 juin 2017 par une grande marche  de ceux-ci, pour réclamer le dégèle les comptes, afin de pouvoir toucher leur Rsi (Retour sur investissement).

Ils s’expliquent difficilement que des sociétés qui ont respecté toutes les procédures administratives pour la création d’une entreprise et qui plus est, sont inscrites au Cepici (Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire) et reconnues dans les fichiers des impôts soient taxées d’escrocs. Mieux, ils ne comprennent pas l’acharnement des pouvoirs publics à fermer des sociétés qui contribuent à la promotion des investissements, alors que les principaux souscripteurs n’ont porté la moindre plainte contre elles.

Traoré Abou Dramane, souscripteur et membre du Syndicat des investisseurs indépendants de l’agro-business (Siiabci) rappelle que le nombre des souscripteurs est estimé à 60 000 membres répartis sur l’ensemble des 28 entreprises. Ainsi, après avoir investi plusieurs millions de Fcfa, ces investisseurs attendent aujourd’hui le retour sur investissement. Face à eux l’Etat de Côte d’Ivoire qui a pris des mesures conservatoires par le biais du Procureur de la République.

Selon celui-ci, ces mesures visent à préserver les intérêts des investisseurs. Ce que ceux-ci estiment ne pas comprendre. Pendant ce temps, les familles des souscripteurs vivent un drame sans précédent. D’autant qu’ils sont nombreux ceux des souscripteurs qui se sont endettés auprès de leurs banques pour pouvoir investir dans ce secteur d’activité. Malheureusement pour eux, au moment où ils étaient en attente d’un Retour sur investissement, que les comptes de toutes les sociétés d’agro-business ont été gelés.

Ici, l’une des pancartes des souscripteurs qui expriment clairement leur volonté.

Les promoteurs, pour la plupart d’entre eux, de peur de se faire prendre par la police, ont pris la clé des champs. Et le discours venant des gouvernants est loin de rassurer les souscripteurs qui ne savent plus à quel saint se vouer. Evidemment, c’est une triste histoire qui risque de tourner au drame si l’affaire n’est pas réglée avec diligence.

Au cours du Conseil des ministres du mercredi 25 janvier 2017, le gouvernement a révélé qu’il n’y aurait plus que 22,7 milliards Fcfa sur les comptes de l’ensemble des 28 entreprises d’agro-business. Alors que les fonds dus aux souscripteurs s’élèvent, selon le gouvernement, à 660 milliards Fcfa. Il y aurait donc un gap de 637,3 milliards Fcfa. Où est donc passé cet argent ? Voilà la vérité que l’on cache aux souscripteurs et qui inquiète l’Etat de Côte d’Ivoire.

Faut-il le rappeler, les structures d’agro-business existent depuis plus de 10 ans en Côte d’Ivoire et sont légalement constituées. Elles agissent dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, la pisciculture. En termes d’emplois directs et indirects, ce sont des chiffres de 1000 et 5000 qu’elles enregistrent à leur actif.

Depuis la fin 2016, plusieurs secousses dans le secteur, notamment les intimidations, interrogatoires, garde à vue et autres emprisonnements des dirigeants ont entraîné la fermeture en cascade de ces sociétés. Une situation qui laisse planer un réel danger sur les emplois et l’argent injecté par les souscripteurs. Au total, selon plusieurs souscripteurs approchés, c’est un manque à gagner d’environ 100 milliards Fcfa que le rififi dans le secteur crée.

Au demeurant, ne serait-il pas intéressant pour l’Etat de préserver les investissements des pauvres populations qui n’ont pour but essentiel que de parvenir à de meilleures conditions de vie. Bien entendu, cela passe par la formalisation du secteur qui, en plus, pourrait bénéficier de l’accompagnement de l’Etat.

Idrissa Konaté

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